Un bateau qui répond aux besoins des chargeurs

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Pour l’artisan-batelier propriétaire du Milanko dont les dimensions sont 84 m x 9,60 m, son bateau répond aux besoins de transport de nombreux chargeurs.

«En février 2020, j’ai signé un contrat de location-gérance avec Rhenus à Kehl. Je reste propriétaire du bateau et responsable de son entretien. De son côté, Rhenus dispose d’une cale et l’exploite pour du transport de marchandises comme du maïs, de l’engrais, du gravier, du sable, etc. et prend en charge des frais comme le gazole. Depuis, l’activité est bonne, on a réalisé 2,5 voyages par semaine depuis mars », explique Jean-Baptiste Castelain, artisan-batelier avec le bateau Milanko qui navigue principalement dans l’Est sur le Rhin entre Mannheim et Bâle, occasionnellement sur la Moselle et le Neckar.

Jean-Baptiste Castelain est artisan-batelier depuis 20 ans ; il a possédé un premier bateau de 82 m x 8,20 m qu’il a vendu en 2016. Au cours des trois ans suivants, il a travaillé comme capitaine/commandant sur des paquebots fluviaux de CroisiEurope puis de Grand Circle Cruise Line. En juin 2019, il a acheté le bateau Milanko de 84 m x 9,60 m : « L’idée est venue pour nous permettre à ma femme et moi de travailler et de vivre ensemble à bord, pour nous rapprocher de l’Est de la France où il y a une partie de notre famille, pour élever nos enfants. Ce type de bateau, avec une dimension inférieure à 85 m, est très recherché car il fonctionne avec un capitaine et un matelot. Nous avons acheté un outil de travail de bonne qualité et que nous modernisons pour l’adapter à la navigation d’aujourd’hui et pour davantage de confort à bord ». Ils ont d’abord travaillé en effectuant des voyages spot avant de faire le choix d’un contrat avec Rhenus. La seule marchandise qu’ils ne transportent pas, ce sont des ferrailles à cause du risque d’abîmer le bateau.

Les bateaux comme le Milanko répondent aussi aux besoins de transport de nombreux chargeurs, continue Jean-Baptiste Castelain : « On transporte en général 1 300 tonnes ce qui correspond à la demande des clients auxquels cela évite notamment un stockage à quai. Il faut savoir aussi qu’un lot de céréales, c’est 1 050 tonnes. Depuis que je suis batelier, je vois qu’on construit des grandes unités de 110 m alors qu’il y a des besoins sur une taille en dessous et sur n’importe quel bassin ». Le Milanko peut transporter 1 000 tonnes à 2,10 m (basses eaux) et 1 814 t à 3,28 m. Il pâtit parfois des prix proposés par les plus grands bateaux, certains chargeurs préférant utiliser ces derniers même pour des tonnages adaptés à des unités plus petites.

Manque de place d’amarrage

L’une des difficultés souvent rencontrées sur le réseau français par Jean-Baptiste Castelain est le manque de place d’amarrage, par exemple, à Strasbourg dans le bassin de commerce, la priorité est systématiquement donnée aux bateaux à passagers. La capitainerie invite les artisans-bateliers à aller s’amarrer côté allemand à Kehl. Les haltes côté français sont plutôt mal équipées en commodités comme l’eau, l’électricité, les poubelles. Pour le soutage, il se fait par des poids lourds. La période du confinement a été compliquée compte tenu de la fermeture des frontières et de la proximité entre la France et l’Allemagne dans cette partie du Rhin.

Parmi les modernisations du bateau, il y a la rénovation de la salle des machines, l’automatisation des commandes. « Je vais aussi installer un système hybride pour produire de l’électricité avec les moteurs de propulsion pour couper le groupe électrogène en navigation. C’est possible car les moteurs de propulsion n’utilisent jamais toute leur puissance disponible ». C’est une technologie belge, « power converter » dont le coût est rentabilisé au bout de 2,5 ans, grâce, par exemple, aux économies sur les vidanges.

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