Le trafic maritime de Rotterdam a reculé de 469,40 millions de tonnes en 2019 à 436,81 Mt en 2020. Cette perte de près de 33 Mt a conduit Allard Castelein, le patron de l’entreprise portuaire de Rotterdam, à parler d’une « baisse limitée » de 6,9 %. La crise sanitaire liée au Covid-19 fait de l’exercice 2020 « une année unique ». Toutefois, Rotterdam a gardé le cap, sans freiner ses efforts pour stimuler et accompagner la numérisation, la transition énergétique et le « verdissement » de l’activité portuaire. Et les résultats se sont progressivement redressés après la première vague de la pandémie.
En 2020, les vracs secs (-14,3 % à 63,80 Mt), les vracs liquides (-9,1 % à 191,99 Mt) et le conventionnel/breakbulk (-8,3 % à 6,01 Mt) font moins bien que la moyenne. Mais le trafic roulier (-1,2 % à 23,96 Mt) et les conteneurs (-1,2 % à 151,06 Mt) ont finalement terminé l’année sur un score très proche de celui de 2019. Au second semestre 2020, les conteneurs ont même progressé par rapport à 2019. Dans le roulier, Rotterdam a profité, comme d’autres ports, de la constitution de stocks en Grande-Bretagne en vue du Brexit.
Les conteneurs cèdent un peu plus de terrain en nombre d’unités (-3,2 % à 14,35 millions d’EVP) et Rotterdam aura fait moins bien que son grand concurrent anversois dans ce secteur-clé (voir p.11). Allard Castelein ne s’en émeut guère. S’il y a bien des fluctuations conjoncturelles d’une année à l’autre, l’écart entre les deux ports reste relativement stable sur un plus long terme, a-t-il affirmé. « L’écart de 2,3 millions d’EVP sur 2020 est comparable à celui qui avait été noté en 2016 ».
La fusion projetée d’Anvers et Zeebrugge n’inquiète pas davantage ce responsable : « Ensemble, ils restent encore 159 Mt en-dessous de Rotterdam, ce qui représente un volume plus important que celui traité par le troisième plus grand port d’Europe, Hambourg. Et je ne vois pas énormément de synergies entre ces deux zones portuaires au profil très différent et géographiquement éloignées l’une de l’autre ».
Même le fait que « Port of Antwerp-Bruges » dit devenir le plus grand port à conteneurs européen en volume « ne l’empêche pas de dormir. Ce qui compte, c’est l’offre d’un port aux armements en termes d’accessibilité, de tirant d’eau, d’infrastructures, de solutions numériques… Rotterdam a un excellent produit à proposer ».
Les investissements restent élevés
Et le grand port néerlandais a bien l’intention de continuer à développer ce produit. « Aucun investissement n’a été suspendu en 2020 et nous avons l’intention d’investir 1,5 milliard d’euros en cinq ans ». Rotterdam a les moyens de le faire. Ses résultats comptables sur 2020 (aidés par des facteurs non-récurrents et par une stricte maîtrise des coûts) témoignent d’une éclatante santé financière.
Malgré la pandémie, les revenus ont fait un bond de 706,6 à 753,3 M€, tandis que ses dépenses n’augmentaient que très légèrement (de 273,2 à 275,7 M€). Le résultat avant impôts atteint ainsi 477,5 M€ (contre 433,4 M€ en 2019), le résultat net a grimpé en flèche à 351,7 M€ (contre 238,9 M€). De quoi s’acquitter des 120,5 M€ de dividendes à la ville de Rotterdam et à l’Etat néerlandais sans renoncer à la volonté « de réinvestir de façon maximale » dans l’outil portuaire.
Rotterdam prévoit « 275 à 325 millions d’euros » d’investissements en 2021, même si cette année reste marquée par l’incertitude entourant la crise sanitaire et le Brexit. Allard Castelein ne s’attend pas à retrouver dès cette année le niveau de 2019.