Une petite signature qui vaut 6 M€. Hervé Martel, nouveau directeur de Marseille-Fos, avait le sourire aux lèvres ce 5 juin, pour sa première rencontre avec Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence. En effet, cette contribution financière va permettre au port d’élargir le courant de quai dans l’ensemble des bassins Est. Un investissement global de 14 M€ prévu sur les quatre prochaines années.
“Depuis mes bureaux de la tour La Marseillaise, je vois les fumées noires qui s’échappent des navires. Je ne veux plus voir cette chape de pollution sur la ville. La connexion des navires à l’électricité fait partie des différentes actions de mon plan environnemental qui mobilise un milliard d’euros. Quand j’investis je veux que ça aille vite”, avance Martine Vassal, qui se défend de toute visée électoraliste.
Aider les armateurs à innover
Le travail accompli par la Méridionale depuis 2015 pour réduire ses émissions polluantes commence à faire des émules. Corsica Linea devrait emboîter le pas avec le Paglia Orba, qui sera connecté à compter du 23 juin prochain à la potence de la Méridionale. Les potences pourraient donc se généraliser une fois les trois boucles de courant de quai réalisées au Cap Janet – où l’activité ferries vers le Maghreb sera transférée en 2021 – aux formes de radoub et, à horizon 2023, au terminal croisières.
Extension de la zone ECA à la Méditerranée
Reste ensuite aux armateurs, dont les navires touchent régulièrement le quai, à s’engager pour que le port poursuive ses investissements dans des transformateurs de 11 000 volts sur des postes à quai précis en fonction des escales. Les armateurs doivent pour leur part modifier leurs navires pour connecter les groupes électrogènes à l’électricité, ce qui permet ensuite de couper les moteurs durant les quelques heures que dure l’escale. “Équiper un navire avec une puissance d’1,5 MW représente un coût de 1,2 M€”, souligne Marc Reverchon. Le président de la Méridionale a également lancé un appel du pied aux collectivités locales pour aider les armateurs à innover. En effet, la filiale de Stef a doté le Piana d’un filtre à particules qu’elle teste d’avril à septembre. Les armateurs les plus vertueux bénéficient d’un régime fiscal spécifique se traduisant par une ristourne de 20 % sur les droits de port.
Si les activités maritimes représentent près de 10 % de la pollution atmosphérique de Marseille, les ferries concentrent à eux seuls 50 % de ces émissions compte tenu de la durée de leurs escales. Quant au sujet du classement de la Méditerranée en zone ECA (Emission Controls Areas) sous l’impulsion de la France, il sera débattu le 24 juin prochain à l’occasion du Sommet des deux Rives qui se tient à Marseille. Cependant, imposer le passage de 0,5 à 0,1 % des émissions de soufre dans l’atmosphère à des pays hors de l’Union européenne ne sera certainement pas une mince affaire.