Des infrastructures bas-carbone, un facteur d’attractivité 

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Entretien avec Cécile Avezard, directrice territoriale de Voies navigables de France (VNF) et présidente de Medlink Ports, sur les faits marquants des derniers mois pour l’axe Rhône-Saône-Méditerranée et les priorités pour l’avenir.

Pour l’axe Rhône-Saône-Méditerranée, « la nouveauté des derniers mois est la dynamique autour de Medlink Ports, en utilisant l’opportunité de la mission qui m’a été confiée par le ministre délégué aux Transports à la fin 2020 pour faire des propositions venant du terrain, ce qui est nouveau, pour redynamiser le transport fluvial », explique Cécile Avezard, directrice territoriale de Voies navigables de France (VNF), également présidente de Medlink Ports depuis septembre 2020 et jusqu’en juin 2022.

La réalisation de la mission n’a pas été aisée, confie cette responsable, à cause de l’étendue de l’axe et de la période de pandémie qui n’a pas facilité les déplacements et les échanges. 

« Le rapport a été fait de manière concertée, en s’appuyant également sur les travaux précédents. Les acteurs de Medlink se sont retrouvés autour d’axes et d’objectifs. Il a permis de dégager des leviers pour définir une feuille de route et des actions pour cette association qui fonctionne en mode projet. Ce sont les adhérents qui pilotent et coordonnent les actions avec le soutien de l’équipe Medlink. Pour réussir, nous avons besoin de la mobilisation de chacun », continue Cécile Avezard.

Le rapport montre également « l’adhésion des territoires » par l’intermédiaire de lettres de soutien des 4 régions, de plusieurs métropoles ou intercommunalités. « Il n’y a eu aucune difficulté à les obtenir. Les élus sont concernés par le sujet du report modal, du fluvial, du ferroviaire. Il y a une envie des territoires de modifier les systèmes logistiques, une prise en considération de l’intérêt que peuvent revêtir les ports qui sont des plates-formes multimodales. Les élus des collectivités se rendent compte que disposer d’infrastructures bas-carbone, c’est-à-dire le rail et le fleuve, est un facteur d’attractivité très important pour leurs territoires. La qualité de la logistique pour l’import et l’export, la façon dont les flux circulent montent en force dans le contexte d’une politique de transition énergétique et écologique ».

Une évolution des statuts de Medlink Ports va rendre possible l’adhésion des collectivités courant 2 022 pour que l’association soit un lieu de coordination et de partage de toutes les parties prenantes pour la relance du fluvial sur le bassin. Si le plan d’action est d’ores et déjà opérationnel pour les acteurs locaux, le ministre chargé des transports, auquel a été remis le rapport en juillet, doit encore faire part des décisions et actions pour ce qui concerne l’Etat.

L’importance des liens avec les territoires

Pour la directrice territoriale de VNF, un autre axe de travail important est la déclinaison sur le bassin de la stratégie nationale formalisée dans le contrat d’objectifs et de performance (COP) de l’établissement, signé au niveau national fin avril 2021 avec l’Etat pour la période 2020 à 2029.

La création d’un poste de commande centralisée (PCC) à Chalon-sur-Saône avec une ouverture prévue en 2025 en fait partie au chapitre modernisation. Ce PCC va assurer la téléconduite des 5 ouvrages de la Saône, de l’écluse de Saint Gilles à l’entrée du canal du Rhône à Sète, ainsi que le pilotage des ouvrages du petit gabarit. « Il sera armé de manière différente entre l’été, saison touristique, et le reste de l’année. C’est un lieu dédié à l’exploitation de notre réseau, de lien avec les usagers avec aussi des fonctions de suivi du niveau d’eau, de centralisation des données de gestion hydraulique, pour la sécurité de la navigation, etc. C’est un poste de surveillance et de pilotage du réseau », précise Cécile Avezard qui n’oublie pas non plus l’importance de l’accompagnement social d’un tel projet.

Autre déclinaison du COP, les relations avec les territoires avec, tout d’abord, le programme d’actions pluriannuel de la « charte fluviale de territoire Rives de Saône » signée à Saint-Jean-de-Losne le 23 avril 2021 par plusieurs collectivités et VNF.

Par ailleurs, une étude a été lancée par VNF avec des collectivités pour « imaginer des projets et des activités autour de l’itinéraire du canal Rhône au Rhin ». Des échanges sont en cours avec des collectivités autour de la Petite Saône pour lancer une démarche similaire et, à plus long terme, l’idée est de décliner ce travail pour la Saône à grand gabarit. Plus au sud, sur le canal du Rhône à Sète, un programme concerté de développement touristique est également en cours avec les collectivités.

L’utilité du fleuve pour les villes

À Lyon, le partenariat de 5 ans entre VNF et la métropole arrive à échéance fin 2021. « Le projet du schéma directeur des occupations fluviales permettra de développer avec la métropole une vision de l’utilisation du fleuve en ville. Comment utiliser les emplacements mais aussi déterminer les usages et services que le fleuve peut rendre à la ville, comment mieux faire communiquer le fleuve et la ville par des aménagements divers de loisirs et pour la logistique urbaine ».

Sur ce dernier sujet, l’appel à projets de VNF et de CNR a désigné un premier lauréat (voir p. 21) début octobre 2021 et d’autres vont suivre. Les innovations notamment en lien avec le « verdissement » des bateaux font aussi partie des priorités de la DT Rhône-Saône de VNF.

Aperçu du trafic fret et tourisme en 2021

Sur les 9 premiers mois de l’année 2021, le transport fluvial de marchandises sur l’axe Rhône-Saône atteint 3,56 millions de tonnes, soit +0,9 % par rapport à la même période de 2020, selon les données de la direction territoriale de VNF.

Par filière, la situation apparaît contrastée : sont en hausse le sel (+138 %), la métallurgie (+18,7 %), le bois (+11,3 %), les conteneurs et colis exceptionnels (+10,5 %), la chimie (+8,9 %), les matériaux de construction (+7,7 %), les engrais (+1,1 %) tandis que sont orientés à la baisse les produits pétroliers (-8,8 %), les combustibles minéraux (-32,7 %), les produits agricoles (-32,5 %), les denrées alimentaires (-24,2 %).

Sur la totalité de 2020, le trafic du bassin a été de 4,8 millions de tonnes et 67 104 EVP, en 2019 de 6 millions de tonnes et 88 582 EVP, en 2018 de 6,3 millions de tonnes et 84 316 EVP.

L’activité des bateaux avec hébergement a pu reprendre le 30 juin 2021. Pour les paquebots fluviaux, « la tendance est plutôt bonne » avec des clientèles principalement allemandes, suisses puis anglaises à compter de septembre, des taux de remplissage variant de 60 à 90 % selon les compagnies. 5 bateaux n’ont pas fonctionné, soit 20 % de la flotte du bassin. La situation reste difficile pour les péniches-hôtel avec l’absence de la clientèle internationale (USA). La location de bateaux montre un essor en moyenne +10 % par rapport à 2020 mais la fréquentation reste à environ -20 % en moyenne par rapport à 2019. Locaboat a fermé une base en 2021 suite à la pandémie.

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