A Langon, le pari du fluvial par Ademeure

Article réservé aux abonnés

Qui est Ademeure, l’entreprise lauréate pour implanter son usine sur l’ancien site d’Airbus, à Langon, au bord de la Garonne ? Deux entrepreneurs engagés veulent adapter le transport fluvio-maritime à leurs produits.

Lauréate de l’appel à projets porté par VNF et l’Etat, la société Ademeure s’installera sur le site dit « d’Airbus » en bord de Garonne, à Langon en janvier 2021. Anciennement dédiée à l’A380 et au BelugaXL, une parcelle de 27 000 m² occupée par deux bâtiments a été attribuée à une société locale, spécialisée dans la construction de maisons en ossatures bois. Les conditions d’éligibilité reposaient sur l’opportunité du fluvial, le développement économique et une approche respectueuse de l’environnement. Depuis 2017, Ademeure assemble des modules sur la base de panneaux tout équipés. Un produit nouveau. Ses ressources premières, l’épicéa et le pin, sont principalement issues des forêts des Landes. Créée par Thomas Laurentin et Jonathan Duffié, la société bénéficie d’un ancrage régional, d’un savoir-faire et de créativité. Elle représente une dynamique de croissance et d’innovation attendue par les collectivités locales et l’Etat pour cette zone stratégique ouverte au fluvial. Le combo gagnant incarne une écologie réaliste. « Nous ne sommes pas « écolos » dans l’excès mais rationnels et nous connaissons notre métier. Dans le contexte écologique actuel, à notre échelle, on arrive avec une grande volonté de faire. Ademeure représente une tendance et le changement des temps », commente Thomas Laurentin. Avec un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros pour une équipe de dix salariés composée de dessinateurs, commerciaux et designers, Ademeure propose actuellement 46 modèles de maisons individuelles à 1 700 euros le m². Leur nouveau projet consiste à installer une usine de production intégrale, équipée de machines 3D pour une chaîne optimisée. « Avec un modèle standardisé, le coût descendra à 1 300 € par m² et sera plus accessible » explique Jonathan Duffié. Les premiers lots sont prévus pour avril 2022 et 300 maisons sont prévues pour 2025 avec 80 emplois à la clé. Un projet inscrit dans le plan du gouvernement qui prévoit 80 % d’habitat en bois en 2030, contre 10 % aujourd’hui, relativement aux nouvelles réglementations.

Un défi pour la filière bois

A ces enjeux s’ajoutent ceux du fluvial. A partir de Langon, tout est à réinventer. Au pied des imposants quais, la Garonne rejoint B ordeaux à 5 0 km et l’entrée du canal de Garonne à 15 km. Le réseau fluvial national est à portée. Malgré les prémisses du retour du fluvial sur les canaux du Midi, de nombreux freins sont à lever : coûts, chargements retour, tirants d’eau et d’air… Si l’approvisionnement en bois par le fleuve ne présente aucune logique géographique, la livraison des kits d’habitations est l’objectif. « Nous envisageons la ligne Bordeaux-Toulouse, mais aussi le fluvio-maritime, via Bordeaux, pour couvrir l’intégralité des côtes françaises », détaille Thomas Laurentin. S’ils regardent l’ancienne barge d’Airbus, les modèles des bateaux actuels sont à adapter. La marchandise pourra aussi s’adapter. « Nous sommes prêts à modifier les constructions pour le passage au fluvial. Pour une alternative rentable, il faudra massifier. Le fluvial est plus vert que la route, cela aura du sens ». Ademeure s’allie déjà avec les experts du fluvial et VNF, très impliqué. « Nous serons le catalyseur des intentions privées et publiques. Les intentions de fret sont multiples aujourd’hui et nous voulons que les voies d’eau soient utilisées. Les demandes de transporteurs pour le Sud-Ouest se multiplient » explique Eilika Gental, chargée du développement à VNF Sud-Ouest. Pour leurs futurs locaux immenses, les idées ne manquent pas chez Ademeure. Une école est envisagée pour « transmettre et développer la filière bois. Développer la formation, c’est créer de la compétence dans un secteur qui doit relever de nombreux challenges ».

Boutique