Réactions mitigées au plan de reconquête du port de Marseille

La Porte 2C, symbole de l'occupation de la CGT depuis décembre 2019 est toujours inaccessible.

Crédit photo NBC
Une image écornée et des pertes supérieures à 200 millions d'euros (M€)… Le port de Marseille-Fos lourdement impacté par les grèves des agents du port et des dockers depuis le 5 décembre a présenté le 21 février, des mesures commerciales pour restaurer la confiance de ses clients. Des mesures fraîchement accueillies par les armateurs, logisticiens et chargeurs qui raisonnent en flux tendus, en transport multimodal et plaident en faveur de la fiabilité et d’une qualité de service.

Promotions au Grand Port Maritime de Marseille (GPMM). Jusqu’à fin avril 2020, les armateurs qui toucheront le port de Marseille-Fos bénéficieront d’une réduction de 30 % des coûts d’escale. Une remise pouvant grimper jusqu’à 50 % s’il s’agit d’une nouvelle ligne maritime. Cette ristourne temporaire sera assortie d’une autre mesure en faveur des clients, à savoir la gratuité du stationnement des marchandises sur les quais durant les 13 jours de blocage (entre le 5 décembre et le 25 janvier).  Ces deux mesures-phares prises par le port et les professionnels, sous l’égide de l’Union. Maritime et Fluviale de Marseille-Fos, représentent un effort financier supérieur à 5 M€
Dévoilées le 21 février à l’Hôtel de Région, elles visent à reconquérir la clientèle contrainte de fuir à Barcelone, Gênes, Rotterdam ou Anvers occasionnant des surcoûts de réacheminement de la marchandise. "Soit le client n’a pas pu sortir le conteneur du terminal, soit celui-ci est passé par Rotterdam et a dû rapatrier la marchandise en camion ou alors les clients sont définitivement partis ailleurs", explique le directeur du port de Marseille Hervé Martel.    

Une offre multimodale door to door

"La confiance, c’est très facile de la perdre et il faut beaucoup de temps pour la regagner", a reconnu le président du conseil de surveillance du port de Marseille-Fos Jean-Marc Forneri. Si la tempête sociale s’est apaisée, le calme plat n’est pas totalement revenu sur les quais avec des menaces d’arrêts de travail de 1 h par shift.

Clients du port, les armateurs mettent en avant la fiabilité comme critère prioritaire notamment dans un contexte où, pour des raisons environnementales, ils préconisent une offre multimodale door to door aux chargeurs. Dans les chaînes logistiques internationales, l’interface portuaire occupe une place stratégique. Selon certaines compagnies clientes assidues des bassins Est, cette vente flash ne fait qu’aligner les tarifs de Marseille sur le coût de passage portuaire d’autres places voisines. 

Mécaniser les ports, créer des solutions de repli

Au-delà de ces mesures tarifaires de nature à prouver une solidarité de place, les logisticiens veulent tirer les leçons de ces deux mois de conflit. Un changement de méthode s’impose. "Maintenant, pour que cela change la perception des grands clients, il faut monter à moyen terme un véritable plan pour réduire les facteurs de risque dans la chaîne logistique française", a souligné le président de TLF, Eric Hémar. Co-auteur d’un rapport sur la compétitivité de la chaîne logistique publié en septembre 2019, aux côtés de Patrick Daher, président de Daher et ancien président du port de Marseille,

Eric Hémar livre quelques pistes de réflexion comme le recours à la mécanisation et à l’automatisation. Il préconise également la création de "systèmes de back-up en partenariat avec d'autres ports, éventuellement hors de France ? Créer un vrai service minimum pour les ports ou le fret ferroviaire ? J'aimerai bien que le gouvernent se saisisse du sujet pour concevoir des solutions avec les professionnels", a souligné le président d’ID Logistics, Plusieurs années ont été nécessaires au groupe Nestlé Waters pour bâtir un système multimodal "fer-mer" depuis l’usine Perrier de Vergèze. La navette ferroviaire quotidienne a été mise à mal à la fois par les grèves des dockers et des cheminots. 

Sortir des grilles du port

Certains clients songent déjà à sortir des grilles du port. A déménager leurs bureaux situés dans l’enceinte du GPMM pour ne plus être les otages d’une poignée de cégétistes. "Il faut punir sévèrement, il faut que la justice soit faite et qu'on arrête de prendre les entreprises en otage. Regagner la confiance des principales compagnies maritimes va être le plus difficile. Elles ont de la mémoire et nous aussi", commente Jean-Yves Baeteman, importateur de luminaires.

"Il n’y a pas eu de mesures visibles de l’État mais des mesures discrètes qui ont permis de conserver l’ensemble des salariés au sein des entreprises. Sans les mesures de l’État, nous aurions été obligés de procéder à des licenciements économiques", reconnaît Jean Philippe Salducci, président du syndicat des pilotes de Marseille-Fos, affecté par la chute du nombre d’escales.  

Des dommages considérables

"Quand les choses vont bien il y a toujours des oiseaux de malheur. Nous avons vu surgir brusquement ceux qui considèrent que le travail est un gros mot, que le profit est abject, que créer de la valeur et des emplois n’a pas de sens et ceux-là ont essayé de mettre à mort le port. Ils n’ont pas réussi. Ils ont créé des dommages considérables. L’image que nous avions restaurée avec beaucoup de difficultés pendant les cinq années écoulées est gravement atteinte auprès de nos clients, des pouvoirs publics, des armateurs dont certains ont détournés leurs trafics", déplore le président du port.

Les pertes sont bien supérieures aux 200 M€ annoncés. "Nous avons perdu un gros contrat pour des voitures et un grand logisticien m’a appelé récemment pour me dire qu’il s’interrogeait quant à l’opportunité de son projet d’investissement. Tout ceci aura des effets sur l’investissement et l’emploi", conclut le président du port.  

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