Éric Legrigeois, port de La Réunion : "Nous devons repenser notre organisation avec l’évolution des alliances maritimes"

Éric Legrigeois, président du directoire du port de La Réunion. Ingénieur général des ponts, il occupait la fonction de directeur adjoint de la Dreal Paca, après avoir occupé pendant cinq ans la direction de la Dreal Martinique.

Crédit photo N.B.C.
Depuis le 3 juillet, date de publication au JO du décret présidentiel, Éric Legrigeois est officiellement président du directoire du Grand port maritime de La Réunion. À 57 ans, le n° 2 de la Dreal en Provence-Alpes-Côte d'Azur, a succédé à Jean-Frédéric Laurent. Entretien à bâtons rompus cinq mois après sa prise de fonction effective. 

Actu-transport-logistique.fr : Quelles sont les grandes orientations du projet stratégique de La Réunion ? 

Éric Legrigeois : Pour la période 2019-2023, nous prenons deux orientations : faire de La Réunion un port responsable et un port rayonnant. L’activité portuaire en croissance ne doit pas avoir d’impact sur l’environnement, nous avons une démarche de développement durable. Nous devons consolider notre rôle de hub dans l’océan Indien avec, comme principal enjeu, l’évolution des alliances maritimes. Les transit times entre l’Europe et La Réunion se sont nettement améliorés avec les escales directes de CMA CGM dès 2016. Nous avons gagné 6 jours avec, par exemple, 14 jours seulement en sortie de Fos-sur-Mer. Des tests sont en cours pour expédier de la viande fraîche en conteneurs reefers. Cela ouvre de nouvelles perspectives car, actuellement, la viande arrive congelée à La Réunion. Cela signifie aussi moins de stockage et de besoins en trésorerie pour les entreprises. À compter d’octobre, le nouveau service Nemo, fruit de l’alliance de CMA CGM avec MSC (entre l’Europe du Nord, la Méditerranée et l’océan Indien), sera opéré par des navires de plus grande capacité en raison de l’effet cascading. 

L’accueil d’unités de 9 500 EVP contre 6 500 EVP actuellement implique une nouvelle organisation de la manutention, avec de nouveaux moyens humains et matériels. Avec 2 000 ​​​​​​mouvements par escale, il faudra déplacer des portiques et augmenter la capacité reefer à quai en ajoutant 40 à 60 ​​​​​​​prises sur le site qui compte 260 ​​​​​​​prises. Notre objectif à horizon 2022 étant d’atteindre les 500 ​​​​​​​prises reefers à quai. Nous devons servir au mieux cette escale sans pénaliser les autres compagnies et les services feeder. L’accostage de navires de 330 ​​​​​​​m de long sur notre quai principal de 600 m n’est pas sans poser souci pour l’accueil d’un deuxième navire de 220 ​​​​​​​m. 

Actu-TL : Quels grands travaux sont programmés au projet stratégique ?

É. L. : Nous allons investir 20 ​​​​​​​M€ dans le déplacement de l’appontement pétrolier afin de donner davantage de fenêtres pour les escales au quai à conteneurs. Une étude de faisabilité sera engagée portant sur la construction d’un quai dédié aux paquebots. Le développement de la croisière est prometteur et nous réfléchissons à l’échelle de l’association des ports des îles de l’océan Indien (APIOI) afin d’avoir un développement cohérent dans l’accueil des croisières. Une escale représente 10 à 15 ​​​​​​​conteneurs à l’import pour avitailler les paquebots. 

Dans le domaine de la réparation navale, la société Piriou envisage de faire construire en 2020 un dock flottant. Opérationnel en 2022, il permettra de réparer les navires de 100 à 120 m de long.

Actu-TL : Quels sont les principaux courants de trafic ? 

É. L. : Nous avons dépassé les 5,5 ​​​​​​​Mt en 2018. La croissance a été atténuée par l’effet gilets jaunes. Notre trafic suit la croissance du PIB annuel, de 1 ​​​​​​​%, avec 80 ​​​​​​​000 ​​​​​​​​​​​​​​EVP en transbordement et 280 ​​​​​​​000 ​​​​​​​EVP de trafic domestique. Nous ne comptabilisons pas les trafics générés par la construction de la Route du Littoral, estimés à 400 ​​​​​​​000 ​​​​​​​t de matériaux de carrière en 2019. 

Actu-TL : Comment négociez-vous l’arrêt programmé en 2022 par le gouvernement des centrales à charbon ? 

É. L. : Albioma envisage de convertir ses deux centrales électriques charbon/ bagasse (résidus de canne) à la biomasse. Cependant, la biomasse de La Réunion sera insuffisante, il faudra donc importer des plaquettes. 

 

De la Dreal Paca au GPM de La Réunion

Éric Legrigeois a quitté Marseille. L'ancien n° 2 de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Dreal Paca) a pris ce 13 mars la présidence du directoire par intérim du Grand port maritime de La Réunion. Il succède ainsi à Jean-Frédéric Laurent, nommé de son côté à la barre du Grand port maritime de Bordeaux.

Éric Legrigeois, âgé de 57 ans, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, occupait depuis octobre 2014 la fonction de directeur adjoint de la Dreal Paca, après avoir occupé pendant cinq ans la direction de la Dreal Martinique.

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