Le conseil de sécurité de l'ONU exige l'arrêt immédiat des attaques en mer rouge

Une résolution condamnant formellement les attaques des Houthis contre les navires marchands a été adoptée à l’ONU le 10 janvier, quelques heures à peine après une attaque particulièrement violente. Certains veulent voir dans ce vote du Conseil de sécurité des Nations unies un blanc-seing au principe d'une réponse armée internationale à la menace croissante en mer Rouge.

Est-ce une approbation du Conseil de sécurité des Nations unies au principe d’une réponse armée internationale à l’escalade inquiétante contre la navigation en mer Rouge ?

La résolution exigeant l'arrêt immédiat des attaques en mer rouge, portée par le Japon et les États-Unis, a été adoptée à l’ONU le 10 janvier, quelques heures à peine après la dernière attaque du mouvement d’opposition yéménite, qui contrôle la capitale yéménite Sanaa et une grande partie de l'ouest du Yémen, y compris le port maritime de Hodeïdah et la côte de la mer Rouge.

La veille, le 9 janvier, les forces américaines et britanniques, déployées dans le cadre de l'opération Prosperity Guardian, avaient indiqué avoir intercepté 18 drones, deux missiles de croisière antinavires et un missile balistique, d'une portée de 800 km avec une ogive de 400 kg d'explosif. C’est sans doute la plus violente frappe opérée par la faction houthie depuis le 14 novembre, date à laquelle le porte-parole des Houthis avait prévenu que les attaques seraient dirigées vers des navires marchands affiliés à des intérêts israéliens (ou supposés tels) avant, le 9 décembre, d’élargir la stigmatisation à toutes les compagnies internationales.

Depuis mi-décembre, une grande part du trafic conteneurisée s’est détournée pour prendre la route historique par la pointe sud de l’Afrique, en contournant le cap de Bonne-Espérance par l'est et l'ouest, en dépit des dix jours supplémentaires de voyage.

Le changement d’itinéraire a eu pour effet de pousser les tarifs un peu plus haut que ce qu'ils seraient normalement à cette époque de l'année, tout en déclenchant une avalanche de frais additionnels pour compenser les perturbations opérationnelles, lestant lourdement le coût du transport.

Une résolution qui ne fait pas l'unanimité absolue

Dans cette résolution adoptée par 11 votes pour, zéro vote contre et quatre abstentions (Russie, Chine, Algérie et Mozambique), le Conseil condamne « avec la plus grande fermeté » les attaques perpétrées, rappelant les grands principes des droits et libertés de navigation en matière international et notamment celui dont disposent les États membres de défendre leurs navires contre les attaques.

Il rappelle par ailleurs que la fourniture d’armes et autres matériels de combat aux agresseurs en violation de sa résolution 2216 (2015), et appelle à une coopération internationale afin d’empêcher cet accès aux moyens d’attaques.

Mais il engage dans le même temps toutes les parties « à redoubler d’efforts diplomatiques » pour prévenir une dégradation de la situation, à maintenir un dialogue en vue de favoriser un « processus de paix au Yémen sous les auspices des Nations unies. »

L'Arabie saoudite, qui combat les Houthis depuis des années, fait aussi partie de ceux qui appellent à la retenue, cherchant à préserver la trêve fragile que la grande monarchie du Golfe a mis des années à obtenir avec le groupe rebelle.

Réponse appropriée

Ce vote survient après qu'une coalition de 13 pays, dirigée par les États-Unis, ait mis en garde les Houthis contre toute nouvelle attaque sans quoi ils devraient en subir les conséquences.

Force est de reconnaître que pour un acteur non étatique et relativement marginal, le mouvement est assez efficace dans sa mise à l’épreuve des forces navales sur place (assez limitées) et dans l’orchestration des tensions, exploitant l’absence de concorde entre les gouvernements sur ce que doit être la réponse appropriée aux manœuvres houthies, soutenues par le Hezbollah libanais et les Gardiens iraniens de la révolution islamique. Une réponse qui évite un embrasement généralisé.

L’opération Guardian Prosperity, qui a rallié à ce jour une vingtaine de pays,
témoigne de l’hésitation à protéger les routes commerciales internationales. Quand bien même il s’agit de sécuriser les voies maritimes essentielles à la chaîne d'approvisionnement mondial.

Premier État du pavillon et siège du 12e armateur mondial (PIL), qui continue de transiter en mer Rouge, Singapour vient d’annoncer qu’il participerait à l’opération en fournissant du personnel mais pas de moyens navals. C'est ce qu'a déclaré, selon les médias locaux, le ministre de la Défense, Ng Eng Hen, en réponse à des questions sur la sécurité maritime lors d'une séance parlementaire.

La Cite-État est déjà membre de la Task Force 153, coalition navale internationale (39 pays), qui existe depuis quelques années en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, afin d'assurer la libre circulation des navires dans cette région toujours au bord de la rupture.

Entre le 16 décembre et le 4 janvier, la marine américaine a déclaré avoir abattu 61 missiles et drones, tandis que 1 500 navires commerciaux ont traversé la mer Rouge en toute sécurité. Ces dernières heures, la 25e attaque a été enregistrée.

Adeline Descamps

 

Chronologie des attaques

14 novembre 2023  : les Houthis annoncent leur intention de cibler des navires marchands affiliés à Israël

19 novembre - Le transporteur de voitures Galaxy Leader est arraisonné par les Houthis qui l'escorte vers un port proche. L'équipage n'est toujours pas libéré.
24 novembre - Des tirs de drones visent le porte-conteneurs CMA CGM Symi dans l'océan Indien, affrété à ZIM.
26 novembre - Le pétrolier Central Park (autre nom connu : Caifu Chao) est brièvement détourné dans le golfe d'Aden. Le USS Mason et le pétrolier essuient des tirs de missiles lorsque le destoyer intervient pour secourir le navire.
3 décembre - L'Unity Explorer et le Sophie II sont ciblés par des tirs de de drones et de missiles.
9 décembre : Les Houthis déclarent que tous les navires sont désormais une cible, de façon non discriminée.
12 décembre - Le Strinda, contrôlé par J. Ludwig Mowinckels Rederi, est touché par un missile antinavire.
13 décembre - Tentative d'abordage du pétrolier Ardmore Encounter, suivie d'une attaque au missile qui échoue.
14 décembre - Le Maersk Gibraltar se trouve à son tour pris à partie.

15 décembre - Les porte-conteneurs Al Jasrah de Hapag-Lloyd et MSC Palatium III sont attaqués à leur tour
19 décembre : lancement de l'opération Guardian Prosperity, force d'intervention marine internationale pour sécuriser la navigation
Entre le 24 et le 31 décembre, ce sont les MSC United VIII et Maersk Hangzhou qui font les frais des tensions.
4 janvier 2023 : Les houthis revendiquent une attaque contre le CMA CGM Tage

8-9 janvier : 25e attaque enregistrée

 

 

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