Fret ferroviaire : la part modale du rail a marqué le pas en 2018

Les opérateurs de fret privés dont Euro Cargo Rail ne profitent pas à plein du recul des trafics assurés par Fret SNCF.

Crédit photo Olivier Constant
L’Autorité de régulation des transports a publié le premier bilan spécifique du transport ferroviaire de marchandises pour l’année 2018. Cette analyse souligne que les mouvements sociaux du printemps 2018 n’ont pas été sans conséquences sur le niveau de trafic fret, la part modale du rail s’érodant légèrement. 

Treize mois après la fin de l’année 2018, l’Autorité de Régulation des transports vient de publier le premier bilan spécifique du transport ferroviaire de marchandises pour 2018. Il en découle que le fret reste le parent pauvre des circulations réalisées sur le Réseau Ferré National (RFN).

Circulations très concentrées

Sur 450 millions de trains/km réalisés en 2018, seuls 60 millions ont concerné le trafic fret. Il ressort par ailleurs que les circulations de fret sont très concentrées puisque la quasi-totalité des trains/km relevant de cette catégorie sont effectués sur seulement 58 % des lignes du réseau ferré national (RFN). Les principaux axes de circulation sont donc Luxembourg - Metz - Dijon - Lyon - Marseille et les sections frontalières de la Belgique (comme l’Artère Nord-Est), du Luxembourg et de l’Allemagne. Les sections de lignes les plus empruntées se confondent également avec les trois corridors européens traversant la France (Atlantique, mer du Nord/Méditerranée et Méditerranée). 

En termes d’origine et de destination des circulations, les trafics des entreprises ferroviaires de fret et de travaux sont également très concentrés. En effet, plus de la moitié des origines et terminus de trains de fret se concentrent sur cinquante secteurs. La localisation des points d’origine et de terminus les plus fréquentés coïncide généralement avec la proximité de grandes agglomérations, de grands ports maritimes et des chantiers de transport combiné, ainsi que des points frontières du RFN. 

Moins de trains de fret en 2018

Mais les trains de fret et de travaux, déjà peu nombreux dans l’absolu, surtout si on les compare à ceux circulant en Allemagne, par exemple, l’ont été encore un peu moins en 2018. Le nombre de circulations quotidiennes est en effet passé de 941 en 2017 à près de 851 en 2018. Le recul a donc été de 9,6 % en l’espace d’une seule année ! Il ne cadre assurément pas avec les ambitions de RFN, qui milite activement pour que ses infrastructures en cours de rénovation/modernisation soient plus intensivement utilisées. 

Dans ces conditions, point de surprise. La part modale du fret ferroviaire a recommencé à fléchir en 2018, là où les années précédentes avaient, au contraire, marqué un léger frémissement. À 33 milliards de tonnes/km, elle s’est donc établie à un plus de 9 %. Ce chiffre est à mettre en parallèle avec les 30 % de 1984 et les 46 % de 1974 ! La France reste donc le mauvais élève de l’Europe en la matière, la moyenne des vingt-huit pays de l’Union européenne ressortant à 17,3 % en 2017. 

Un déclin qui profite au transport routier

Ce déclin du mode ferroviaire a profité au transport routier, qui totalisait 126 milliards de tonnes.km en 1984 et 308 milliards en 2018. Durant cette période, le taux annuel moyen de croissance de ce mode de transport s’est donc élevé à 2,8 %. 

Par type d’opérateur ayant effectué le plus de trains/km, Fret SNCF reste en tête, avec une part de 58 %. Celle-ci atteint même 72 % si l’on y ajoute les 11 % de VFLI et les 3 % de Naviland Cargo, toutes deux filiales du groupe SNCF (branche SNCF Logistics). À bonne distance figurent les trois principaux opérateurs alternatifs que sont Euro Cargo Rail (12 %), Europorte (6 %) et Régiorail France (3 %). Plus d’une dizaine d’années après leur création pour certaines, ces entreprises ferroviaires privées tardent donc à prendre les parts de marché qui s’offrent à elles.

Embellie à partir de 2021 ? 

Moins de trains de fret circulant sur le réseau ne signifie pas, pour autant, une amélioration de la ponctualité. Là encore, l’impact des mouvement sociaux s’est fait ressentir, le taux de retard des trains au seuil de 60 minutes ayant augmenté d’un point à 9 % en 2018. 

Avec quasiment un mois de grève à partir de début décembre 2019, les données statistiques de l’exercice écoulé ne devraient pas marquer une inflexion à la hausse. L’année 2020 semble dès maintenant prendre le même chemin, une partie du mois de janvier ayant été perdue pour les mêmes raisons. Ce n’est donc pas avant 2021 qu’une embellie est attendue au plan d’un report modal qui, plus que jamais, se fait attendre.    

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