Une piste plus longue et davantage de camions en circulation… La Hesse, Land du sud-ouest de l’Allemagne, a annoncé la prolongation des tests de voie électrifiée pour les camions menés depuis l’été 2019 sur l’autoroute A5. Le projet, baptisé ELISA, vise à vérifier les atouts environnementaux (notamment au niveau des émissions et de la pollution sonore) et économiques de camions équipés de perches reliées comme un tramway à un câblage électrique aérien sur autoroute. Les véhicules peuvent ainsi recharger leur batterie tout en roulant. A tout moment, le conducteur peut quitter la piste électrifiée et basculer sur l’approvisionnement en diesel, une fois que ses batteries sont déchargées.
17 km au total
Selon le ministre régional des Transports, le Vert Tarek al-Wazir, la piste d’essai – située entre Darmstadt et Francfort – sera allongée de 7 km supplémentaires, soit 17 km au total. Cinq transporteurs testent pour l’heure chacun un camion hybride spécialement aménagé par Scania pour l’expérience depuis deux ans dans la région. Cette flotte sera élargie d’ici début 2022. "Le conducteur est totalement satisfait", expliquait la gérante de Spedition Schanz, Kerstin Seibert, au sujet des premiers essais menés par son entreprise, pour les trajets du 40 t entre l’usine de peinture de Caparol à Ramstadt vers le dépôt central de l’entreprise à l’aéroport de Francfort. Les données livrées par l’entreprise sont ensuite analysées par l’université de Darmstadt, associée au projet, tout comme Siemens Mobility.
Un projet contesté
L’Etat fédéral et la région ont investi entre 12 et 16 millions d’euros dans ce projet contesté du fait de son coût. "Nous voulons laisser toutes les portes ouvertes", explique le ministre sortant des Transports, Andreas Scheuer, pour lequel l’autoroute électrifiée est une option pour la logistique de demain, au même titre que les nouveaux carburants, l’hydrogène ou les camions à batteries. Trois projets différents d’autoroute électrifiée sont testés en ce moment en Allemagne, dont l’un sur la A1 à Lübeck, dans le nord du pays, et l’autre sur la B462 dans le Bade-Wurtemberg, région frontalière de la France.
4 000 km pour que le projet soit rentable
Plusieurs questions restent en suspens, notamment celle de la tarification, à terme, du courant consommé par les camions reliés. Une autre inconnue concerne la viabilité du concept. Selon Berlin, il faudrait un minimum de 4 000 km électrifiés en Allemagne pour que le projet soit rentable. Les transporteurs, quant à eux, soulignent la nécessité que le concept soit adopté par d’autres pays européens, alors que pour l’heure, seule la Suède teste elle aussi le concept.
Les travaux d’extension de la portion électrifiée de l’A5 doivent être achevés d’ici fin 2022 et les conclusions de l’expérience sont attendues pour 2023.
