Forcément, dans un secteur en pleine restructuration comme l’intérim, avec l’arrivée d’acteurs numériques qui bousculent un paysage porteur d’une grande variété de secteurs clients, les chiffres masquent de grandes différences et le premier constat s’avère décevant. Au total, l’année 2020, inédite, s’est soldée par un recul de 23,6 % du travail temporaire, correspondant à la disparition de près de 185 000 emplois intérimaires en équivalent temps plein (ETP). "En moyenne, 594 000 intérimaires ont été délégués par les agences d’emploi, note-t-on à Prismemploi, organisation professionnelle qui regroupe plus de 600 enseignes du recrutement et de l’intérim (sur 6 000 en 2017, 8 000 en 2019) et revendique 90 % du chiffre de la profession. Cela efface la croissance observée entre 2016 et 2018 et rétrogradant le niveau du travail temporaire à celui de 2015."
- 3,8 % pour l’intérim en transport-logistique
Côté transport et logistique, le repli s’est limité à - 3,8 %, "le commerce électronique et les plateformes logistiques ont maintenu, voire développé, leur activité au deuxième trimestre, pendant la crise sanitaire, relèvent les experts de Prismemploi. Et, depuis septembre, l’emploi intérimaire y enregistre une croissance toujours portée par le dynamisme du commerce en ligne". L’effet black friday ?
"Le black friday a été l’élément le plus fort de l’année, confirme Jeremy Cohen-Boulakia, président de VIR Transport, axé à 95 % sur le commerce en ligne, et qui boucle l’année 2020 à 103 M€, avec 2,1 millions de commandes livrées, en croissance de 35 % par rapport à 2019. Les mesures de confinement, en modifiant les habitudes des consommateurs, ont dopé notre activité." L’entreprise a créé 250 emplois l’an dernier, ses effectifs atteignant 900 salariés fin 2020, contre 641 un an plus tôt. Elle a également eu un recours important à l’intérim, "sachant qu’on a besoin d’une part de souplesse pour faire face à la variabilité de l’activité", note son président, ce qui représente une centaine d’intérimaires en moyenne, essentiellement des magasiniers, caristes ou livreurs… Si le groupe "travaille avec les plus grands noms de l’intérim, poursuit-il, celui-ci est géré localement au niveau de chaque agence".
Un recours ponctuel
Ce recours, en 2020, est resté le fait d’acteurs opérant pour l’e-commerce ou pour la grande distribution et l’agro-alimentaire. Plus généralement, les transporteurs ont pour la plupart limité leur budget d’intérim, comme Fabien Chazot, des transports éponymes, dans le Rhône qui, s’il reconnaît "utiliser l’intérim ponctuellement, essentiellement pour remplacer des personnels en congés", note qu’il a "considérablement diminué ce recours en 2020 […] Notre problématique était plutôt de faire travailler nos chauffeurs et nos camions, d’autant que l’année 2020 s’est terminée de manière morose pour nos nombreux clients de l’industrie ou de la distribution de boisson".
> Lire l'intégralité du Grand Angle "Intérim, après la la crise, la brise de la reprise", dans l'Officiel des transporteurs n° 3056 du 26 février 2021 (réservé aux abonnés).