Canal Seine-Nord Europe, une nouvelle année intense s'annonce

Le long du tracé du canal Seine-Nord Europe se déroulent des diagnostics d'archéologie préventive alors que les travaux avancent dans l'Oise sur le secteur 1. En 2024, se profile l'étape de l'autorisation environnementale sur les 3 autres secteurs.

Crédit photo SCSNE
2023 a marqué une année complète de travaux pour le canal Seine-Nord Europe sur le secteur 1 dans l'Oise. 2024 va suivre le même chemin avec, aussi, un moment fort pour les autres secteurs. Parallèlement, les aménagements compensatoires se poursuivent tout comme la démarche l'archéologie préventive autour de la future infrastructure. 

300 à 500 personnes sur le terrain. La construction du canal Seine-Nord Europe avance dans l’Oise sur le secteur 1 avec le rescindement de l’Oise entre Thourotte et Montmacq, l’avancement de la construction des ponts de la RD 66 entre Montmacq et Cambronne-lès-Ribécourt ainsi que le pont de la RD 40 bis. Ce sont entre 300 et 500 personnes qui œuvrent chaque jour sur le terrain.

Réunion du conseil de surveillance. Une réunion du conseil de surveillance de la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) le jeudi 7 décembre a notamment passé en revue le budget prévisionnel pour 2024. Celui-ci s’établit à 120 millions d’euros pour les travaux à venir tous secteurs confondus, et à 44 millions d’euros pour les travaux préparatoires de dévoiement de réseaux et d’archéologie préventive.

Sachant qu’une enveloppe de 405 millions d’euros a été attribuée par l’Union européenne (UE) à la réalisation du canal Seine-Nord Europe dans le cadre du deuxième appel à projet du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE 2) en juin 2023. Une somme dont l’utilisation est répartie sur 2024 et 2025.

Tracé définitif. Parmi les avancées en cette fin 2023, pour les autres secteurs, et par exemple pour le n°2 entre Passel et Libermont, le profil définitif du canal est établi « au mètre près », selon la SCSNE. C’est le résultat d'études et de consultations menées depuis 2020 pour aboutir à des arbitrages au bout de plus de 3 ans. Sachant que le secteur 2 est le plus urbanisé des quatre, compte la présence du canal du Nord, 2 écluses, des rétablissements ferroviaires, routiers, des ponts dont certains seront spectaculaires… Sur le secteur 2, le temps des travaux se profile pour la fin 2024 ou le début 2025.

En 2024. Outre la poursuite des travaux sur le secteur 1, qui vont s'approcher du lieu de la future écluse située à Montmacq-Cambronne-lès-Ribécourt (6,41 m de chute), la première d’un total de six à construire, l’année 2024 va être marquée par l’étape de l’autorisation environnementale pour les secteurs 2, 3 et 4. Pour mémoire, pour le secteur 1 de Compiègne à Passel dans l’Oise, l'arrêté valant autorisation environnementale a été signé par la préfète de l'Oise le 8 avril 2021 puis publié le 12, au terme de 2 ans d'instruction. C’est le sésame qui a permis le lancement des travaux.

La procédure de l'autorisation environnementale sur les 3 secteurs constitue un nouveau temps fort pour le canal de 107 km, maillon central de la liaison Seine-Escaut, qui se profile à l’horizon avec l’enquête publique liée. 

Un moment pour lequel la filière fluviale française devra répondre présente, d’autant plus que des protestations se sont dernièrement élevées contre le projet à Compiègne, notamment autour de la question de la ressource en eau pour le fonctionnement du canal.

Gestion de la ressource en eau. Pour préserver l’eau, le canal Seine-Nord Europe sera alimenté par la rivière Oise, « dont le débit est suffisant plus de 90% du temps », précise la SCSNE. En période de trop faible débit de l’Oise, (l’été ou en période de sécheresse), une retenue d’eau située dans la Somme assurera son alimentation. Le canal est ainsi alimenté par les eaux de surface sans effectuer de prélèvement dans les nappes phréatiques. Il est aussi conçu pour être « économe en eau grâce à sa cuvette étanche limitant les infiltrations, et un recyclage systématique de l’eau utilisée lors du passage des bateaux au niveau des écluses ».

Aménagements environnementaux. Dans le cadre de la démarche « éviter-réduire-compenser » (ERC), les travaux de compensation environnementale sur l’ensemble du tracé du canal représentent plus de 1200 hectares.

Les mesures de compensation sont choisies en fonction de l’écosystème écologique impacté par les travaux. Elles peuvent être des restaurations de zones humides (mares, prairies humides, ripisylves), des travaux sur les milieux ouverts secs (fourrés, prairies, boisements secs, travauxde plantations de haies, de lisières forestières…), des actions sur la biodiversité (frayères à brochet, etc.).

Les premiers aménagements environnementaux ont été faits à partir de 2017, soit avant le démarrage du chantier du canal lui-même. A la fin 2023, plus de 165 hectares d'aménagements environnementaux ont été réalisés ; la démarche va se poursuivre en 2024. 

Archéologie, diagnostics, fouilles et découvertes 

Comme toute grande infrastructure, le canal Seine-Nord Europe et les terrains de son tracé font l'objet d'une démarche d'archéologie préventive. 

« L'archéologie préventive consiste à détecter et à sauvegarder les éléments du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d'être affectés et détruits par les travaux d'aménagements publics ou privés », indique le ministère de la Culture. Elle a été instaurée par une loi de 2001 qui a été plusieurs fois remaniée mais l’objectif demeure de « préserver les vestiges enfouis dans le sol et recouverts par les sédiments depuis des siècles, voire des millénaires par des mesures de sauvegarde » lors de la réalisation de chantiers comme ceux d’une autoroute, d'une ligne TGV, ou d’un canal.

Quelle est la démarche ?

Les mesures de sauvegarde définies par la loi sont :

  • le diagnostic qui vise, par des études, prospections ou travaux de terrain, à mettre en évidence et à caractériser les éléments du patrimoine archéologique éventuellement présents sur le site.
  • éventuellement, la fouille : réalisée après diagnostic ou directement sans diagnostic préalable si les informations sont suffisantes, elle vise à recueillir les données archéologiques présentes sur le site.

Une fois le diagnostic effectué par les archéologues si des vestiges significatifs sont identifiés, l’État, via le Service régional de l’archéologie (SRA) prescrit une fouille permettant de les étudier. Ces deux phases accomplies, le SRA prononce une libération de toute contrainte archéologique, ce qui autorise le début des travaux sur les parcelles.

Qu’en est-il pour Seine-Nord Europe ?

Dans le cadre de la construction du canal, deux phases d’investigations ont été menées depuis 2008, rappelle la société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE) :

  • La première a permis une évaluation scientifique de plus de 1800 hectares.
  • Une seconde phase d’opérations archéologiques, démarrée en 2020 continue aujourd’hui et jusqu’en 2025, concerne les évolutions du tracé dans la Haute-Somme et le Sud de l’Artois, ainsi que toutes les emprises des travaux non déjà investiguées sur l’ensemble du tracé.

A la fin du dernier trimestre 2023, « les archéologues des services départementaux de l’Oise, du Pas-de-Calais, et de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont réalisé, en cumul, 2500 hectares de diagnostics préventifs, ayant donné lieu à plus de 100 prescriptions de fouilles de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) », dit la SCSNE.

Quelles découvertes ?

« Toutes les périodes ont été identifiées sur le tracé depuis le Paléolithique (300000 ans avant Jésus Christ) jusqu’aux conflits récents », poursuit la SCSNE qui détaille « quelques exemples de découvertes » :

  • Epoque Néolithique à Languevoisin-Quiquery et Breuil : des parures en pierre utilisées pour fabriquer des outils (la pierre fait également partie des éléments de parure). 4 bracelets de schiste ont été trouvés dont l’un d’entre eux venant du Massif armoricain et permettent d’attester les échanges sur de grandes distances à cette époque.
  • Epoque Gallo-Romaine : des ex-voto à Nesle et Mesnil-Saint-Nicaise. Ces offrandes, datés des IIe-IIIe siècles après Jésus Christ, sont des sculptures en bois offertes en vue d’écarter le mal, d’implorer guérison ou fertilité, en s’attirant la faveur des dieux.
  • L’époque Romaine à Noyon : une villa rurale avec un mobilier varié. Datée du 1er siècle après J.C, la villa de Noyon est l’une des plus grandes connues en Gaule. Sa fouille a livré divers objets qui peuvent témoigner du quotidien de ses habitants.

« De nombreux autres objets ont été étudiés et sont aujourd’hui stockés au centre archéologique du département de la Somme de Ribemont-sur-Ancre Ils sont présentés dans les collections du musée comme la statuette néolithique de Villers-Carbonnel ».

La fouille sur la commune de Thourotte et ses résultats

À la suite des diagnostics archéologiques réalisés à l’automne 2022 en rive droite de l’Oise sur la commune de Thourotte, une prescription de fouille a été émise sur une superficie de 5 300m². Les archéologues ont mis au jour des vestiges remontant jusqu’au Mésolithique :

  • Dans la zone sud de l’emprise, du mobilier principalement en céramique et quelques structures en creux de type fosse et trou de poteau, datés du Néolithique moyen et plus particulièrement de la culture dite de Cerny (4600-4200 avant JC) ont été découverts.
  • Au nord-ouest du site, des vestiges lithiques ont été mis au jour sur une surface d’environ 400 m². Ils sont constitués principalement de silex taillés et de nombreux fragments de calcaire, de grès et de galets de silex brûlés ainsi que quelques vestiges osseux et de rares outils en os. La nature des pièces en silex semble orienter leur attribution chronologique vers le Mésolithique.

« Malgré des conditions difficiles dues à un automne pluvieux, à la proximité de la nappe phréatique et de l’Oise, les scientifiques ont prélevé suffisamment d’indices sur près de 4m de profondeur, pour renseigner le mode de vie des populations aux abords de ces anciens chenaux (…) Des études à venir, menées par l’Inrap, permettront d’affiner l’attribution chronologique des occupations de ce site et de les mettre en perspective dans leur contexte plus général, géologique et environnemental ».

Et après ?

Actuellement, dans le Noyonnais, plus de 85 ha sont en cours de diagnostics, qui vont se poursuivre courant 2024. « Certaines zones nécessitent un déboisement partiel pour permettre l’intervention des archéologues. Des layons de 10 mètres de large sont alors réalisés hors des périodes de nidification et sous la supervision d’un écologue ».

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