Seine Nord Europe : le cours de l’Oise dévié pour faire place au canal

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Le futur lit de l'Oise. 

Crédit photo E. Berrier

Une visite du chantier du canal Seine-Nord Europe a été organisée par le maître d’ouvrage ce mois de juin 2023. L’occasion de voir qu’entre Compiègne et Noyon, les travaux sont en cours pour dévier le cours de l’Oise afin de faire de la place au futur canal, entre la rivière et le canal latéral. Un pont de 106 m de long est aussi en cours de construction, pour franchir les trois voies d’eau.

Les premiers travaux liés au canal Seine-Nord Europe, lancés en 2021, ne concernaient pas le « creusement » de la future voie navigable en elle-même mais avaient porté sur la création de ronds-points pour l’accès au chantier, ou encore de deux quais sur le canal latéral à l’Oise pour les besoins logistiques du secteur 1. Tout a changé depuis 2022.

Les travaux pour la réalisation du canal lui-même ont en effet commencé sur ce secteur 1, compris dans la vallée de l’Oise. L’itinéraire emprunte d’abord l’Oise canalisée depuis Compiègne jusqu’à Choisy-au-Bac, en amont du confluent avec l’Aisne. La rivière sera élargie. Puis un nouveau canal sera créé de Choisy-au-Bac à Cambronne. Enfin, au Nord de Cambronne, c’est le canal latéral à l’Oise qui sera élargi.

« Avec les différentes opérations en cours, tout le secteur 1 est, d’une façon ou d’une autre, en travaux », déclare Lyna Pobeda, directrice de territoire Compiégnois-Noyonnais pour la Société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), lors d’une visite du chantier organisé le 7 juin 2023, à peu près un an après une découverte similaire sur le terrain en 2022.

Les nouveaux quais mis à contribution

Fin 2022, les quais de Ribécourt (150 m de long) et Pimprez (200 m) ont été achevés. Ils ont déjà été utilisés pour évacuer le produit du déboisement qui a été réalisé au cours de l’hiver le long du futur chantier. Le mouillage disponible, 3 m, va être porté à 4,5 m. Le quai de Ribécourt devrait aussi être doté prochainement d’un embranchement ferroviaire.

C’est à présent le tronçon compris entre Choisy-au-Bac et Cambronne qui fait l’objet de travaux. Le futur canal prendra en effet place entre l’Oise et son canal latéral : un espace contraint, qui nécessite en quelques points de détourner le cours de la rivière pour faire place au canal.

Pour cela, 70 000 t d’enrochements ont déjà été livrés depuis la Belgique, en utilisant les quais nouvellement créés. « On a la chance d’avoir un chantier situé à proximité des voies d’eau. L’objectif est de limiter autant que possible le recours à la voie routière pour la logistique du chantier », souligne Lyna Pobeda.

Prendre en compte les contraintes 

Le détournement du lit de l’Oise répond à différentes contraintes :

  • A Montmacq, il faut faire de la place à la première écluse du canal Seine-Nord Europe, dont la construction doit débuter au printemps 2024. Avec seulement 6,5 m de chute, il s’agit de la plus petite des sept écluses à créer. Mais son insertion nécessite tout de même de rescinder des boucles de l’Oise. Afin de ne pas en perturber le débit, des sinuosités sont recréées plus en amont sur le cours de la rivière.
  • Il y a les franchissements routiers à maintenir : sur l’ensemble du secteur 1, un total de onze est prévu, dont sept nouveaux ponts sur le futur canal.
  • Le franchissement le plus important concerne la RD40, où un pont d’une longueur de 105 m est en cours de construction. Celui-ci doit franchir d’une traite l’Oise, le futur canal Seine-Nord et le canal latéral à l’Oise.
  • Là aussi, il a fallu modifier le cours de l’Oise pour placer les trois gigantesques poutres métalliques qui porteront le tablier du pont. Une des culées du pont sera posée là où passait le lit de la rivière. L’Oise vient d’être asséché à cet endroit pour emprunter un cours artificiel provisoire.

Pourquoi créer un lit provisoire pour l’Oise ?

Le cours définitif est déjà en train d’être creusé. Il n’a pas encore été ouvert aux eaux de l’Oise, mais la nappe est si peu profonde à cet endroit que l’eau est remontée. Les pelles mécaniques s’affairent encore, mais l’aspect est déjà celui d’une rivière ou d’un canal presqu’à sec mais conservant son miroir d’eau.

Pourquoi créer un lit provisoire à l’Oise, et ne pas faire couler la rivière immédiatement sur son futur itinéraire ?

  • Il s’agit en fait de limiter les terrassements et les mouvements de terre, qui demandent beaucoup de travail aux pelles, chargeuses et tombereaux.
  • « Les matériaux tirés du rescindement seront utilisés pour la construction du pont, explique Pierre-Yves Delporte, directeur adjoint du secteur 1 à la SCSNE.
  • Au total, ce sont 500 000 m³ de déblais, sortis de l’Oise pour créer la nouvelle Oise, qui seront utilisés pour la construction du pont et des remblais routiers.
  • Ce rescindement provisoire évite d’avoir à reprendre la terre deux fois ».

La RD66 va aussi bénéficier d’un nouveau pont pour traverser les trois voies d’eau. Cela nécessitera la fermeture de la route, puisque le nouveau pont sera construit au même emplacement que l’existant.

Au même endroit, un petit affluent de l’Oise, le ru du Moulinet, va être doté d’un siphon pour passer sous le canal et s’écouler dans la rivière. Le percement d’un tunnel est en cours, pour faire passage aux tuyaux de 1,2 m de diamètres du siphon.

Aujourd’hui, 400 personnes sont mobilisées sur le projet, dont 160 sur les chantiers ouverts dans ce secteur 1. Dans les années à venir, ce seront jusqu’à 3 000 emplois directs qui seront concernés au plus fort du chantier.

Lire aussi : Le canal Seine Nord, ce n’est plus un projet, c’est un chantier.

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