Transport maritime : un an après, le Brexit soulève de nombreuses questions

Un an après le référendum, le Brexit soulève toujours de nombreuses questions dans le transport maritime

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Il y a un an, les Britanniques se prononçaient pour une sortie de leur pays de l'Europe.

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À l’occasion d’une conférence-débat organisée par Armateurs de France, les professionnels du monde maritime ont tenté d’analyser les impacts du Brexit sur leurs activités.

Le 23 juin 2016, les Britanniques votaient d’une courte majorité leur sortie de l’Europe. Un an plus tard, le calendrier de la procédure table sur une sortie officielle en 2019 et les observateurs guettent le moindre indice sur la tournure que prendrait l’accord post-Brexit qui sera négocié.

C’est dans ce contexte qu’Armateurs de France a organisé une conférence-débat le 23 juin. Objectifs pour les participants : échanger sur les impacts de cette décision dans leur activité.

"Les enjeux du Brexit sont plus importants pour les Britanniques que pour nous. En particulier d’un point de vue commercial puisque 43 % de leurs exportations et 53 % de leurs importations se font avec l’Europe”, estime Vincent Falcoz, conseiller auprès du secrétaire général des Affaires européennes en charge du Brexit.

Liberté des échanges : les pavillons changent de cap

Processus inédit dans l’histoire européenne, le Brexit pose d’entrée de jeu la question de la liberté des échanges. Si les navires sous pavillon anglais pourraient perdre leurs droits de cabotage au sein des États membres qui maintiennent des restrictions dans leurs eaux, le Royaume-Uni pourrait à l’inverse décider de restreindre l’accès à son marché domestique.

“Sur cette question, il faudra rester vigilant sur la mise en place de barrières plus sophistiquées, par exemple sur les priorités d’accès aux infrastructures ou aux procédures administratives qui pourraient contribuer à un risque de dumping”, prévient Blandine Huchet, responsable des affaires européennes d’Armateurs de France.

Même tendance en matière de sûreté. En effet, les navires et compagnies opérant dans les eaux européennes se conformeront probablement toujours aux règles européennes mais, une fois sorti de l’Europe, le Royaume-Uni aura la possibilité d’assouplir ses mesures en s’en tenant aux conventions internationales.

Réintroduire des droits de douane

L’une des principales inquiétudes des professionnels du shipping concerne les droits de douane qui pourraient être réintroduits selon plusieurs hypothèses :

  • une sortie de l’UE sans accord avec des relations sur la base des règles de l’OMC à l’instar de tout pays tiers ;
  • une duplication d’accords existants qui serait régis par un modèle spécifique différent des modèles norvégien ou suisse, dont le gouvernement britannique ne veut pas ;
  • des accords bilatéraux global ou sectoriel.

Sur le terrain, cela devrait se traduire par une explosion des formalités administratives. "Nous avons trois lignes quotidiennes l’export qui nécessitent 80 000 déclarations en douane chaque jour. La sortie de la Grande-Bretagne et le retour des déclarations en douane multipliera par deux ce chiffre", indique Jean-François Auzéau, directeur douane de Ziegler France, président de la commission douane et vice-président de TLF Overseas.

Une hausse des taux de fret

Côté donneurs d’ordres, le retour des formalités douanières implique des difficultés à trouver des opérateurs. "Pour l’export de nos produits finis entre Dunkerque et la  Grande-Bretagne, nous travaillons avec des compagnies maritimes qui réalisent un trafic quotidien. Avec plus de formalités douanières, ces délais devraient mécaniquement s’allonger. Cela risque de décourager les opérateurs sur cette liaison déjà compliquée. Logiquement, les taux de fret devraient également augmenter", craint Valérie Chalal, responsable achats segment logistique et achats généraux de Kerneos et vice-présidente de la commission maritime de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF).

Réorganiser les terminaux portuaires

Enfin, pour les autorités portuaires, la réintroduction des formalités douanières se traduira par de nouveaux coûts d’infrastructures. “Il nous faudra réorganiser physiquement les terminaux, notamment pour séparer les flux de voyageurs de ceux de marchandises, ce qui nécessitera des investissements conséquents à réaliser à horizon 2019. Avec peu de visibilité pour le moment, nous sommes déjà engagés dans une course contre la montre”, juge Philippe Deiss, directeur général de Ports Normands Associés.

Des opportunités malgré tout

À ce stade, la liste des questions semble beaucoup plus longue que celle des opportunités et pourtant... ”Outre-Manche, nous sommes partagés entre inquiétude et enthousiasme. Le Brexit nous amènera à changer notre manière de travailler et nous permettra de nous remettre en question”, résume Gavin Simmonds, responsable en charge de la politique sécurité et commerciale de la Chambre maritime britannique.

Dans le cadre de nouveaux process, l’ingénierie douanière pourrait être mise à contribution pour permettre aux organisateurs de transport de s’adapter aux nouvelles règles et procédures.

En Grande-Bretagne, cette dynamique pourrait aussi bénéficier à de nouvelles places portuaires. En effet, la congestion dans les ports de Douvre et Folkstone pourrait engendrer un accroissement du trafic sur les ports de Londres, Grimsby, Tyneside ou Forth. D’autre part, la possibilité de mettre sur pied des "ports francs" favoriserait la création de 86 000 emplois outre-Manche.

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