Les dockers de la côte ouest font trembler le shipping mondial

Bertrand Simion, directeur des lignes maritimes de CMA CGM.

Crédit photo NBC
Les renégociations salariales, prévues fin juin entre les ports de la côte ouest des États-Unis et l’International Longshore and Wharehouse Union, le tout puissant syndicat des dockers, fait trembler l’industrie maritime mondiale. "Le vrai danger, c’est l’effet trou noir des renégociations avec l’ILWU", s’alarme Bertrand Simion, vice-président des lignes maritimes de CMA CGM, invité de l’APEX (Club des Entreprises de l'International, région Sud) le 17 mai 2022, à l'occasion d'une table ronde sur les perspectives du transport maritime international,

Après avoir refusé une prolongation de leur contrat de travail jusqu’en 2023, les 15 000 dockers de la côte Ouest des États-Unis vont entamer fin juin 2022 des renégociations salariales avec l’Association maritime du Pacifique qui fédère 70 compagnies maritimes et opérateurs de terminaux opérant dans 29 ports de la côte ouest. Cette perspective, qui intervient dans un contexte de congestion historique des terminaux ouest américains depuis deux ans, inquiète Bertrand Simion, directeur des lignes maritimes de CMA CGM, invité de l’APEX (club des exportateurs, région Sud) le 17 mai 2022, à l'occasion d'une table ronde sur les perspectives du transport maritime international. 

"La renégociation du contrat avec l’ILWU, qui arrive à échéance le 30 juin, est une vraie menace. Les demandes des dockers, pourtant très bien payés, sont extravagantes. Ils réclament l’arrêt de l’automatisation des terminaux. Nous redoutons un scénario catastrophe avec des perturbations, voire des blocages, à Los Angeles, Seattle, Auckland, qui vont aggraver les congestions. Le risque étant d’avoir des reports de bookings sur la côte est, vers New York, Savannah, Norfolk, des ports congestionnés, au bord de la rupture par manque de capacités", a expliqué, le 17 mai 2022, Bertrand Simion.

"Sans les alliances la situation serait bien pire"

Les armateurs gardent en mémoire les renégociations de 2002 et de 2014. Ce dernier mouvement social avait alors plongé les ports de la côte ouest dans une crise sans précédent, dans le chaos pour les chargeurs américains, avec neuf mois de grèves du zèle, nécessitant l’intervention de la Maison Blanche.   

Interpellé par les exportateurs adhérents de l’APEX sur la flambée des taux de fret depuis deux ans et sur la concentration du shipping mondial par quatre compagnies maritimes (Cosco, CMA CGM, MSC, Maersk) Bertrand Simion explique que "sans les alliances la situation serait bien pire, avec une dégradation de la desserte des ports et les transit times. Il n’y a pas de collusion, nous sommes tenus par des lois concurrentielles depuis 2008 (année de la fin aux conférences maritimes, ndlr). En cas d’infraction, nous risquons la prison aux États-Unis et en Grande-Bretagne".   

Amorce d'un cycle baissier

Bertrand Simion fait preuve de pessimisme et évoque un retournement de conjoncture, avec l’amorce d’un cycle baissier. "Le marché va commencer à baisser. La situation ne va pas durer, la consommation va ralentir mais nous ne savons pas quand. Sur le court terme, les prévisions sont fortes sur 2022, avec beaucoup de fret à exporter. Nous allons entrer dans la période des imports pour Noël. Les perspectives à long terme sont très négatives et nous redoutons des événements imprévus comme la guerre russo-ukrainienne dans un contexte où nos coûts ont augmenté de 30 à 40 %. Par ailleurs, nous devons prendre des engagements long terme avec des affrètements de navires dans un contexte d’entrée en vigueur en 2023 de la nouvelle législation sur le carbone en 2023", conclut le responsable des lignes. 

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