Ebit, Ebitda et résultat net – les trois indicateurs clés reflétant la rentabilité de l’exploitation d’une entreprise, indépendamment de sa politique d’investissement ou de financement ou de sa structure fiscale –, affichaient au troisième trimestre 2023 des pertes de plus de 2,2 Md$. Le troisième trimestre 2024 s’inscrit dans le prolongement du premier semestre (au cours duquel l’armateur israélien avait bien redressé la barre). Le résultat d'exploitation avant les charges et produits financiers et impôts (Ebit) est passé en un an d’un déficit de 2,27 Md$ à un bénéfice de 1,23 Md$, son excédent brut d’exploitation (Ebitda) est sorti du territoire dangereux (- 2,34 Md$) pour engranger 1,13 Md$ de profits. En conséquence, le résultat net redevient bénéficiaire (1,12 Md$) contre des pertes (- 2,27 Md$).
Meilleur résultat de l'année
À l’image de ses pairs (pour lesquels la période entre juillet et septembre est bien partie pour être la meilleure de l’année), la société cotée depuis début 2021 en bourse aux États-Unis enregistre, à ce stade de son exercice, son meilleur résultat en huit trimestres. Ses recettes ont plus que doublé pour s'établir à près de 2,8 Md$ (contre 1,27 Md$ il y a un an, + 117 %), principalement grâce à un revenu moyen par EVP qui a bondi de 118 % d’une année sur l’autre, à 2 480 $ (+ 1 341 $) – le plus élevé de toute l’industrie –, mais aussi à ses volumes transportés (+ 103 000 EVP), à 970 000 EVP. Une hausse de 12 % par rapport à la même période en 2023, là encore un niveau bien supérieur à la croissance du marché.
Transpacifique et sport, le duo gagnant
Et tout comme Evergreen et HMM, la compagnie de ligne a généré une notable marge d’exploitation de 44,7 %. En cela, elle n’est surpassée que par la Taïwanaise (50,5 %) et la Coréenne (46 %). HMM et ZIM, huitième et neuvième leaders mondiaux, ont pour dénominateur commun de déployer l'une des plus importantes part de leur flotte sur le transpacifique, là où les taux ont été supérieurs à toutes les autres routes, et de présenter une forte exposition au marché au comptant. En l’occurrence, sur ce trade, l’armateur place 65 % de sa capacité en spot, ce qui lui a permis de tirer pleinement profit des très bonnes conditions sur ce marché.
« La décision que nous avons prise plus tôt dans l’année d'augmenter notre exposition aux volumes spot dans le commerce transpacifique a contribué à la solidité de notre troisième trimestre », met en avant Éli Glickman, PDG de ZIM. [Notre] agilité commerciale est l'un de [nos] principaux facteurs de différenciation ». Le dirigeant reconnaît que l’entreprise a bénéficié « d'un environnement tarifaire solide », tiré pari l'augmentation de sa capacité « avec de nouveaux navires plus grands, plus modernes et plus rentables ». Le transporteur doit être livré d'ici la fin de l'année des quatre derniers parmi les 46 porte-conteneurs en commande, dont 28 navires alimentés au GNL.
Des bénéfices désormais attendus au-dessus des 2 Md$
En conséquence, le groupe revoit nettement ses prévisions de bénéfices avant intérêts et impôts pour l'ensemble de l'année, qui ne sont plus estimés dans une fourchette de 1,45-1,85 Md$ mais de 2,15-2,45 Md$. Généreuse avec ses actionnaires (30 % du résultat net), la société versera en sus un dividende spécial d'un montant de 100 M$. Soit 40 M$ au total avec les 340 M$ (3,65 $ par action) au titre du résultat du troisième trimestre.
Serait-ce le moment pour sortir alors que le cours de l'action de ZIM a grimpé de 260 % au cours de l'année écoulée, reflétant le passage des pertes de 2023 à des profits extraordinaires. À la tête du NOO singapourien Eastern Pacific (qui vient d'acheter le portefeuille au fonds de capital-investissement Oaktree sa branche de location de navires Fleetscape), le milliardaire israélien Idan Ofer a annoncé après plus de 25 ans d’investissement son intention de vendre ou de conclure des accords dérivés « jusqu'à la totalité » de ses titres en circulation (62 % du capital de ZIM via Kenon Holdings, 14,8 millions d'actions). Une participation évaluée à 360 M$.
Le gouvernement israélien avait vendu la moitié de sa participation à Israel Corp. en 1969, qui, en 2007, était détenue à 55 % par la famille Ofer, très connue en Israël pour ses implications dans le domaine maritime (son frère est à la tête de Zodiac, l'autre grand gestionnaires de navires). La participation dans ZIM avait été cédée à Kenon Holdings en 2015.
Adeline Descamps
Un année qui s'annonce excellente pour ZIM
Pour les neuf premiers mois de 2024, ZIM a vu ses revenus quasiment doubler par rapport à la même période de 2023, à 6,26 Md$ (contre 3,96 Md$), en raison d'une augmentation à la fois des taux de fret 1 889 $ (versus 1 235 $) et du volume transporté (2,77 MEVP contre 2,49 MEVP).
À 1,87 Md$, l’Ebit revient en territoire positif, alors que le transporteur avait publié une perte d'exploitation de 2,46 Md$ entre janvier et septembre À cette échéance, le résultat net était de 1,59 Md$ (-2,54 Md$ en 2023). La trésorerie nette générée par les activités d'exploitation (2,60 Md$) est plus de trois fois supérieure (858 M$ en 2023). En conséquence, la marge d’exploitation est de l’ordre de 30 % (- 9 % en 2023).
A.D.
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