« Il va falloir cesser ces tours du monde que la chaîne de valeur fait parcourir aux marchandises », assène l’économiste Daniel Cohen, invité par le Journal du Dimanche à se prononcer sur les conséquences prévisibles du coronavirus Covid-19 sur l’économie mondiale.
Détecté pour la première fois dans la province du Hubei, circonscrit un temps à son foyer de contamination, épargnant ainsi le monde d’un scénario tant redouté, le coronavirus aura mis un mois pour sortir de ses frontières. Mais le mal économique était déjà fait quand il s’est propagé. Compte tenu de la sino-dépendance, la mise en quarantaine de la fabrique du monde s’est rapidement répercutée sur les chaînes d’approvisionnement de la planète, tant du côté de l’offre que la demande. L’économie mondiale était déjà affaiblie par la guerre commerciale déclarée par Donald Trump, dont la Chine ne sort d’ailleurs pas indemne, sa croissance passée sous la barre des 6 %. S’il est trop tôt pour estimer l’impact sur le géant économique asiatique – et donc sur toutes les autres économies – les économistes s’y emploient en s’accrochant à des précédents, tel le mémorable Sras de 2003. La comparaison avec le syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV), qui a coûté un point de PIB à la Chine et 0,2 % à la croissance mondiale, offre pourtant peu de pertinence scientifique. La Chine venait à peine d’intégrer l’OMC (2001). Elle n’était alors qu’à l’entame de son incroyable ascension et encore dispensable. Les Cassandre s’interrogent déjà sur l’après, pariant sur le fait que le monde échaudé va apprendre à se désintoxiquer de l’ex-Empire du milieu et comme un gage d’assurance, diversifier son sourcing, voire raccourcir leur chaîne de valeur. À moins que ce ne soit la Chine qui s’emploie à « acquérir une plus grande autonomie en matière technologique ». En attendant, le transport maritime est percuté dans toutes ses composantes.