Après la Provence et La Tribune, CMA CGM pourrait acquérir BFM et RMC

Roldophe Saadé, PDG de CMA CGM, dans l'émission Good morning business sur BFMTV

Crédit photo ©capture video BFM Business
CMA CGM a signé le 15 mars une promesse d’achat avec le groupe Altice France en vue de l’acquisition d'Altice Media, détenu par Patrick Drahi et propriétaire des marques BFM et RMC. Soit trois chaînes TNT nationales, dix chaînes TV locales, trois radios et 13,2 millions de téléspectateurs quotidiens revendiqués. Jusqu'où ?

Tour de grand huit dans les rédactions. CMA CGM a signé une promesse d'achat avec le groupe Altice France, détenu par Patrick Drahi, en vue de l’acquisition de 100 % du capital de Altice Media, propriétaire des marques emblématiques BFM et RMC avec ses nombreuses déclinaisons omnicanales : BFM Story, RMC Découverte, BFM Régions, BFM Business, BFM Radio, RMC Info Talk Sport, RMC BFM Play, BFMTV.com). Soit trois chaînes TNT nationales, dix chaînes TV locales, trois radios, une plateforme de replay et une plateforme digitale d’information et 13,2 millions de téléspectateurs quotidiens revendiqués en janvier.

Si l'opération obtient le feu vert réglementaire, en particulier l'autorisation de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), les supports de Patrick Drahi viendraient étoffer le pôle média du groupe CMA CGM, déjà riche de La Provence et de Corse Matin (acquis en septembre 2022 pour une valeur de 81 M€ et aux termes d’un interminable bras de fer avec le fondateur de Free, Xavier Niel) et de La Tribune et La Tribune Dimanche, le groupe de Jean-Christophe Tortora acquis en mai 2023, lequel est devenu le directeur général de Whynot Media, le pôle média du groupe CMA CGM.

Plus secondaire, le groupe de transport et de logistique est aussi entré au capital de façon minoritaire dans le groupe M6 de l'Allemand Bertelsmann et dans le média en ligne Brut en avril 2023 à la faveur d’une levée de fonds de ce dernier de 40 M€.

Portage familial

La transaction, basée sur une valeur d’entreprise de 1,55 Md€, sera portée par le groupe CMA CGM à 80 % et par Merit France (20 %), le fonds d'investissement familial (family office) dont Nicolas Reynard a pris les rênes en décembre 2023.

« Avec ce projet d’acquisition, nous avons l’ambition de poursuivre notre développement de long terme dans le secteur des médias (...), proposant des contenus d'information, de sport et d’entertainment, répondant aux besoins d’une audience toujours plus large et aux modes de consommation diversifiés », fait-on dire à Rodolphe Saadé, à la tête du groupe CMA CGM, dans un communiqué, qui met en avant un projet éditorial « tourné vers les grands enjeux de transformation économique, sociétale et territoriale ».

Un chiffre d'affaires de 362 M€

Fondé par Alain Weill et repris par Patrick Drahi en 2015, Altice Media (ex-NextRadioTV) a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 362 M€ et emploie près de 1 700 salariés dont plus de 900 journalistes.

Les procédures classiques de consultation des instances représentatives du personnel des sociétés concernées vont s'engager. Mais le groupe marseillais, fidèle à sa réputation sociale dont il se soucie, a déjà proposé le maintien de l’équipe dirigeante actuelle. Dans un message enthousiaste aux collaborateurs, Arthur Dreyfuss, le PDG d'Altice France, a souligné la possibilité « d'écrire la prochaine page du groupe ».

Ces derniers mois, les ennuis se sont en revanche abattus sur Patrick Drahi et Altice France, qui s'est développée en ayant un usage immodéré de la dette, estimée à près de 60 Md€. Outre cet endettement colossal, la maison mère est au centre, depuis plusieurs mois, d'un scandale de corruption, qui implique Armando Pereira, cofondateur du groupe. Mis en examen au Portugal, où il dirige une filiale du groupe, il est soupçonné d'avoir mis en place un réseau de fournisseurs détournant des fonds via la politique d'achats du groupe. Une enquête a également été ouverte en septembre par le parquet financier de Paris.

>>> Lire aussi : Monstre ou géant, CMA CGM ?

CMA CGM, jusqu'où ?

Patrick Drahi et Rodolphe Saadé se connaissent. Le premier a même mentionné le second dans une émission de France 2 (Quelle époque !), attribuant au PDG de CMA CGM le titre de « patron du port de New York », avec, pour un propriétaire d'un groupe de presse, un sens approximatif de la nuance.

Quant à CMA CGM, le retournement de marché sévère, dont les résultats financiers portent la trace avec un bénéfice annuel qui s'est volatilisé (de 24,9 à 3,6 Md$), n'a aucune prise dans son entreprise à marche forcée vers la constitution d'un groupe multiforme.

L'armateur de porte-conteneurs (à l'origine) vient d'avaler Bolloré Logistics, un patrimoine dans la commission de transport qui lui aura coûté 4,85 Md€. En revanche, il a jeté l'éponge dans la surenchère qui l'opposait au groupe américain GXO Logistics pour l'acquisition de l'entreprise britannique de solutions logistiques Wincanton qu'il estimait à 700 M€. 

La dette nette du groupe s’est établie à 3,7 Md$ au 31 décembre 2023. Elle flirtait avec les 20 Md$ avant la pandémie. Nul n'ignore désormais que le Covid-19 aura offert au transport maritime de conteneurs une parenthèse dorée mais beaucoup feignent de ne pas savoir qu'elle succédait à une décennie de sous-rentabilité. Celle-ci frappe à nouveau aux portes du secteur.

Adeline Descamps

 

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