Cette année, Le jury du Trophée de la Charte bleue était placé sous la houlette de Jean-Michel Berud, le président de la société de services maritimes Jifmar Offshore Services, ancien lauréat et par ailleurs propriétaire du Canopée, un roulier de 126 m doté d’une surface de voile de 1 500 m2 conçu pour le transport des éléments du lanceur Ariane 6.
Huit candidatures avaient été déposées par Marfret, TOWT, Neoline, Brittany Ferries, Costa Croisières, CMA CGM, Karibs Link, Carribean Line. Pour qu’elles ne restent pas à la seule confidentialité du jury, le Journal de la Marine Marchande a présenté chacun des projets pour les entreprises qui ont accepté de se prêter à l’interview.
Jean-Emmanuel Sauvée (AdF), Jean-Michel Berud (Jifmar) : Entretien croisé sur la décabornation
C’est la démarche entreprise par la compagnie marseillaise Marfret qui a retenu l’attention du jury en dépit de la qualité d’autres projets à forte dominante vélique cette année. Après avoir passé en revue les systèmes de propulsion assistée le plus approprié à ses navires, Marfret a opté pour le système eConowind de la société́ néerlandaise. Depuis janvier, le Marfret Niolon (5 283 tpl) est équipé de turbovoiles (VentiFoils) permettant, selon la société, de réduire la consommation de carburant du navire de 10 à 15 %. Du moins sur le trajet vers la Guyane, puis pour la remontée vers les Antilles. Sur la route depuis les Antilles vers l’Europe, les vents ne sont pas aussi favorables à la navigation sous voile, le trajet retour se fait donc exclusivement au moteur.
Le choix du Niolon tient précisément à son parcours, qui permet de profiter des alizés sur une bonne partie de la route, mais aussi à son chargement breakbulk et roulier. Les boites contenant les ailes rigides trouvent ainsi facilement une place en pontée, sans empiéter sur l’espace utile aux marchandises transportées.
Marfret expérimente depuis un an des ailes propulsives en conteneurs
« Conteneurisation de l’énergie »
Le système est estockédans un conteneur de 40 pieds et les ailes, pliables, peuvent être tournées automatiquement pour trouver les angles optimaux par rapport au vent apparent. Lorsqu’elles ne sont pas utilisées, les ailes rigides Ventifoil, hautes de 13,3 m, sont rétractables dans un conteneur opentop. En fonction des conditions météorologiques, l’officier de pont peut hisser les voiles à l’aide d’une télécommande. Alors que le prototype ainsi qu’une version améliorée sont à bord, une troisième version devrait prochainement embarquée. Avec l’objectif d’établir un cahier des charges pour une future construction neuve, qui intégrera au mieux cette technique.
« Nous croyons en la conteneurisation de l’énergie, c’est ce qui a guidé notre choix vers un système de turbovoiles stocké dans un conteneur 40’. Toute l’ingéniosité du conteneur, qui a transformé notre métier, est ainsi appliquée au système d’assistance propulsive du navire. Nous prévoyons de bâtir ce positionnement différencié en développant ce système à d’autres navires de notre flotte », a déclaré lors de la remise du prix Guillaume Vidil, incarnant la troisième génération à diriger l’entreprise.
La rédaction
*Le jury était composé de David Bolduc (directeur général de l’Alliance verte, un processus de certification environnementale), Rémi Mejecaze (chef de la mission Flotte de commerce), Sophie Panonacle (députée de la 8e circonscription de la Gironde, membre de la Team Maritime, groupe de parlementaires qui joue l’interface entre les acteurs maritimes publics et privés et le gouvernement et présidente du Conseil national de la mer et des littoraux), Sabine Roux de Bezieux (membre du conseil économique, social et environnemental et présidente de la Fondation de la mer), et de la rédaction du Journal de la Marine marchande.