Le gouvernement fixe un cap pour le kérosène vert dans l'aérien

Le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt sur ce sujet par le gouvernement a été salué par 5 industriels du secteur.

Crédit photo Airbus
50 % de kérosène vert en 2050. Le gouvernement a dévoilé sa feuille de route pour augmenter la part des biocarburants destiné au transport aérien. Si les technologies existent, le coût reste encore problématique 

Le 27 janvier dernier, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebarri ont choisi une usine Airbus de Toulouse pour dévoiler la feuille de route du gouvernement pour la conversion du milieu aéronautique au biocarburant.

Le gouvernement fixe un objectif d’incorporation de biocarburants de 2 % dès 2025, de 5 % en 2030 et de 50 % en 2050 (contre 0,1 % actuellement). Un cap très ambitieux qui ne pourra être satisfait avec les technologies actuelles. "Tout l’enjeu aujourd’hui porte sur la massification de la production des carburants aéronautiques durables", avance Jean-Baptiste Djebarri, qui annonce le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt à ce sujet par les ministères de l’écologie et de l’agriculture.

Cette initiative a été saluée par 5 industriels du secteur, Air France, Airbus, Safran, Total et Suez Environnement, qui se sont engagés avec l’État depuis 2017 à préparer le déploiement d’une filière française des biocarburants aéronautiques.

Une exploitation controversée 

Si la réglementation autorise jusqu'à 50 % de biokérosène dans les réservoirs des avions, la demande est quasi nulle en raison d’un coût trois fois supérieur à celui du kérosène d’origine fossile. En France, Total a commencé en 2019 l’exploitation controversée de sa raffinerie de La Mède près de Marseille, capable de produire 500 000 tonnes (t) de biocarburants chaque année à partir de retraitement de déchets (graisses animales, huiles de cuisson, …) et aussi d’huiles végétales avec du colza, du tournesol et de la palme, sujette à caution. Total indique pouvoir produire jusqu’à 100 000 t de bio-kérosène si la demande augmente.

Une fracturation de l’eau

D’autres procédés pourraient être mis en place. Ainsi la compagnie allemande Lufthansa, qui souhaite faire voler 5 % de sa flotte au kérosène vert d'ici 5 ans, s'est rapproché d’un projet pilote supervisé par l'université de Brême en partenariat avec le pétrolier Klesch. Les chercheurs ont réactualisé une ancienne méthode de production utilisée par la Luftwave pendant la seconde guerre mondiale et consistant à fracturer de l'eau en oxygène et hydrogène, grâce à de grande quantité d’électricité. L’hydrogène est ensuite combiné avec du carbone capté dans l'atmosphère. Le procédé est considéré "vert" si la source d’énergie utilisée pour cette opération est d’origine renouvelable, ce qui sera normalement le cas puisque l’électricité nécessaire sera tirée de l'énergie éolienne excédentaire produite sur la côte de la mer du Nord.

Une étude de l’ONG Transport & Environment a révélé que la conversion de tout le carburant aviation en kérosène non fossile avec la technologie actuellement disponible coûterait entre 3 et 6 fois plus cher que le kérosène traditionnel, ce qui entraînerait une augmentation des prix des billets de 58 %. Faute d’incitation fiscale ou d’un soutien fort, le kérosène vert aura du mal à décoller.

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