20 des 79 cas de coronavirus officiellement recensés fin avril en Ouganda étaient des conducteurs de poids lourds. Face au risque de propagation rapide de la pandémie par les routiers d’Afrique de l’Est, les Etats de la région ont décidé de multiplier les tests au sein de la profession. L’Ouganda, qui compte quelque 4 000 routiers, vient même de rendre obligatoire le dépistage de tous les conducteurs, et sera le premier pays au monde à adopter une réglementation de ce type. Les transporteurs et les logisticiens devront par ailleurs utiliser l’application de tracking "Truck Driver Journey Management System". "Ces nouvelles mesures sont destinées à rassurer la population, convaincue que le Covid est véhiculé par les conducteurs de poids lourds", explique l’épidémiologiste Monica Musenero, qui conseille le président ougandais.
Une expansion galopante au Kenya et en Tanzanie
Les chefs d’Etat de la communauté des pays est-africains (EAC) s’étaient mis d’accord auparavant pour renforcer la surveillance sanitaire des conducteurs de poids lourds au niveau régional, afin d’endiguer l’épidémie. L’Ouganda, comme le Rwanda, sont dépendants du trafic routier en provenance des ports de l’océan Indien, Mombasa au Kenya et Dar es Salam en Tanzanie. Or ces deux pays, et notamment leurs zones portuaires, sont en proie à une expansion galopante de la pandémie. Sur 1 500 conducteurs kenyans ou tanzaniens, testés début mai, 19 étaient positifs au coronavirus. "Il est clair que les conducteurs de poids lourds sont un facteur de contamination dans le pays", souligne le président ougandais, Yoweri Museveni.
Les conducteurs refoulés aux frontières
Les chefs d’Etat de la région ont donc décidé que les conducteurs de poids lourds de passage à Mombasa ou Dar es Salam seraient testés tous les quinze jours. Des unités de laboratoires mobiles, comme les deux unités financées par la banque d’investissement et de développement allemande KfW, à hauteur de 27 millions d’euros, doivent permettre de raccourcir la durée d’analyse des tests à cinq heures.
La décision de multiplier les tests dans la région a été prise à la suite d’embouteillages colossaux aux frontières, provoqués par un système de roulement de conducteurs, très impopulaires. Le gouvernement rwandais avait notamment, dans un premier temps, décrété l’interdiction pour les chauffeurs tanzaniens de franchir la frontière entre les deux pays. Leurs camions devaient s’arrêter à la frontière pour y être désinfectés, avant de poursuivre leur route avec un nouveau conducteur, rwandais.