"La fête est finie", a déclaré Matteo Salvini, en annonçant l’adoption, en conseil des ministres, d’un dispositif interdisant aux résidents de posséder une voiture immatriculée à l’étranger en Italie. Ce dispositif concerne toutes les catégories de véhicules. Pour l’homme fort du gouvernement italien, qui cumule les casquettes de vice-président du Conseil, ministre de l’Intérieur et patron de la Ligue, le parti souverainiste et populiste très cajolé par les sondages, cette interdiction va surtout permettre à l’État de faire tomber de l’argent frais dans ses caisses.
Car cette pratique, très prisée en Italie, permet aux conducteurs, selon Matteo Salvini, de contourner le paiement de la vignette auto obligatoire en Italie, les amendes, voire même l’assurance. Elle leur permet aussi d’éviter que leur véhicule soit pris en gage par le fisc italien pour obliger les conducteurs en situation irrégulière à payer leur dû.
Une mesure punitive
"En fait, cette mesure punitive concerne surtout les conducteurs des véhicules immatriculés en Roumanie et ils sont légion en Italie. La plupart ne sont pas en règle et en cas d’accident, il n’y a aucune possibilité d’obtenir des dédommagements si le conducteur n’est pas assuré", explique Amedeo Genedani, président d’Unatras, l’union des transporteurs italiens. Si cette mesure touche notamment les voitures, qu’en est-il des véhicules commerciaux ? "Nous avons déjà le dispositif sur le cabotage, qui nous permet de combattre la concurrence déloyale et il est appliqué. Le transporteur Gelin, par exemple, qui est installé en Italie, a dû payer une amende salée l’an dernier et réimmatriculer ici ses véhicules qui circulaient uniquement en Italie", ajoute Amedeo Genedani.
Une amende pouvant aller jusqu’à 2 848 €
Le dispositif, qui doit être approuvé par le parlement avant d’entrer totalement en vigueur, modifie deux articles du code de la route. Le premier oblige désormais les propriétaires d’un véhicule immatriculés à l’étranger – y compris dans les pays de l’Union européenne – et résidents en Italie, à changer leurs plaques dans un délai de deux mois. Le deuxième article, en revanche, introduit des dérogations pour les voitures de service, leasing ou location. Le siège social ou les succursales des sociétés qui donnent à leurs employés des voitures de service immatriculées à l’étranger, ne pourront pas être installés en Italie. Les sanctions prévues contre les transgresseurs sont importantes : d’abord une amende salée d’un montant pouvant aller jusqu’à 2 848 €, puis la saisie de la carte grise et du véhicule.