Le torchon brûle à nouveau entre l’Autriche et l’Italie, depuis le 1er janvier dernier. À l’origine de la nouvelle diatribe entre les deux pays, la mise en place, le 1er janvier dernier, de mesures réduisant le transit de poids lourds via le col du Brenner. Ce nouveau dispositif veut inciter le transfert du transit sur le rail pour faire chuter la pollution acoustique et la production d’émissions de CO2. Pour atteindre cet objectif, les autorités autrichiennes de la région du Tyrol ciblent les poids lourds transportant certaines catégories de marchandises comme le papier et le carton, les produits à base d’huiles minérales fluides, le ciment, la chaux et le plâtre, les tuyaux et les profilés, les câbles et les céréales. Désormais, ces poids lourds ne pourront plus circuler sur la portion d’autoroute A12 située entre les communes tyroliennes de Langkampfen et Ampass.
Le coup est rude
Pour le secteur du transport italien, le coup est rude. L’an dernier, l’Autriche a déjà réduit la circulation des camions transportant des troncs d’arbres, des minéraux de fer et de métaux non ferreux, le marbre et le travertin, le carrelage en céramique, les pierres et la terre provenant des chantiers de construction. Elle a aussi interdit la circulation la nuit et le samedi aux poids lourds ayant un PTAC de plus de 7,5 tonnes sur l’autoroute A12 qui traverse le Tyrol. Enfin, elle a triplé les péages et interdit la circulation depuis août dernier, aux poids lourds Euro 4 et Euro 6 immatriculés avant le 31 août 2018. "C’en est trop, au prétexte de sauvegarder l’environnement, l’Autriche pénalise l’économie italienne et fragilise le secteur des transports !", a tonné Paolo Uggè, vice-président de l’association de transporteurs Confcommercio-Fai-Conftrasporto.
370 M€ de pertes estimées par an
Selon les dernières estimations de l’Union des transports et celle des Chambres de commerce, 70 % des flux liés à l’importation et l’exportation de marchandises italiennes vers l’Europe passent à travers les Alpes et un quart via le col du Brenner, ce qui représente l’équivalent de 2,4 millions de camions par an. Autre donnée importante : 93 % des échanges représentant plus de 200 Mds€ par an entre la péninsule et les pays du Corridor scandinave-méditerranéen passent également par le col du Brenner. Sur la base de ces chiffres, l’association Confcommercio-Fai-COnftrasporto a calculé que l’adoption des restrictions représente une perte de l’ordre de 370 M€ par an pour la péninsule, les camions devant modifier leurs parcours, ce qui implique une perte de temps importante.
Agir vite
Pour obliger les Autrichiens à faire marche arrière, l’association Confcommercio-Fai-COnftrasporto a demandé au gouvernement italien de multiplier les pressions à Bruxelles. L’idée en fait est que l’Italie devrait brandir la menace de l’obstructionnisme tous azimuts face à la Commission européenne pour l’obliger à demander aux autorités autrichiennes de modifier leur nouveau dispositif routier. "Il faut agir d’autant plus vite que le nouveau gouvernement autrichien veut renforcer le principe de la concurrence et favoriser le trafic local des marchandises en maintenant un prix bas pour le gasoil sauf en ce qui concerne la circulation des poids lourds entre l’Italie, le Haut-Adige et les états membres de l’Europe du Nord qui ne pourraient plus, en parallèle, faire le plein en Autriche", dénonce Thomas Baumgartner, président de l’association Anita Confindustria.