Les chercheuses de l’AWI sont convaincues que les dommages auraient pu être évités, si le secteur avait, à l’époque, eu recours à des méthodes modernes de prévision du niveau des cours d’eau. « Les armateurs et toutes les entreprises dépendant du transport fluvial ont besoin de prévisions fiables pour planifier leur production et honorer leurs contrats», sait Monica Ionita. Avec sa collègue, elle vient de présenter leur modèle de prévision à long terme et assurent que celui-ci a fait ses preuves en laboratoire, au cours des derniers mois, sur le Rhin et l’Elbe.
Convaincre les industriels
Monica Ionita et sa collègue Viorica Nagavciuc travaillent, depuis 2015, à leur modèle statistique, basé sur les données climatiques et maritimes. Ce modèle permet d’estimer « très précisément combien d’eau se trouvera en différents points d’un fleuve à l’avenir », précise la chercheuse. Et le calcul a fonctionné aussi pour l’été exceptionnellement sec de 2018. « Concrètement, nous pouvons prévoir au plus tard fin mai comment va évoluer la quantité d’eau qui se trouve dans un fleuve d’ici la fin septembre de la même année. Nous pouvons estimer si ce niveau sera plus ou moins élevé que l’année précédente », ajoute Monica Ionita. Le modèle statistique développé par l’équipe d’AWI s’appuie sur 70 années de données climatiques et maritimes : quantité d’eau dans certains fleuves, paramètres pluviométriques, maritimes, températures de la surface des océans dans certaines régions du globe… Dans le cas du Rhin et de l’Elbe, la température de la surface de l’eau dans le Nord de l’Atlantique serait décisive, selon Monica Ionita. « Cette donnée détermine dans quelles directions vont évoluer les pluies et les tempêtes ». Le programme informatique développé par les chercheuses permet alors de prédire quelle quantité d’eau se trouvera dans quelle portion d’un fleuve quelques mois plus tard.
Les deux chercheuses espèrent convaincre plusieurs industriels de la pertinence de leur modèle. Le chimiste BASF à Ludwigshafen, sur le Rhin, dispose de son propre modèle de prévision à six semaines et travaille avec les experts de l’Office fédéral de la recherche sur les cours d’eau (BfG). Pour la porte-parole de BASF : « Nous espérons pouvoir développer un modèle à plus long terme, en croisant différents types de données. Le modèle d’AWI serait pour nous une alternative intéressante. Cela nous aiderait à affiner les mesures que nous adoptons en cas de niveau trop faible du Rhin ».