Seine-Nord Europe : le chantier démarre en 2021

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L’édition 2020 de Riverdating a été l’occasion pour la société du canal de faire le point sur le démarrage imminent du chantier de Seine-Nord Europe. De son côté, VNF a expliqué les travaux à venir sur le réseau fluvial avec les financements supplémentaires du plan de relance. Le canal Seine-Nord Europe, c’est parti ! », s’enthousiasme Pierre-Yves Biet, directeur des partenariats et des territoires de la société du canal Seine-Nord Europe (SCSNE), qui a rappelé l’objectif d’une remise des clés du nouveau canal à Voies navigables de France (VNF) pour fin 2028, lors d’une table ronde de Riverdating le 2 décembre 2020. Depuis le début, le projet a sans cesse été remis en question et a connu des hauts et des bas : obtention de la déclaration d’utilité publique en 2008, impasse du schéma de partenariat public-privé, puis relance du projet grâce aux financements européens et locaux. Européen dès l’origine, le canal est désormais aussi territorial, la SCSNE étant devenu en avril 2020 un établissement public local, qui assure la maîtrise d’ouvrage avec une équipe d’une cinquantaine de personnes. Au total, 400 personnes travaillent aujourd’hui à préparer le chantier, qui va démarrer en 2021 pour le premier secteur, celui de Compiègne, le plus au sud du tracé du futur canal. Jusqu’à 6 000 personnes seront mobilisées au plus fort des travaux, en 2024, quand tous les secteurs seront en chantier simultanément. « Le projet avance, et c’est la concrétisation de 30 ans de conception, de débats, d’espoirs et de craintes. Ce délai est le lot de tous les grands projets, et celui-ci est exceptionnel », résume Pierre-Yves Biet. Sur 107 km, entre Compiègne (Oise) et le canal Dunkerque-Escaut (Pas-de-Calais), le chantier s’annonce colossal : une retenue d’eau d’un volume de 14 millions de m³ doit être créée pour faire face à l’étiage de l’Oise ; 9 Mt de matériaux de carrière et 1 Mt de pulvérulents seront employés pour la construction des ouvrages, l’étanchéité du canal et la protection des berges ; 200 000 t d’acier seront aussi mises en œuvre, principalement pour la construction du pont-canal au-dessus de la Somme et des six écluses, avec 25 m de hauteur de chute pour la plus grande d’entre elles. {{IMG:1}}

Le canal du Nord mis à contribution

Bien que d’un gabarit plus modeste (800 t environ, contre 4 400 t pour le futur canal Seine-Nord), l’actuel canal du Nord sera mis à contribution pour acheminer tous ces matériaux de construction.

« Dans le cadre de la politique d’achat de la SCSNE, il est prévu de faire participer les PME à toutes les phases du chantier. Il y aura des opportunités pour les transporteurs actifs aujourd’hui sur le canal du Nord, qui pourront répondre à des appels d’offres. Nous travaillons à la fluvialisation du chantier, avec l’objectif d’en sécuriser la logistique et de limiter les nuisances pour la population et l’empreinte environnementale. Seine-Escaut met aussi un fort coup de projecteur sur le transport fluvial, qui ne peut que favoriser les bateliers, par exemple, pour l’obtention de financements bancaires s’ils veulent investir dans un nouveau bateau », indique Pierre-Yves Biet.

En outre, le canal du Nord restera navigué pendant les travaux de Seine-Nord non seulement pour l’approvisionnement du chantier en matériaux de construction mais aussi pour la poursuite des transports fluviaux actuels, qui assureront le fond de cale du nouveau canal et permettront d’avoir le trafic le plus élevé possible sur Seine-Nord dès son ouverture. À partir de 2028, c’est VNF qui assurera l’exploitation du nouveau canal. L’établissement public prépare d’ores et déjà sa connexion européenne, en particulier avec le réseau fluvial belge, Seine-Nord n’étant que le maillon français de la liaison Seine-Escaut, destinée à relier à grand gabarit le bassin de la Seine aux grands ports maritimes de la mer du Nord. Guy Rouas, directeur de l’infrastructure, de l’eau et de l’environnement de VNF, rappelle que les travaux ont déjà commencé dans le Nord sur la Deûle, sur le canal Condé – Pommerœul ainsi que sur la Lys mitoyenne avec la Belgique. Ils vont se poursuivre sur le bassin de la Seine, avec la mise à grand gabarit de l’Oise et, en amont de Paris, du secteur allant de Bray à Nogent-sur-Seine.

600 millions d’euros sur trois ans

Au-delà des travaux concernant Seine-Escaut, qui font l’objet de très importants financements européens, c’est l’ensemble du réseau de VNF qui va bénéficier d’investissements accélérés, profitant du plan de relance. S’ajoutant à ces financements européens, aux fonds propres de VNF, à ceux budgétés par l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) et aux apports des régions dans le cadre des contrats de plan, les 175 millions d’euros de la partie fluviale du plan de relance permettront à VNF d’investir 600 millions d’euros dans la rénovation du réseau au cours des trois prochaines années. « Un chiffre jamais atteint dans l’histoire de VNF », souligne Guy Rouas, qui pointe les projets qui en bénéficieront. Digitalisation, avec l’installation de fibre optique le long des canaux et la construction de 20 postes centraux de commande et d’une centaine de centres de maintenance répartis sur le territoire pour gérer tout le réseau. Gestion de l’eau, avec, pour faire face aux étiages, la rénovation d’une cinquantaine de barrages réservoirs alimentant les canaux à bief de partage, principalement dans le Nord-Est et le centre de la France. Ou encore des travaux d’adaptation au tourisme du réseau de petit gabarit, en lien avec les collectivités locales. « Le plan de relance est engagé depuis avril par les services du ministère. Huit régions sont concernées pour VNF, qui définit avec ses directions territoriales les ouvrages qui feront l’objet de travaux », rappelle Guy Rouas. La liste précise des ouvrages concernés a été décidée lors du conseil d’administration de VNF le 16 décembre 2020.

Témoignage de chargeur

Pour le groupe Adeo, qui rassemble des grandes enseignes de bricolage, décoration et loisirs, les premiers transports fluviaux datent de 2005 pour des flux imports. « Aujourd’hui, partout où c’est possible, le mode fluvial s’impose par défaut. Cela est possible car la majorité des entrepôts sont proches de ports intérieurs, à des distances raisonnables. Il y a eu la volonté du groupe de s’engager vers la voie d’eau dans le cadre d’une démarche sociétale et environnementale globale », a précisé Olivier Martineau, responsable du service transport et douane, lors de Riverdating 2020. Seuls deux entrepôts ne sont pas bien situés pour utiliser le fluvial. En 2019, un total de 11 921 EVP a été transporté pour Adeo par la voie fluviale sur les bassins du Nord, de la Seine et de Rhône-Saône. « Les temps d’approvisionnement ont été rallongés de quelques jours avec le transit fluvial mais nous avons revu nos schémas logistiques pour prendre en compte ce délai supplémentaire. Nous négocions directement avec les opérateurs fluviaux. Avec les volumes que nous faisons, nous constatons une économie de 15 % par rapport aux coûts d’un transport par la route. Nous nous sommes engagés vers le fluvial en dehors de tout soutien », a ajouté Olivier Martineau. Ce responsable a aussi évoqué les frais de manutention qui s’appliquent au fluvial et pas au transport routier. Pour lui, cette situation « vient déséquilibrer la balance dont pourrait bénéficier le fluvial d’un point de vue strictement économique par rapport au routier. Il faudrait peut-être mettre l’Etat en face de ses engagements en faveur du report modal et donner les moyens aux opérateurs et aux chargeurs de privilégier le mode d’acheminement fluvial ».

Par Clotilde Martin

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