« Train de Noé », le salut viendra du rail

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Parti de Katowice en Pologne le 14 décembre 2018 à la fin de la conférence sur le changement climatique (COP 24), le « train de Noé » a fini son périple à Bruxelles le 20 février 2019. Il était passé par Paris le 5 février, accueilli par la ministre des Transports Elisabeth Borne et les membres de Rail Freight Forward.

En marge de la présentation du plan d’action de Rail Freight Forward, des entreprises européennes de fret ferroviaire ou de transport combiné, membres de cette coalition, ont accueilli le «train de Noé» à Bruxelles, le 20 février 2019. Parti de Katowice le 14 décembre 2018 à la fin de la conférence sur le changement climatique (COP 24), il est passé successivement par Vienne, Berlin et Paris avant d’arriver à Bruxelles, s’allongeant à chaque arrêt de deux wagons additionnels chargés de conteneurs décorés d’animaux hauts en couleurs par des artistes de rue locaux. Il est composé de wagons de 5 entreprises de fret ferroviaire, membres de la coalition Rail Freight Forward : SNCF Logistics, DB Cargo, Lineas, RCG, PKP Cargo.

« La plus longue œuvre d’art urbain mobile au monde » se veut porteuse d’un message clair : Noé, « premier activiste climatique », a sauvé la nature en construisant une arche ; cette fois-ci, le salut viendra du rail. C’est sans doute involontaire, mais cela aura été la seule référence explicite faite à un bateau… Les différents intervenants ont mis en exergue le fait que le train ne cherchait pas à prendre la place du camion. « Le transport routier déploie lui aussi beaucoup d’innovation. Mais cela ne suffira pas », a affirmé Geert Pauwels. « Personne d’entre nous ne veut déclarer la guerre à la route, a renchéri Clemens Först. Chaque mode a ses mérites. La solution ultime réside dans la multimodalité ».

Ce train fret de Noé a pour objectif de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs politiques à la nécessité d’accélérer le report modal, pour, entre autres, tenir les engagements européens en matière des réductions des émissions de carbone. À chaque station, des messages de la société civile (ONG, citoyens) et de différents acteurs du monde ferroviaires ont été récoltés et seront remis aux décideurs politiques nationaux et européens

Favoriser le report modal

Le « train de Noé » était à Paris le 5 février 2019, accueilli là-aussi par des adhérents de Rail Freight Forward et par Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports.

À cette occasion, Sylvie Charles, SNCF Logistics, a expliqué la démarche de Rail Freight Forward : « Nous nous sentons responsables des mesures à prendre pour favoriser le report modal, pour rendre les externalités des modes plus équilibrées. Mais pas seuls. Nous avons besoin des gestionnaires nationaux d’infrastructures, des pouvoirs publics nationaux et européens, des citoyens ». Pour elle, le ferroviaire en France pourrait passer à une part modale comprise entre 10 et 20 %.

Pascal Sainson, président d’Europorte et de l’AFRA, a mis en avant les atouts du ferroviaire, « un mode durable » et la volonté « très forte » des membres de Rail Freight Forward de transformer le fret ferroviaire vers davantage de qualité, de fiabilité, de flexibilité, d’aller plus loin en matière de digitalisation, d’innovation, de solutions multimodales. Pour lui aussi, cette transformation ne peut s’effectuer seul, il faut que les entreprises ferroviaires travaillent ensemble avec le soutien des gestionnaires d’infrastructures, des pouvoirs publics. Ces derniers doivent notamment faire en sorte que « le cadre réglementaire soit stable et équitable entre les modes et que le transport routier prenne mieux en charge ses coûts externes. Le prix des sillons doit être supportable pour nos clients. Il est impératif de maintenir, rénover et développer les lignes pour accéder aux sites industriels et aux ports dans les meilleures conditions ». De leur côté, les gestionnaires d’infrastructures doivent « offrir et gérer des infrastructures interopérables, standardisées, accessibles et de grandes capacités, sans goulets d’étranglement au sein duquel le trafic pourra être géré en temps réel ».

Dominique Denormandie, président du Groupement national du transport combiné (GNTC) a appelé à « un grand plan national du ferroviaire et du transport combiné » plus particulièrement rail-route. Il a formulé plusieurs propositions : renforcer la qualité des services et des infrastructures, mettre en place des sillons dédiés pour le fret ferroviaire ainsi que des plates-formes de transport combiné pour un maillage du territoire, valoriser les émissions évitées grâce aux parcours multimodaux. « Ce sont des préconisations pragmatiques, vertes et citoyennes ».

Pour le gestionnaire d’infrastructures SNCF Réseau, Jean Ghedira, a reconnu les besoins de sillons pour le fret, mis en avant les travaux lancées sur plusieurs voies de service dans le cadre du plan de 100 M€ sur 5 ans.

Des mesures prises en France

Pour la ministre des Transports Elisabeth Borne, ce train qui parcourt l’Europe pour sensibiliser au développement du fret ferroviaire n’entraînera bien sûr pas une explosion des trafics mais c’est un événement populaire qui peut amener les citoyens à une prise de conscience et à une mobilisation en faveur du report modal.

Elle a rappelé que le gouvernement français a pris des mesures pour favoriser le développement du fret ferroviaire dans le cadre de la loi pour un nouveau pacte ferroviaire de juin 2018 marquée notamment par la reprise de la dette de SNCF Réseau (35 Md€) et du plan d’investissement dans l’infrastructure ferrée de 3,6 Md€ par an sur dix ans. Elle a cité la remise à plat des péages, la décision de ne pas les augmenter, le maintien de la compensation fret à 90 M€ par an. Le soutien au transport combiné a été pérennisé pour 5 ans avec une aide à la pince de 27 M€ par an. Elle a mentionné le lancement d’un plan de remise en état des lignes capillaires fret, doté de 10 M€ par an sur la période 2019 à 2023. Il y a aussi le plan sur les lignes de services doté de 100 M€ sur 5 ans.

« Notre soutien au fret ferroviaire va aller au-delà de ces mesures, a poursuivi Elisabeth Borne, avec le projet de loi d’orientation des mobilités qui comprend une programmation des infrastructures. Il comprend un volet sur la régénération d’infrastructures ferroviaires dans le cadre d’une amélioration de la performance des systèmes logistiques ». Elle a cité les travaux en cours sur la liaison ferroviaire Serqueux-Gisors, dont l’achèvement est programmé en 2020, et l’amélioration de la desserte ferroviaire des terminaux de Marseille-Fos. Enfin, elle a indiqué comme autres axes de travail : les installations terminales embranchées, la réduction du bruit, les trains longs pour le fret. « Il faut avancer tous ensemble, le train de Noé en est l’illustration ».

Bruxelles n’était peut-être pas la dernière étape du « train de Noé ». Une autre tournée du train est envisagée avec des étapes au Luxembourg, en Suisse, en Italie, pays où des entreprises de fret ferroviaires ont décidé de rejoindre la coalition Rail Freight Forward.

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