Les prix vertigineux pratiqués dans le transport maritime conteneurisé, qui ont quintuplé, dénoncés par les chargeurs, pourraient redescendre à l’automne, selon Cyril Jarnet, Pdg de la société de courtage Parimar Brokers France et président de la Chambre syndicale des courtiers d’affrètement maritime et de la vente des navires de France : "Le phénomène va durer jusqu’en septembre prochain, ce sera difficile quelques mois encore pour les chargeurs mais nous devrions revenir à une normalisation des taux de fret pour redescendre au niveau de 2019. Les navires désarmés pourraient reprendre du service et de nouvelles commandes ont été passées contribuant à l’augmentation de la capacité navires."
Smartport, le grand écart selon les ports !
La pandémie n’a pas seulement entraîné un bouleversement de la chaîne d’approvisionnement. Elle a ouvert une brèche dans les bas-fonds du web. "Les cyberattaques dans le maritime ont flambé de 400 % entre février et mai 2020 ! Il faut réagir en urgence. Nous préparons des lignes directrices sur la sécurité des ports. Ces "guidelines" seront soumises à l’examen du comité de la sécurité maritime (MSC) de l’OMI à l’automne prochain. La situation s’avère être bien pire que ce que nous imaginions. Un tiers des ports a mis en place des mesures de protection, un autre tiers y travaille et le reste ne fait rien. La notion de smartport fait le grand écart !", s’alarme Patrick Verhoven, directeur général de l’association internationale des ports (IAPH). CMA CGM, MSC et récemment Cosco ont été la cible des hackers avec des retombées financières très lourdes.
" Nous sommes assez légers sur certaines choses, voilà pourquoi le secteur subit des attaques cyber. Les investissements doivent s’accélérer y compris chez les agents et courtiers maritimes. Dans les domaines de l’affrètement et de la vente de navires, les documents sont signés sous forme électronique ce qui soulève le sujet de la sécurité et de l’authenticité des signatures et des pièces jointes. Et puis à terme, le sujet de la sécurité va se poser sur les navires de plus en plus automatisés", relève Cyril Jarnet.
Renforcer la sécurité des données
Privant les citoyens de contact physique, la pandémie a accéléré la gestion électronique de la documentation maritime. " Au Maroc, à compter du 22 avril 2021 nous dématérialiserons les paiements après avoir numérisé les documents administratifs de la flotte. Deux clouds souverains vont être construits au Maroc pour renforcer la sécurité de nos données", annonce Amane Fethallah, directrice générale de la Marine Marchande Marocaine.
Autre point crucial, la question des relèves d’équipages et de l’inspection des navires par temps de covid. "Il faut absolument que les marins soient considérés comme des travailleurs clés et puissent être vaccinés. L’OMI a constitué une cellule de crise pour les compagnies maritimes tombées en faillite qui abandonnent leurs marins sur les navires. La question du renouvellement des certificats des navires se pose également. Il faut faciliter l’accès des inspecteurs et des sociétés de classification à bord au risque que la flotte mondiale soit moins bien entretenue", avertit Brice Martin-Castex, administrateur à l’OMI.
