Les émissions de CO2 du transport de fret multipliées par 4 d'ici 2050

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Les émissions de CO2 dues au transport de marchandises vont quadrupler d'ici 2050, d'après une étude de l'OCDE. La croissance des pays en développement prendra la plus grande part de cette hausse, avec un recours accru à la route.
Alors que le monde cherche à Paris des solutions pour freiner le réchauffement climatique, l'International Transport Forum (ITF), a tenté d'anticiper l'évolution des émissions de CO2 générées par le secteur, qui devrait être multiplié par 4 en 40 ans.
D'après l'organisation des pays de l'OCDE dédiée au transport, "l'impact à long terme du commerce mondial sur les émissions de CO2 a été largement ignoré". Or, ces rejets de gaz à effet de serre sont surtout causés par le déplacement physique des biens échangés, souligne l'ITF. Celle-ci estime que le fret international est aujourd'hui à l'origine de 30 % des émissions de CO2 générées par la combustion du carburant utilisé pour le transport et de plus de 7 % des émissions mondiales.
Pour établir son document intitulé "L'empreinte carbone du commerce international", l'agence a utilisé un modèle tenant compte de toutes les composantes d'un transport de fret de porte à porte. L'hypothèse de base est une croissance des échanges mondiaux de 3,5 % par an, soit une multiplication par 4,1 sur 40 ans (exprimée en valeur). D'après cette étude, les émissions de CO2 causées par le transport de marchandises devraient être multipliées par 3,9 de 2010 à 2050, passant de 2,11 à 8,13 milliards de tonnes par an, malgré les progrès technologiques. "Ceci devrait sérieusement contrarier les objectifs climatiques", estime l'ITF.

Allongement des chaînes de transport

Différents scénarios ont été projetés concernant les futurs accords de libre-échange. Dans le cas le plus libéral l'agence anticipe une réorientation de la croissance économique et des flux vers les pays non-membres de l'OCDE. Ce scénario induirait une hausse de 15 % des émissions de CO2 dues au transport de fret par rapport à sa prévision de base.
Dans ce cas d'"ouverture multilatérale", la part des émission issues des échanges entre pays de l'OCDE serait divisée par deux, de 47 à 25 %, le commerce entre pays tiers passant de 15 à 33 %.
Selon l'ITF, une telle évolution des flux s'accompagnera irrémédiablement d'un allongement des chaînes d'approvisionnement, avec l'éloignement croissant des pôles de production et de consommation. Ce sera surtout marqué sur l'axe Atlantique Nord, vers l'océan Indien et le Pacifique Nord. "La distance moyenne d'un transport international augmentera de 12 % entre 2010 et 2050", prédit l'étude. Celle entre économies développées et marchés émergents évoluera peu alors que celle entre pays en développement s'allongera de 20 %. Dans le même temps, le phénomène d'éclatement des lieux de production dans le monde devrait s'accélérer, selon l'ITF.
La répartition des émissions par mode en sera elle aussi affectée. La part de la route devrait augmenter de 53 à 56 % et celle de l'aérien de 7 à 9 %, celle du maritime baisser de 37 à 32 %, tandis que la part du ferroviaire devrait demeurer à 3 %.

La part de la route en forte hausse

L'étude fournit trois raisons principales à la hausse des émissions de CO2 et à l'évolution de leur répartition modale.
La première est donc l'allongement des distances entre les partenaires commerciaux. La plus forte augmentation des émissions en valeur absolue concernera de très loin l'intra-Asie – 3,2 milliards de tonnes en 2050, soit près 2,5 de plus qu'en 2010 – devant le corridor Pacifique Nord. La plus forte hausse relative se situe sur l'intra-Afrique (+689 %).
La deuxième raison tient justement à la localisation de cette croissance sur les marchés intérieurs asiatiques et africains, régions où les infrastructures de transport sont les moins développés à l'heure actuelle. Ainsi, cette tendance devrait accroître le recours au transport routier, le plus émetteur de CO2.
Enfin, pour l'ITF, la sophistication croissante des produits exportés devrait aussi augmenter la part du transport aérien, qui bénéficie d'un avantage concurrentiel pour les biens à haute valeur ajoutée et qui reste le plus polluant des modes à la tonne transportée.

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