Dans la municipalité insulaire d'Øygarden, le terminal terrestre et ses 12 grandes citernes métalliques flambant neuves, prêtes à recevoir du CO2, vient d'être mis en œuvre. Une pièce essentielle dans le projet Northern Lights, porté par les groupes pétroliers Equinor, Shell et TotalEnergies, visant à enfouir sous le plancher océanique le CO2 qui sera capté à la sortie de cheminées d'usines européenne.
C'est là que le CO2, préalablement liquéfié pour être transporté, sera acheminé par des navires LCO2 puis injecté, à 110 k au large, à 2 600 m sous les fonds marins. le Sa capacité de stockage annuelle de 1,5 Mt pourra être portée à 5 Mt en fonction de la demande.
Northern Lights veut faire du captage et stockage du carbone (Carbon Capture and Storage), technologie controversée (dans le sens où elle pourrait prolonger l'exploitation des énergies fossiles), complexe et coûteuse, une solution techniquement faisable, a indiqué à l'AFP le directeur de l'entreprise, Tim Heijn.
Solution de transition
Reconnu comme une solution de transition par le GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), notamment pour réduire l'empreinte d'industries difficiles à décarboner telles les cimenteries ou la sidérurgie, la capacité totale de captage de CO2 n'atteint aujourd'hui que 50,5 Mt dans le monde, selon l'Agence internationale de l'énergie. Soit 0,1 % des émissions annuelles mondiales.
Son développement est freiné par son coût dissuasif notamment par rapport à l'achat par les industriels de quotas d'émission de CO2, qui restent à un niveau abordable pour les industriels. Le projet dépend aussi largement des subventions. Dans le cas de Northern Lights, l'Etat norvégien a endossé, lors de la première phrase, 80 % des coûts, non communiqués. Le coût total du projet Northern Lights est estimé à 30 milliards de couronnes (2,6 Md€), dont 20 milliards à la charge de l'État norvégien.
Avec ses gisements d'hydrocarbures épuisés et son vaste réseau de gazoducs, la mer du Nord est une région propice à l'enfouissement de CO2. D'autres projets de stockage sous-marin avancent en parallèle, dont Greensand développé par Ineos et 23 partenaires au large du Danemark et qui prévoit de démarrer fin 2025 ou début 2026.
Copie révisée
Le projet pensé initalement prévoyait l'installation de dispositifs de captage de CO2 sur deux sites en Norvège. Si la cimenterie de Heidelberg Materials à Brevik doit bien expédier son CO2 l'an prochain, les surcoûts ont obligé à revoir les plans concernant l'usine de traitement des déchets de Hafslund Celsio à Oslo.
Des premiers accords commerciaux transfrontaliers ont en outre été contractés avec le producteur d'engrais Yara et le groupe énergétique Ørsted pour enterrer du CO2 en provenance d'une usine d'ammoniac aux Pays-Bas et de deux centrales à biomasse au Danemark.
Les ONG environnementales, qui voient dans le CCS un permis à continuer à polluer (soupçon accentué par le fait que les projets sont portés par des groupes pétroliers), craignent par ailleurs que la technologie absorbe des investissements qui devraient être prioritairement fléchés vers énergies réellement renouvelables, selon eux.
A.D. avec la contribution d'agences
>>> Lire sur ce sujet
Greensand : l’injection de CO2 en Mer du Nord ouvre la voie au transport maritime de CO2 liquéfié
Concorde entre cinq pays nord-européens en faveur du transport de CO2
À l'approche de la COP28, la question de l'abandon des hydrocarbures tend les relations
La capture et stockage de carbone, la grande absente du discours présidentiel