Nestlé signe un accord «biocarburants » avec CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd

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Pour réduire l'empreinte carbone de ses transports par la mer, la multinationale suisse à la constellation de marques compte s'appuyer sur les porte-conteneurs alimentés en biocarburants de CMA CGM, Maersk et de Hapag-Lloyd. Nestlé rejoint d'autres grands chargeurs qui ont signé des contrats similaires.  

« Pour atteindre le niveau zéro, il faut modifier de nombreux aspects de la manière dont nous nous approvisionnons, fabriquons et distribuons nos produits. Les accords que nous avons signés contribueront à réduire les émissions et à produire des effets positifs immédiats sur notre empreinte carbone », soutient Stephanie Hart, responsable mondiale des opérations chez Nestlé.

La multinationale suisse à la centaine de marques toutes plus connues les unes que les autres (Vittel, Aquarel, San Pellegrino, Perrier, Kit Kat, Smarties, Lion, Ricoré, Nespresso, Nescafé, Maggi, Buitoni Chocapic, Nesquik, After Eight, Quality Street...) a signé un accord avec Maersk, CMA CGM et Hapag-Lloyd en vue de transporter 50 % de son fret avec des biocarburants de deuxième génération (déchets agricoles et forestiers, à base de lignine et de cellulose).

Avec cette opération, le géant de l'agroalimentaire cherche à « abattre » 200 000 tonnes d'équivalent CO2 par an. Le groupe s'est engagé diviser de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 et à atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050.

Les biocarburants peuvent réduire les émissions du transport maritime par conteneurs de plus de 80 % par rapport au carburant conventionnel (VLSFO), soutiennent les armateurs. Une donnée surprenante car, à ce jour, l'intégration des biocarburants dans les soutes dépasse rarement les 30 %. Des tests sont encore à réaliser pour faire absorber davantage par les moteurs. Chez Maersk par exemple, les navires ayant brûlé ces carburants n'ont assuré que 2 % des volumes maritimes totaux l'année dernière.

« Cet accord avec Nestlé est l'un des premiers du genre, par lequel des transporteurs et des chargeurs s'engagent à décarboner la totalité des émissions du transport maritime de type 3. Cette initiative prouve qu'il existe des solutions pour décarboner le scope 3 des BCO », a indiqué à cette occasion Christine Cabau-Woehrel, vice-présidente exécutive de CMA CGM.

Après Amazon, Zara, H&M...

Début septembre, le géant de l’e-commerce Amazon avait également signé un accord pour le transport de 20 000 conteneurs de 40 pieds avec du biocarburant en adhérant à l'offre de transport Eco Delivery de Maersk.

Sous cette marque, le transporteur danois s'engage à transporter avec des carburants alternatifs, biocarburants ou méthanol vert (quand ce dernier sera disponible).

Amazon comme Ikea, parmi les plus gros chargeurs en volumes, se sont engagés à s’affranchir totalement des carburants fossiles pour leur fret maritime d'ici 2040.

En octobre, Inditex, la maison mère des marques de prêt-à-porter Zara Massimo Dutti, a rejoint le club des chargeurs Eco Delivery. Le secteur du prêt-à-porter a représenté 26 % des quelque 240 000 conteneurs que Maersk a transportés l'année dernière en utilisant des biocarburants dans le cadre de ses contrats ECO Delivery.

L’industrie de la mode est un lourd contributeur aux émissions de CO2 (de 2 à 8 % selon un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement) en raison de la délocalisation de la production dans des pays (Chine et Asie du Sud-Est) loindes centres de décision et des bassins de consommation (Europe et États-Unis).

L'enseigne de prêt-à-porter H&M, qui promet d'être neutre en carbone d’ici 2040, a affirmé qu’une « part significative » de ses transports maritimes avait été effectué avec des combustibles bas carbone ces deux dernières années. Maersk a confirmé que le détaillant avait été l’un de ses premiers clients à adhérer à son offre de transport plus verte.

25 % pour Electrolux

Il y a un an, le fabricant suédois d'appareils électroménagers Electrolux a signé avec CMA CGM et Maersk pour faire transporter 25 % de son fret maritime avec des carburants bas carbone (soit quelque 80 000 EVP).

Maersk, qui est l’une des premières compagnies à avoir commandé des navires au méthanol, vient d’être livré de son feeder, le premier d’une flotte portée à 25 porte-conteneurs, tous livrables d’ici 2025.

CMA CGM soutient que 120 navires (en service ou en commande) sont en mesure d'être propulsés à partir de carburants bas carbone, dont 32 au méthanol.

Les numéro deux et trois de la ligne régulière ont signé récemment un accord de développement durable qui s’apparente à une coopération sur le plan de la R&D pour accélérer la mise à l’échelle du méthanol.

Les visions de CMA CGM et de Maersk se sont longtemps opposées. Le premier a défendu, dans un premier temps, une approche pragmatique consistant à « agir tout de suite » avec des solutions disponibles bien qu’imparfaites et transitoires. Rodolphe Saadé s’est rallié très récemment au méthanol mais sa flotte en commande (32 avec les derniers contrats de construction officiellement passés) est désormais plus importante que celle du pionnier Maersk

L'armateur danois défend, depuis 2018, une ligne radicale avec des carburants en rupture fondamentale, tel le méthanol, pour lequel tout est à faire. La direction de Maersk a condamné tout de suite le GNL, stigmatisant son empreinte carbone, notamment ses fuites de méthane.

Adeline Descamps
 

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