Les émissions mondiales de méthane de l'industrie fossile, essentiellement dues aux fuites, appelées aussi glissement, sont restées à des niveaux record en 2023, alors qu'elles étaient évitables, indique la réactualisation de l'édition Global Methane Tracker réalisée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
La production d'énergies liées au pétrole, au gaz et au charbon a généré 120 Mt d'émissions de méthane en 2023, soit une légère augmentation par rapport à 2022. Elles restent proches du record de 2019 et très loin des 75 % de réduction nécessaires d'ici 2030 pour tenir la limite de 1,5°C de réchauffement fixée par l'accord de Paris.
Bien plus réchauffant que le CO2 mais à durée de vie plus courte (une dizaine d'années), le méthane est responsable d'environ 30 % du réchauffement mondial depuis la révolution industrielle.
Environ 580 Mt de méthane sont émises chaque année, dont 60 % attribuables à l'activité humaine (agriculture en tête) et près d'un tiers aux zones humides naturelles.
Responsable à 30 % du réchauffement
Le méthane est la molécule du gaz naturel, qui s'échappe des gazoducs, des mines de charbon, de la combustion des navires au GNL mais aussi des vaches, des rizières ou des déchets.
Le carburant GNL pour les navires a pour effet de réduire les émissions de CO2, mais les moteurs utilisant du GNL sont aussi sujets au problème du glissement de méthane, où le carburant non brûlé est expulsé dans l’échappement. La réduction du glissement de méthane est une question urgente dans la conception des moteurs. Plusieurs entreprises y travaillent. Sept opérateurs dans le transport maritime, dont MSC, Seaspan, Knusten, Lloyd's Register et aussi Shell, ont formé une coalition en septembre 2022 pour s’atteler à la problématique. Une épée de Damoclès pour le gaz naturel liquéfié utilisé en tant que carburant marin.
Un coût de 170 Md$
Réduire de 75 % coûterait environ 170 Md$, soit moins de 5 % des revenus de l'industrie fossile en 2023, précise l'Agence.
Environ les deux tiers du méthane émis par l'industrie fossile proviennent d'à peine dix pays. Vorace en charbon, la Chine ressort en tant que premier émetteur pour le méthane issu du combustible tandis que les États-Unis tient la corde pour le pétrole et le gaz, talonné par la Russie.
Des promesses qui laissent sceptiques
À la COP28, 52 compagnies pétrogazières se sont engagées à s'approcher du « zéro méthane » dans leurs opérations d'ici 2030, sous l'oeil sceptique de certaines ONG qui attendent toujours le programme.
Si toutes les promesses, formulées ici et là, sont tenues dans les délais indiqués, elles réduiraient les émissions d'environ 50 % d'ici 2030. Sauf qu'elles restent aussi à être étayées par des plans d'action détaillés, indique l'AIE.
La rédaction