La flotte fantôme russe se retrouve à nouveau au cœur du nouveau train de sanctions de l'Union européenne, le quinzième depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. Quelques jours après une action similaire du Royaume-Uni, ciblant 35 navires de plus, le bloc européen indexe une cinquantaine de navires supplémentaires, portant sa liste noire à 75. Tous ont été confondus dans des opérations d'exportations pétrolières en violation des restrictions occidentales, dont la plus emblématique reste le plafonnement du prix du brut russe, imposé par le G7 dès décembre 2022. En n'autorisant les assurances et autres services fournis par des prestataires du bloc occidental que sur les cargaisons dont le prix est inférieur à 60 $ le baril, l'UE entend agir sur les revenus financiers disponibles de la Russie pour sa guerre. Une sanction que Moscou a contourné en constituant une flotte de navires clandestins, composée de vieux navires, exploités par des sociétés écrans opaques et opérés sous pavillon moins-disant, sans classification et assurance reconnues. Si la flotte clandestine œuvre depuis des années pour le transport de pétrole sous sanction – le brut iranien ou vénézuélien –, celle opérant pour les intérêts russes se distingue par son ampleur (586 navires) et sa sophistication pour dissimuler l’origine du brut.
De nouvelles entreprises chinoises mis au ban
Les pays européens élargissent également leurs actions à de nouvelles entreprises chinoises collaborant de façon avérée avec l'armée russe, malgré les réticences de la Hongrie qui occupe actuellement la présidence tournante européenne jusqu'en janvier. La Pologne, plus ferme à l'égard de Moscou, prendra alors le relais.
Les cours du pétrole ont terminé en légère baisse le 12 décembre, à cause des prévisions moroses sur la demande de pétrole et l'excédent d'offre (950 000 barils par jour en 2025, selon l'AIE, voire 1,4 million si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) réinjecte des volumes sur le marché à partir d'avril).
Toutefois, les nouvelles sanctions européennes contre la Russie pourraient apporter un soutien supplémentaire aux prix si les nouveaux arbitrages mènent à une baisse des exportations effectives, estiment les observateurs de ce marché.
Adeline Descamps
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