La dynamique anversoise s'est enrayée en 2021

Le port d’Anvers a achevé son exercice 2021 sur une croissance de 3,8 %, à 240 Mt, et une sous-performance du conteneur qui aura déçu tout au long de l'année. 2022 sera une année décisive pour Port of Antwerp-Bruges, nom donné à la fusion d’Anvers et de Zeebrugge, que les autorités belges de la concurrence ont validée le 7 janvier.

Le numéro deux portuaire européen avait soldé les neuf premiers mois de l’année sur une croissance de près de 5 %, à 179,2 Mt. Il la termine sur un trafic consolidé de 240 Mt (dont 138,4 Mt pour le conteneur), soit une croissance de 3,8 % par rapport à 2020. Anvers se retrouve là où la pandémie l’avait cueilli en 2020. 

Sur nombre de segments de trafics, le quatrième trimestre en particulier, et le deuxième semestre plus globalement, semblent avoir été fatals. « Malgré les bonnes performances, 2021 n'a pas été un grand cru, reconnaît Jacques Vandermeiren, le PDG du port d’Anvers. Nous avons récupéré le niveau de 2019, mais d'importants sujets de préoccupation subsistent toutefois : à court terme, la disponibilité de la main-d'œuvre dans cette situation sanitaire difficile et, à long terme, l’accroissement indispensable de nos capacités dans le conteneur et la transition énergétique. »

Anvers limite la chute grâce au conteneur en 2020

Conteneurs, grande déception

Tout au long de l’année, Anvers aura déçu sur son trafic-roi, le conteneur, alors qu’il avait réalisé un sans-faute en 2020 et habitué le chaland à une croissance sans rupture depuis 2014. En hausse de 5,1 % à l’issue du premier semestre, le segment a ralenti au troisième trimestre (+ 2,8 %, 9,1 MEVP) et achève l’exercice sur un statu quo avec 12,02 MEVP, en baisse de 0,1 %. Hub d’élection des grandes alliances maritimes, l’éternel challenger de Rotterdam a été malmené par la valse des escales et la congestion généralisée. Sur le MPET, terminal exploité conjointement par MSC et PSA, les temps d’attente pour accoster étaient encore de dix jours début janvier.

« La taille moyenne des escales est de plus en plus élevée et les pics de plus en plus nombreux. Cela met en tension l'ensemble de la chaîne logistique à l’intérieur et autour du port. En outre, la pénurie de main-d'œuvre portuaire, principalement due au virus, a joué un rôle », justifie la direction portuaire.

En revanche, Anvers consolide ses positions dans la logistique du froid. Il avait franchi en 2020 le cap du million de conteneurs frigorifiques traités. Le nombre de reefers a encore augmenté de 2,6 % l’an dernier. La croissance est notamment liée à sa connectivité avec les marchés, porteurs pour ce type de marchandises, d’Amérique latine et d’Afrique. Cela tombe plutôt bien : « Notre ambition est d’être le premier port de produits périssables en Europe », a promis Jacques Vandermeiren.

Breakbulk, le retour

Le premier port du pays retrouve en outre de sa superbe dans le breakbulk/conventionnel (+ 73,6 %, 11,5 Mt), cette catégorie de fret dont il était le leader incontesté il y a encore deux décennies, place contestée ces dernières années par North Sea Port, qui regroupe les ports belge de Gand et néerlandais de Flessingue et Terneuzen. Dans ce trafic, Anvers a été sanctionné par son tropisme sur le conteneur alors qu’à l’inverse, la part croissante du breakbulk pour les trois ports fusionnés vient de ce que la grande conteneurisation n’y a jamais véritablement percé.

Le retour de ce segment sur les radars du port flamand est principalement lié au commerce de l’acier (+ 81 %).

Les vracs portés par la conjoncture

Anvers a profité en outre de l’exceptionnelle conjoncture des matières premières dont la demande et les prix ont explosé. Avec 13,3 Mt, le vrac sec engrange une croissance de 15,1 %. Les engrais, en particulier, se sont très bien comportés en raison de l'évolution des prix, avec le niveau le plus élevé depuis dix ans.

Deuxième tonnage du port pour 71,2 Mt, les vracs liquides sont restés, avec une progression de 3,1 %, dans la lignée des années précédentes. Le seul fait saillant est la croissance historique du trafic des produits chimiques (+ 12,9 %).

Le ro-ro patine

Enfin, le ro-ro a patiné l’an dernier, évoluant decrescendo tout au long de l’année. Il était en croissance de 22 % mais de 13,9 % à la fin de l’année (5,29 Mt). Il reste en partie lié aux échanges avec le Royaume-Uni et l’Irlande. « Si les flux de marchandises entre l'UE et le Royaume-Uni ont chuté, nous avons néanmoins enregistré une croissance de 6 % de nos échanges avec le Royaume-Uni et de 14,6 % avec l'Irlande par rapport à 2020 », se rassure la direction portuaire

Le nombre de véhicules, neufs et d'occasion, a également enregistré une croissance par rapport à 2020 (+ 8 %), mais reste inférieur de 15 % au niveau de 2019.

Un remorqueur au méthanol en démonstration à Anvers

En 2022 ?

Cette année devrait être marquée à Anvers par la livraison du premier remorqueur au méthanol, le methatug, et par les avancées du projet NextGen District, qui vise à accueillir des entreprises en lien avec l’économie circulaire sur l'ancien site de 88 ha de General Motors, vaste zone située à proximité du pôle chimique scaldien. Suite aux appels d’offre internationaux lancés en octobre 2020 et juin 2021, le port a signé avec deux entreprises.

La première, Triple Helix, vise à associer de la mousse de polyuréthane, issue des matelas, panneaux d'isolation et sièges de voiture inutilisés, à du PET usagé provenant de l'industrie alimentaire pour les transformer en polyols, réutilisés comme intrants dans la production de nouveaux produits en polyuréthane. Les process de production seront autosuffisants en énergie. La seconde, Bolder Industries, fabrique quant à elle des produits chimiques durables avancés à partir de pneus en fin de vie. 

« Les deux entreprises devraient investir 100 M€, avec à la clé la création de 70 nouveaux emplois. L'objectif est d'être opérationnel en 2023-2024, une fois les autorisations administratives obtenues »,  assure Jacques Vandermeiren.

Les ports d’Anvers et Zeebrugge vont fusionner

En 2022, cap sur la fusion avec Zeebrugge

2022 sera aussi marquée par les premiers pas de la fusion avec Zeebrugge, que l’Autorité belge de la concurrence a approuvée le 7 janvier. Après des années de négociations, avec des hauts et des bas, les deux ports belges, qui avaient officiellement annoncé leurs fiançailles en février 2021, ont conclu leur union en novembre, donnant naissance à une entité baptisée « Port of Antwerp-Bruges ». L’actionnariat sera détenu à 80,2 % par la ville d’Anvers et à 19,8 % par celle de Bruges.

L’ensemble consolide un trafic maritime de 278 Mt, plus de 15 % du transit de gaz en Europe, une « position de leader » dans le trafic de véhicules neufs, un « rôle de premier plan » en tant que hub pour le short sea (spécialité de Zeebrugge), une « place de choix » dans le breakbulk et la chimie en Europe (force d’Anvers).

Plus grand port à conteneurs en Europe ? Antwerp-Bruges le sera sans doute en tonnages (139 Mt pour Anvers, 18 Mt pour Zeebrugge en 2020) contre 151 Mt pour Rotterdam. À noter que Zeebrugge comptabilise comme trafic conteneurisé tous les conteneurs sur châssis transportés en ro-ro par les nombreux rouliers qui desservent le port côtier belge. Ce qui peut biaiser les données.

Adeline Descamps

 

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