L’armateur allemand de porte-conteneurs fait ses comptes. Actuellement, 95 % de ses navires fonctionneraient avec des carburants à faible teneur en soufre. La compagnie a réduit ses émissions de CO2 par EVP-kilomètre de 50 % par rapport à 2008. Hapag-Lloyd prendra dès cette année des mesures en vue de la décarbonation du transport maritime.
« En tant que compagnie maritime de ligne opérant à un niveau mondial, nous sommes bien conscients de notre responsabilité envers l'environnement. Nous nous efforçons activement de limiter autant que possible notre impact tant sur terre qu'en mer », pose Rolf Habben Jansen, le PDG de Hapag-Lloyd, en introduction du rapport d’activité de 2019 sur le développement durable. « Notre objectif est d'atteindre la plus grande capacité de transport possible avec la plus faible consommation d'énergie possible. Nous disposons pour cela d’un effet de levier – la manière dont nous exploitons notre flotte – pour agir efficacement », assure-t-il.
Dans ce document d’une centaine de pages traitant de sujets aussi divers que le respect des droits de l'homme, les conditions de travail de ses salariés, la responsabilité sociétale, la numérisation de ses produits et services, le chapitre relatant les efforts de l’entreprise pour minimiser son empreinte environnementale tient en une dizaine de pages.
« Par rapport à l'année de référence 2008, nous avons réussi à réduire nos émissions de CO2 par EVP-km de 50 % », vante le dirigeant. « Hapag-Lloyd a procédé aux conversions nécessaires de sa flotte. Depuis le début de l'année, 95 % de nos navires utilisent des carburants à faible teneur en soufre, ce qui a permis de réduire de 70 % les oxydes de soufre », assure-t-il pour faire valoir la mise en conformité de l’entreprise avec la réglementation sur les carburants marins, en vigueur depuis le 1er janvier dernier..
Si le cinquième transporteur maritime mondial (7,3 % de parts de marché en termes de capacité) se mettra en règle avec « les exigences croissantes », il ne nie ni le défi technologique ni la performance financière qu’elles requièrent. Il le dit toutefois à mots feutrés. « Dans une industrie à forte intensité d'actifs comme le transport maritime de conteneurs, les décisions d'investissement doivent être soigneusement pesées. Un navire que nous commandons aujourd'hui doit répondre à toutes les exigences environnementales non seulement de demain, mais aussi des prochaines décennies, et il doit être capable de fonctionner de manière à couvrir ses coûts ».
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Efficacité des navires
Pour accroître l’efficacité énergétique de ses navires et limiter la consommation, l’entreprise allemande indique avoir travaillé sur tous les postes. À commencer par la conception hydrodynamique de l'étrave et des hélices de ses navires. Elle s’est aussi dotée d’un plan de gestion de l’encrassement des coques de ses navires. « Grâce à une solution numérique, nous pouvons rapidement initier des modifications de la résistance à l'eau. Nous avons économisé environ 9 % du fuel consommée en agissant sur l’encrassement ». La consommation de fuel pour l'ensemble de sa flotte est ainsi passée de 2,75 à 2,59 t entre 2018 et 2019, annonce-t-il. La politique d’achat est par ailleurs dictée par le principe de l'impact environnemental le plus faible possible. « Cela signifie que nous privilégierons pour nos futurs achats des conteneurs reefers à faible consommation d'énergie ».
Électrification à quai
Pour son approvisionnement en énergie lorsque les navires sont à quai, Hapag-Lloyd équipe progressivement ses navires de façon à pouvoir basculer sur ce mode de fourniture. Actuellement, onze de ses 41 navires sous pavillon allemand et huit de ses 127 unités affrétées sont configurés pour se connecter à l'énergie terrestre.
Le transporteur public teste également d'autres options pour rendre l'alimentation électrique des navires à quai plus respectueuse de l'environnement. « L'une d’entre elles est le PowerPac, c'est-à-dire des conteneurs qui contiennent des générateurs à gaz et un réservoir de GNL. Nous avons testé cette technologie pour la première fois dans le port de Hambourg en 2018. En octobre 2019, nous avons effectué un autre test avec un double PowerPac, qui a permis de doubler la production. Dans une prochaine étape, une évaluation opérationnelle sera menée en collaboration avec nos partenaires de ce projet ».
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Scrubbers et GNL
L’armateur, qui possède une flotte de 243 porte-conteneurs dont 112 en propriété (12 MEVP transportés en 2019), a également prévu de doter dix de ses porte-conteneurs de systèmes d'épuration des gaz d'échappement. Quatre le sont depuis fin 2019. Quant au GNL, les travaux de conversion du Sajir, l'un des 17 navires de la flotte conçus à l'origine pour être prêts pour le GNL, devrait démarrer au quatrième trimestre de cette année sur le chantier chinois Huarun Dadong Dockyard, basé à Shanghai. En outre, Hapag-Lloyd planche sur des carburants alternatifs. Un premier test utilisant un biocarburant à base d’huiles usagées a été lancé au début de l'année.
« Le développement durable est plus un marathon qu'un sprint de 100 m. La question est donc inscrite à notre agenda sur un temps long et se verra accorder une priorité élevée, aussi et surtout en 2020, qui est une année exceptionnelle pour nous tous », a ajouté Rolf Habben Jansen.
Adeline Descamps