En raison du conflit persistant en mer Rouge, les entreprises misent de plus en plus sur l'avion pour acheminer à temps des pièces importantes de l’Asie vers leurs usines d’Europe. "Nous pouvons confirmer que notre volume de fret augmente actuellement, en particulier sur les trajets entre l'Asie et l'Europe, explique Lufthansa Cargo dans un communiqué. Ces dernières semaines, nous avons notamment pu enregistrer une augmentation des envois de pièces automobiles." Ainsi, Stellantis, maison mère d'Opel en Allemagne, fait temporairement transporter des pièces de sous-traitance par avion. Même chose chez Volkswagen, qui expédie temporairement certaines pièces automobiles par avion afin de maintenir sa chaîne d'approvisionnement.
Premiers signes d'un changement
Le transport aérien est également à l'ordre du jour dans l'industrie chimique. "Evonik envisage le fret aérien comme alternative pour minimiser les éventuelles interruptions de la chaîne d'approvisionnement, a déclaré un porte-parole du groupe chimique. La voie aérienne est analysée comme alternative au cas par cas."
Les données de Xeneta, une plateforme qui suit les taux de fret maritime et aérien, montrent que le volume de fret aérien du Vietnam vers l'Europe a augmenté de 62 % sur un an début janvier. "C'est le premier signe dans nos données que la crise de la mer Rouge a un impact sur le fret aérien, explique Niall van de Wouw, responsable du département fret aérien de Xeneta. Normalement, il s'agit d'une période relativement calme pour le fret aérien, de sorte que des augmentations de cette ampleur, avec un volume supérieur à celui de 2023, sont assez significatives. L’augmentation du trafic aérien entre le Vietnam et l’Europe indique que l’industrie textile, qui produit en grande partie dans ce pays, passe du bateau à l’avion."
Pas de difficultés en termes de capacités, pour le moment
En raison de l'augmentation de la demande, les tarifs aériens de l'Indochine vers l'Europe ont augmenté de 10 % sur un an début janvier. Le transport aérien avait connu une mauvaise année 2023, marquée par un recul de la demande en raison du ralentissement économique, notamment en Europe et d’une augmentation de l'offre, suite à la levée des restrictions sanitaires après la crise du Covid.
Cette hausse de la demande ne provoque pour l’instant pas de difficultés en termes de capacités de fret aérien, mais une nouvelle augmentation de la demande, si la crise de la mer Rouge se poursuit, entraînera une hausse accélérée des prix, selon Xeneta, qui dessine la possibilité d’une route alternative combinée entre l'Asie et l'Europe via Dubaï. Le trajet en bateau depuis les ports asiatiques jusqu'aux Émirats arabes unis, puis par avion jusqu'en Europe, dure ainsi trois semaines de moins que de contourner la zone de conflits autour du golfe Persique.
Selon Xeneta, la demande de vols cargo des Emirats vers l'Europe a augmenté de 11 % début janvier par rapport à fin décembre. Au cours de la même période de l'année dernière, on avait enregistré une baisse à deux chiffres des volumes sur cette ligne.
