9 % de leur temps pendus au téléphone. C’est le temps que passeraient les chauffeurs routiers au volant selon une étude menée par l’Afsa (Association française des sociétés d'autoroutes). Précisons d’emblée que cette étude est plus qualitative que quatitavie, puisqu’elle ne porte que sur trois chauffeurs, dont le comportement a été étudié sur plusieurs jours de conduite. Une étude sur une plus grande population pourrait donner des résultats différents mais les sociétés d’autoroutes ont surtout voulu détecter les causes de distraction afin de lutter contre l’inattention au volant, à l’origine de 14 % des accidents mortels sur autoroute et en cause dans 38 % des accidents touchant les personnels en intervention (tous véhicules confondus : VL, PL…).
Des caméras embarquées
En 2021, l’ASFA et le Cerema* avaient mené le premier observatoire du téléphone au volant sur autoroute. L’étude avait montré que 1 chauffeur de poids-lourd sur 7 et 1 automobiliste sur 12 tiennent un téléphone en main en conduisant. En 2022, les deux partenaires ont poursuivi leurs travaux en utilisant des caméras embarquées avec 3 des conducteurs de poids-lourds volontaires sur autoroute, pendant une semaine. Soit environ 50 heures d’observation, nuit et jour, permettant de disposer de données "robustes" : une caméra, placée à l’intérieur de l’habitacle, a permis de suivre en continu le comportement des chauffeurs, tandis qu’une caméra positionnée à l’extérieur a permis de contextualiser l’environnement.
"L’étude a permis de mettre en évidence une habitude qui s’avère être installée : les conducteurs de poids-lourds semblent effectivement avoir intégré l’usage du téléphone à leur conduite. Le temps passé sur le téléphone par les trois chauffeurs représente en moyenne 9 % de leur temps de conduite sur autoroute. Ces derniers utilisent leur téléphone en moyenne 10 fois par heure. La durée moyenne d’une utilisation est de 32 secondes."
Des conséquences dramatiques
Lors de son utilisation, le téléphone était soit tenu en main, soit accroché à un support dédié, les deux pratiques étant comparables en temps d’usage. Sur le panel, la durée des phases pendant lesquelles les conducteurs ont regardé leur téléphone et non la route était en moyenne de 2,4 secondes, "ce qui représente 60 mètres parcourus à 90 km/h ; la durée peut même atteindre 7 secondes, soit 175 mètres".
Les conséquences peuvent parfois s’avérer dramatiques. "Depuis le début de l’année, 127 accidents corporels ou matériels ont touché le personnel en intervention et 2 patrouilleurs sont décédés. Il faut que cela cesse et que les automobilistes, comme les chauffeurs routiers, prennent conscience que l'usage d'un téléphone, particulièrement quand il est tenu en main, est dangereux", martèle Christophe Boutin, délégué général de l'Asfa.
* Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) est un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.
