Le pitch. C’est une étape importante pour la rénovation des chemins de fer allemands. L’Etat fédéral et les Länder sont enfin parvenus à régler leur différend sur le financement de l’entretien de l’infrastructure ferroviaire très dégradée dans le pays.
L’accord survient à quelques jours du début de colossaux travaux de rénovation qui vont en partie paralyser le trafic pendant plusieurs années.
Un cofinancement possible. La grande nouveauté est qu’à l’avenir, Berlin pourra cofinancer l’entretien et la remise en état du réseau. Jusqu’à présent, l’Etat fédéral ne pouvait intervenir que pour la construction de nouvelles voies.
L’amendement de la loi fédérale sur l’aménagement des voies ferrées réorganise entièrement le financement de l’infrastructure.
L'explication de texte. "Nous introduisons un changement de paradigme dans l'infrastructure ferroviaire de la République fédérale d'Allemagne. Rien ne restera comme avant - et c'est une bonne chose", s’est félicité le ministre fédéral des Transports Volker Wissing (parti Libéral FDP).
"Notre accord est une excellente nouvelle pour le développement du rail, qui en a un besoin urgent, ajoute la vice-présidente du groupe parlementaire des Verts, Julia Verlinden, qui soutenait le projet. Nous ouvrons enfin la voie à des investissements plus nombreux et plus ciblés dans l'infrastructure ferroviaire."
Le debrief. Le gouvernement fédéral comme les Länder sortent gagnants de cette réforme, en raison de l’état déplorable dans lequel se trouve une partie du réseau.
L’État fédéral a dû faire de nombreuses concessions pour en arriver là. Berlin a notamment accepté de participer davantage aux coûts des transports ferroviaires de remplacement que les Länder devaient supporter, en raison de la fermeture de lignes ferroviaires centrales avec le lancement des travaux à compter de la mi-juillet.
En chiffre. Au total, 40 corridors très fréquentés seront coupés les uns après les autres d’ici 2030 pour être rénovés de fond en comble. Berlin assurera par ailleurs une partie du financement liés à la rénovation des gares, désormais considérées comme faisant partie de l’infrastructure.
Le grand perdant de l’accord est le transport de marchandises. La branche juge trop peu élevées les subventions que l’Etat fédéral accordera au programme de plusieurs milliards, nécessaire pour mettre aux normes européennes de contrôle et de sécurité les rames et les locomotives de fret.
Berlin n’a par ailleurs pas accepté de prendre en charge les coûts supplémentaires liés à la déviation de plusieurs centaines de kilomètres qu’entraîneront les travaux pour les trains de marchandises.
Une déception. "Nous n'avons aucune raison de nous réjouir, regrette le directeur de l'association ‘Die Güterbahnen’, Peter Westenberger. Le transport de marchandises a été laissé en plan. Le gouvernement fédéral a froidement profité de l'intérêt principal des Länder pour de meilleures conditions pour le transport de voyageurs à courte distance."
Plus de camions. L’association estime les coûts de détournement pour l’industrie et le commerce à plus de 1,5 milliard d’euros ; plusieurs centaines de millions d’euros rien que pour la fermeture de la ligne Hambourg-Berlin pendant neuf mois. "Au final, il y aura plus de camions au lieu de plus de rail", estime Peter Westenberger.