INTERVIEW - Jérôme Laplace, HumaRobotics : "Un robot doit accomplir une tâche de robot et l’humain une tâche d’humain"

Jérôme Laplace, fondateur et dirigeant de HumaRobotics.

Crédit photo É. L.
Sur le salon Europack-Euromanut de Lyon, en novembre dernier, constructeurs, distributeurs et intégrateurs étaient nombreux à proposer leurs robots collaboratifs. Après l’industrie, la logistique serait-elle donc leur prochaine conquête ? Entretien avec Jérôme Laplace, dirigeant de HumaRobotics, distributeur du cobot Sawyer de Rethink Robotics.

Supply Chain Magazine : Vous êtes le distributeur français du cobot Sawyer, de l’Américain Rethink Robotics. Si ces collègues d’un nouveau genre sont déjà relativement connus dans le monde industriel, ils semblent avoir plus de mal à se faire une place en logistique… Pour commencer, qu’est-ce qu’un robot collaboratif ?

Jérôme Laplace : À comparer avec un robot industriel, le robot collaboratif, ou cobot, peut se tenir à côté d’un humain sans qu’il y ait besoin d’une grille de séparation. Il est donc capable de limiter sa force en cas de choc avec l’Homme. Mais attention, la dangerosité ne dépend pas uniquement du robot… elle dépend également de produits qu’il manipule. Un cobot dont la tâche est de déplacer des cutters restera un danger pour celui qui est à portée, quelle que soit sa programmation.

Une analyse de risques doit être faite par un professionnel, qui va arbitrer entre la vitesse et le poids de la charge : plus c’est lourd, plus le robot devra être lent. La loi reste la même pour tous, E = 1/2mV2. Cela veut dire que l’énergie libérée par un choc est en fonction de la masse et de la vitesse. Pour limiter l’impact d’un choc, il faut donc soit réduire la masse, soit la célérité.

Je dois également ajouter que la véritable collaboration entre un robot et un humain est plutôt rare dans les usines ou entrepôts. On installe plus généralement des robots "cohabitatifs", c’est-à-dire à proximité de l’Homme, sans les faire travailler ensemble sur une même tâche. Le cas du cobot Sawyer, installé chez GT Logistics, qui soulève une coiffe une fois que l’opératrice lui ait présenté la boîte dans laquelle elle positionnera des produits, est donc assez exceptionnel.

S. C. M. : A quoi sert un cobot ?

J. L. : De petite taille, il a une empreinte au sol identique à celle d’un homme. Il est flexible, déplaçable et facilement reprogrammable. Sawyer par exemple, équipé d’une caméra et d’un capteur de force, possède la vue et le toucher. Un robot doit néanmoins accomplir une tâche de robot, et l’humain une tâche d’humain. Notre avantage concurrentiel par rapport à des pays à bas coûts est la qualité et le savoir-faire. Les robots doivent être utilisés pour soulager les humains des tâches répétitives et pénibles, pouvant provoquer des TMS par exemple. Par ailleurs, quand le cobot est très facilement programmable, on peut lui allouer jusqu’à trois missions différentes dans une seule et même journée, ce qui apporte une dimension d’extrême flexibilité qui n’existait pas dans la robotique jusque-là.

S. C. M. : Quelles seraient les raisons pour qu’il ne soit pas accepté ?

J. L. : Quel que soit le robot, collaboratif ou non, il faut expliquer les raisons de sa venue. Une démarche d’accompagnement est toujours nécessaire, sinon on risque une résistance du personnel.

Il est important également de former le collaborateur au robot. Il va travailler à ses côtés ou avec lui. Pour l’opérateur, c’est une montée en compétence et il comprend mieux qu’il n’y a pas de concurrence. Sawyer, par exemple, quand il ne parvient pas à faire quelque chose, se retourne vers l’opérateur avec une lumière orange pour signifier qu’il a un problème et demander l’aide de l’humain. L’homme et le robot forment une véritable équipe.

S. C. M. : Comment choisit-on le bon cobot ?

J. L. : C’est la tâche qui désigne le bon cobot, au regard de trois critères : quelle est l’allonge nécessaire, quelle est  la charge utile (les cobots ont des capacités différentes, pouvant aller de 4 à 170 kilos selon les marques, ndlr) et quelle précision lui est demandée. Le critère le plus différenciant étant sans doute ce dernier.

Il y a aujourd’hui une dizaine de marques sur le marché.

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