Compétitivité logistique : la France ne peut plus se permettre d'attendre

Les professionnels attendent de l'État et de la nouvelle ministre des Transports, Élisabeth Borne, une véritable ambition logistique pour la France.

Crédit photo © Anne Kerriou
Le déplacement vers l'est du barycentre européen et l'évolution des réseaux logistiques mondiaux mettent la France au pied du mur. En l'absence d'amélioration de sa compétitivité, elle risque de se retrouver marginalisée, ont expliqué les professionnels réunis par TLF Overseas pour une table ronde sur les enjeux du secteur.

"Si on ne fait rien, la France risque de devenir la Bretagne de l'Europe." Invité à introduire la table ronde sur "les grands enjeux des professionnels de la logistique" organisée par TLF Overseas le 29 juin, Laurent Livolsi, maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille et auteur de l'ouvrage La logistique, une affaire d'État ?, s'est montré un brin provocateur. La comparaison n'est certes pas déshonorante en soi, mais elle en dit long sur les coûts logistiques élevés que pourrait avoir à supporter l'économie française si elle se retrouve en bout de piste des flux mondiaux.

Nouvelles portes d'entrée, bouleversement des schémas actuels

Plusieurs éléments alimentent cette crainte, à commencer par les investissements massifs de la Chine dans des infrastructures maritimes et terrestres au-delà de ses frontières. Émergent ainsi de nouvelles portes d'entrée qui ne placent pas la France dans une situation idéale. Le pays se retrouve ainsi en bout de ligne des nouvelles liaisons ferroviaires qui relient l'Asie à l'Europe.

Autre exemple : dans l'hypothèse d'un développement de la route maritime nord, Le Havre devient le dernier port touché alors qu'il est le premier dans les schémas actuels.

Enfin, si l'on considère l'approche par la Grèce et notamment par le port de Pirée, qui a fait l'objet d'investissements chinois, le territoire français est également exclu.

"Deux portes d'entrée sont possibles, via la mer Noire ou via l'Adriatique et le port italien de Trieste, bien desservi par les corridors ferroviaires", a indiqué Laurent Livolsi, soulignant que l'attractivité du port italien peut également être servie à plus long terme par la future intégration à l'Union européenne des pays des Balkans. Et dans l'immédiat, en Europe, l'Allemagne fait figure de grande gagnante en termes d'efficacité logistique.

Autre facteur de risque, la standardisation 

Les hommes de terrain confirment la marginalisation potentielle de l'Hexagone. "La France a longtemps pensé qu'elle pouvait se permettre de ne pas être compétitive car elle occupait une position centrale en Europe. Mais le barycentre se déplace vers l'Est, et le Brexit va encore accentuer le phénomène", analyse Éric Hémar.

Le Pdg de ID Logistics mentionne également un autre facteur de risque : la standardisation des produits au niveau européen. Une tendance qui "rend de moins en moins pertinente l'existence d'organisations logistiques nationales", souligne Éric Hémar.

Des atouts malgré tout

Les professionnels ne se montrent pas pour autant défaitistes. Pour eux, le territoire a encore des atouts à faire valoir : un réseau routier "exceptionnel", selon le représentant de DB Schenker, Éric Bellissent, ou encore un personnel hautement qualifié, notamment au niveau de l'ingénierie.

Par ailleurs, l'organisation des flux n'est pas chose figée. "Les relocalisations industrielles dans des pays comme la Turquie, l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie ou le Maroc créent des opportunités", estime Laurent Livolsi.

Émergence de nouveaux marchés

L'émergence de nouveaux marchés, dans le bassin méditerranéen et en Afrique de l'Ouest, ouvre également des perspectives à condition de se mettre en situation d'en tirer partie. Stabilité et lisibilité du cadre légal, renforcement de l'attractivité portuaire, efficacité douanière : "Nous avons pris du retard, mais on sait ce qu'il faut faire pour y remédier", affirme Herbert de Saint-Simon, président de TLF Overseas.

De son côté, Laurent Livolsi met en avant une autre nécessité : déployer une stratégie globale et considérer la logistique comme un levier d'action de la compétitivité nationale. Trop souvent, l'action publique se limite encore à élaborer des stratégies nationales par mode de transport, regrette le chercheur. 

Du pain logistique sur la planche...

La nouvelle ministre des Transports, pour l'instant très focalisée sur les enjeux du transport routier qui l'ont happée quelques jours seulement après sa nomination, aura donc du pain logistique sur la planche. Elle se montre en tout cas à l'écoute : venue clore la table ronde de TLF Overseas, Élisabeth Borne ne s'est pas contentée d'un passage en coup de vent mais a choisi de rester échanger pendant près d'une heure avec la direction de l'organisation professionnelle.  

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