Assises de la Mobilité : trois leviers d'action pour la logistique urbaine

Valérie Lacroute, présidente du groupe de travail sur les mobilités intermodales dans le cadre des Assises de la Mobilité, a dévoilé les premières pistes d'action du volet transport de marchandises.

Crédit photo Anne Kerriou
Lutter contre le morcellement des réglementations locales, endiguer l'étalement logistique et verdir les flottes de véhicules : le groupe de travail des Assises de la Mobilité dédié aux mobilités intermodales avance trois leviers d'action en matière de logistique urbaine.

Les Assises de la Mobilité se clôtureront le 13 décembre, avec la remise officielle des rapports de chaque groupe de travail. Mais les travaux sont déjà bien avancés, et les premières pistes de réflexion commencent à filtrer. La députée Valérie Lacroute, présidente du groupe de travail consacré aux mobilités intermodales, a ainsi dévoilé les axes qui se dégagent pour la logistique urbaine, lors d'un séminaire sur ce thème organisé au siège du groupe La Poste le 28 novembre.

Un modèle à bout de souffle

Le pré-rapport du groupe de travail, qui pourra encore s'enrichir de "petites contributions" compte tenu des délais, part d'abord du constat que l'organisation actuelle, bien que plutôt performante, n'est pas viable, au regard de la croissance attendue. Le développement du e-commerce, notamment, engendre une augmentation des flux qui soulève des questions. "Ce secteur représente 20 à 25 % des services de transport dans une ville, pour seulement 8 % de la consommation", a rappelé Valérie Lacroute.

De façon plus générale, "le transport de marchandises en ville, s'il ne représente que 10 à 20 % des véhicules-kilomètres parcourus sur la voirie urbaine, contribue à 35 % des voyages et occupe jusqu'à 30 % de l'espace public", a souligné la présidente du groupe de travail. "Ces livraisons ont un coût pour la collectivité, en matière de circulation urbaine, de congestion, mais aussi de stationnement. Les arrêts sont courts et nombreux : 40 % des arrêts durent moins de 5 minutes mais ils perturbent la circulation puisque les deux tiers sont effectués en stationnement illicite et 70 % en double file".

Les leviers d'action

Pour favoriser l'émergence d'une logistique urbaine "soutenable", le groupe de travail avance donc trois leviers d'actions.

1/ Harmoniser les réglementations locales

Le groupe de travail propose d'abord de s'attaquer au manque d'harmonisation des réglementations locales. "Actuellement, chaque collectivité fixe ses arrêtés de circulation, indépendamment des communes voisines. Cela aboutit à des arrêtés contradictoires ou qui peuvent gêner la circulation d'une commune à l'autre", souligne Valérie Lacroute. Conséquence : les parcours logistiques peuvent parfois être rallongés par ces dispositions et d'autre part, il est extrêmement complexe pour un transporteur de connaître et donc de respecter toute la réglementation locale.

Parmi ses pistes de réflexion, le groupe de travail envisage un partage des chartes logistiques urbaines déjà existantes, et plus généralement des bonnes pratiques. Il souhaite également une utilisation accrue de l'open data pour mettre facilement à disposition des acteurs de la logistique les restrictions de circulation et de stationnement. Il suggère enfin "d'inciter les agglomérations" à harmoniser ces réglementations. Reste à savoir comment...

2/ Endiguer l'étalement logistique

Deuxième thème majeur : l'optimisation de l'urbanisme logistique, qui faisait d'ailleurs l'objet d'une table ronde à part entière lors du séminaire du 28 novembre. Comme l'ont rappelé les intervenants, l'immobilier logistique tend aujourd'hui à sortir des villes pour accéder à du foncier moins onéreux en périphérie. "On laisse en cœur de ville des activités plus lucratives comme les bureaux le logement ou le commerce. Mais il faut que l'entrepôt retrouve une place en centre-ville pour massifier les flux au plus près des consommateurs", estime Valérie Lacroute. "Des réflexions sont engagées sur des incitations fiscales et budgétaires", a précisé la présidente du groupe Intermodalité, suggérant un meilleur travail avec les collectivités sur les outils comme les plans locaux d'urbanisme.

Diana Diziain, directrice délégué d'Afilog, va encore plus loin : "Il faut créer les conditions d'émergence de foncier pour accueillir la fonction logistique. On sait faire des bâtiments beaux et bien intégrés. Il faudrait réserver des surfaces, comme on l'a fait pour le social avec la loi SRU. L'immobilier logistique, c'est le social de l'immobilier d'entreprise".

Autre point évoqué dans ce chapitre, mais qui semble nettement moins convaincant et abouti : créer des synergies entre transport de personnes et de marchandises. "C'est une ambition forte, mais pas facile à mener", a admis Valérie Lacroute.

3/ Verdir les flottes de véhicules

Le groupe travail présidé par Valérie Lacroute fait enfin du verdissement des véhicules un troisième levier d'action. "C'est un sujet sur lequel les incitations fiscales peuvent accélérer les choses", a rappelé la députée. Il pose toutefois la question du développement des énergies alternatives : GNV, électrique et éventuellement hydrogène.

Le groupe de travail évoque également "l'idée d'une responsabilisation du consommateur" à travers ses choix d'acheminement, selon des modalités qui restent à déterminer. 

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