L’Officiel des Transporteurs : Quel est l’élément qui vous a poussé à étudier les TMS (Transportation management system) et les chargeurs ?
Yvan Keller : Cela fait 15 ans que l’on attend que les chargeurs se dotent de TMS. Leur taux d’équipement est bien moindre que chez les prestataires de transport. Les attentes fonctionnelles des chargeurs restent très basiques : consolider les expéditions, affecter un transporteur, bénéficier de la traçabilité de leurs expéditions, avoir quelques indicateurs de performance… On est dans un univers informatique qui se trouve au début de la digitalisation du transport (côté chargeurs) alors que celle de la logistique a eu lieu dans les années 2000.
En moyenne, toutes prestations de transport confondues, on estime à 3 % l’écart entre ce que le chargeur doit payer et ce qu’il paie réellement. Sur un budget de 300 000 € annuel, ce n’est pas trop important, mais quand un chargeur dépense 3 M€, 30 M€ ou 100 000 M€, les 3 % pèsent très lourd. L’intérêt des chargeurs est donc souvent de se doter d’un outil leur permettant d’optimiser les coûts transport.
L'OT : Dans quelle mesure la digitalisation va-t-elle s’accélérer, est-ce une bascule par nécessité ?
Y. K. : Depuis le début des années 2010, les technologies sont disponibles : matériels informatiques performants, haut débit, variété des devices (tablettes, smartphones) offrant de la mobilité... Les plateformes collaboratives permettent aux chargeurs de mettre le pied à l’étrier sur des solutions logicielles cibles, relativement faciles et rapides à déployer.
Les solutions n’ont jamais été autant à portée de main qu’aujourd’hui grâce au mode SaaS, qui diminue fortement les barrières informatiques.
Il devient possible de créer un pilote ou de disposer d’une plateforme de test en quelques semaines. Le chargeur peut ainsi juger si l’outil lui convient avant de le déployer. Souvent, dans les services transport des chargeurs, les équipes n’ont jamais travaillé sur une solution logicielle dédiée au transport. Ces outils logiciels, verticaux et très techniques, ne sont pas forcément connus des autres services que ceux de la supply chain. Il faut aussi prendre en compte l’impact organisationnel et qui est d’autant plus lourd que le déploiement et l’usage d’un TMS sont nouveaux.
La conduite du changement est déterminante dans la mesure où une organisation transport qui repose sur les hommes va forcément évoluer avec un TMS, en la transformant en une organisation reposant sur un process. L’appropriation du logiciel par l’équipe transport est clé dans la réussite d’un projet TMS. (...)
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