Transformer un camion Diesel en version électrique est désormais possible

Transformation d'un camion DAF appartenant aux Transports Garriou Frères en version hydrogène par E-Neo.

Crédit photo DR
La publication de l’arrêté Retrofit au Journal Officiel le 3 avril 2020 permet de convertir des utilitaires Diesel en version électrique, à batterie ou à pile à combustible. Le Vendéen e-Néo est l’un des rares à travailler sur la conversion de camions lourds en misant sur l’hydrogène, avec la collaboration de transporteurs régionaux.

Convertir des utilitaires ou camions à moteur thermique en véhicules électriques (à batterie ou hydrogène) est désormais légal en France depuis que l’arrêté "retrofit" a été publié le 3 avril dernier au Journal Officiel. Cet arrêté donne un cadre réglementaire à la transformation électrique des véhicules de plus de 5 ans (voitures, véhicules utilitaires, camions, bus et cars). L’opération doit être réalisée par un installateur habilité par le fabricant du dispositif de conversion, qui s'assure que l'installateur a reçu une formation lui conférant les connaissances nécessaires.

Peu de soutien financier

"En cette période de crise sanitaire et économique liée au Covid-19, et au regard des répercussions sans précédent dans le secteur automobile, c’est un signe positif pour la relance de l’activité et l’environnement", se réjouit-on du côté de l’Aire, l’association qui regroupe les Acteurs (français) de l'Industrie du Rétrofit électrique. L’Aire plaide pour un soutien des collectivités à l’installation, à l’instar de la ville de Grenoble qui propose 4 000 € pour la conversion d’un petit utilitaire (de moins de 2,5 t) et 6 000 € pour un utilitaire jusqu’à 7 t. Au delà de 7 t, l’offre est actuellement inexistante mais elle pourrait être amenée à évoluer.

Déjà des transporteurs impliqués

Actuellement, un seul garagiste semble s’être positionné sur le créneau des véhicules lourds : le Vendéen e-Néo, créé en 2019, qui s’est essayé à la conversion de camions DAF et Scania en version hydrogène. "Depuis la parution du décret, nous sommes très sollicités par des transporteurs de la région", reconnaît Jérémy Cantin, patron de la société. Ce dernier est également à la tête de Brouzils Auto, spécialisée dans la rénovation de véhicules anciens. "Nous avions initialement positionné e-Neo sur la conversion de véhicule à batterie électrique avant de bifurquer sur les camions à piles à combustibles, en voulant profiter de la dynamique régionale autour de l’hydrogène avec le projet H2 Ouest en Vendée. Ce projet entend utiliser l’électricité produite par les énergies renouvelables pour produire de l’hydrogène vert avec la mise en place d’unités de stockage mobiles qui peuvent être laissées chez les transporteurs, sur le modèle des citernes Butagaz", explique-t-il.

L’entreprise a donc travaillé avec deux transporteurs de la région qui les avaient sollicités, les transporteurs Gariou et Derocq, en leur confiant un DAF et un Scania. Depuis, Jérémy Cantin indique travailler sur d’autres marques de camions, fournies par de nouveaux transporteurs locaux dont l’identité est préservée. "Nous avons pu commander les pièces nécessaires à leur transformation avant le confinement, ce qui nous permet de continuer à travailler dessus actuellement", souligne ce dirigeant.

50 % du prix d’un camion hydrogène neuf

La conversion hydrogène concerne des véhicules de 5 à 8 ans qui seront amenés à faire du régional, puisqu’ils disposeront d’une autonomie de 400 km. "Ils ont déjà été amortis et on va pouvoir doubler leur durée de possession pour l’amener à 16 ans maximum. Ensuite, une fois que ce véhicule sera arrivé en fin de vie, il pourra servir de banque de pièces détachées. Le système de conversion hydrogène ne sera pas perdu puisqu’il pourra être transféré sur un nouveau véhicule similaire. Cela donne de la visibilité aux transporteurs comme aux garagistes", détaille Jeremy Cantin.

Ce dirigeant vise un tarif de conversion qui reste inférieur de 50 % à celui d’un équipement neuf en hydrogène. "Aujourd’hui un camion hydrogène coûte 650 000 à 700 000 €, ce qui est difficile à amortir entre 3 à 5 ans. Notre solution permet d’amortir un système hydrogène sur 10 ans, puisqu’il va pouvoir être installé ensuite sur un second véhicule similaire." Pour l’instant, aucune aide à la transformation n’a été annoncée par les pouvoirs publics. "Nous sommes partis avec l’idée de proposer une solution qui soit rentable sans aide régionale ou gouvernementale. Certaines aides offertes par les régions ne concernent que les véhicules neufs, toute aide serait donc un bonus", observe ce dirigeant.

40 à 50 camions par an

D’ici mi-2021, e-Néo espère convertir des camions en moins d’un mois, de l’immobilisation du véhicule jusqu’à l’obtention de la carte grise. A terme, le dirigeant espère pouvoir transformer 40 à 50 camions par an. "Notre équipe compte actuellement 4 personnes et nous pourrions rapidement monter jusqu’à 20, sachant qu’on travaillera aussi en réseau avec d’autres garages partenaires. Nous sommes également ouverts pour apporter nos compétences à des confrères intéressés par le retrofit dans d’autres régions. Même si cela restera un marché de niche, cela représente un enjeu environnemental et social, avec la possibilité de créer et préserver des emplois non délocalisables", lance Jeremy Cantin.

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