En 2021, le marché des pneus rechapés a bien profité de la reprise, progressant aussi vite que celui du neuf. Un constat partagé par tous les acteurs des pneumatiques premium, à l’instar de Ninon Mare, responsable marketing France chez Michelin pour le segment poids lourds. "Le marché du rechapage a bien résisté et aussi bien que celui du neuf. Fin novembre 2021, il se situait à plus 12,3 % par rapport à 2020, dans la lignée de 2019. Les projections pour 2022 prévoient même une augmentation de 2,3 % par rapport à 2019", observe-t-elle. Julien Clair, responsable produits France et Benelux chez Bridgestone, considère ainsi que "l’année 2021 s’est révélée très positive, avec des perspectives plutôt bonnes sur 2022. En 2021, le marché des pneus rechapés a tourné autour de 750 000 unités, comparé au 1,1 million de pneus pour le neuf. Cela représente 40 % du marché et cette part pourrait augmenter si nous restons sur cette tendance".
Un destin lié à la Chine
Voilà de quoi redonner du baume au cœur aux acteurs du rechapage, qui ont vu leur activité s’éroder avec l’arrivée des pneus made in China il y a vingt ans. "En 2002, le marché du pneu rechapé était presque équivalent à celui du neuf, puis cette proportion est tombée avec l’arrivée des pneus asiatiques, dont le prix équivaut à celui du rechapage d’un pneu premium. La tendance a commencé à s’inverser lorsque la profession a fait pression sur l’Union européenne pour les taxer afin d’éviter le dumping", rappelle Jean-Marc Veaux, responsable rechapage Continental France. Mais il a surtout fallu qu’un virus de Wuhan vienne bouleverser la donne… "Il y a eu des tensions partout dans le monde, autant sur les matières premières que sur le fret, ce qui s’est traduit depuis deux ans par des difficultés d’approvisionnement pour les pneus asiatiques. Les acheteurs se sont alors reportés sur les pneus rechapés et cela a considérablement relancé le marché", complète-t-il.
Moins d'impactés lié à l’approvisionnement
Les pneus rechapés sont beaucoup moins impactés par les problèmes d’approvisionnement parce qu’ils utilisent beaucoup moins de matière que les pneus neufs (uniquement des bandes de roulement). Or les manufacturiers possèdent souvent leurs propres plantations, ou bien ont sécurisé leur stock. "Nous gardons une bonne visibilité sur nos approvisionnements, avec différents sourcing et de la marge pour augmenter notre production au travers de nos deux usines de rechapage en France, signale ainsi Laurent Proust, président de BestDrive France. En outre, nous avons une capacité d’adaptation rapide si nécessaire. C’est un des avantages aussi de ces boucles locales courtes." Par conséquent, les acheteurs de pneus asiatiques se tournent vers ce marché.
> Lire la suite de l'article de l'article et l'intégralité du Grand Angle consacré aux pneumatiques dans l'Officiel des transporteurs n° 3101 du 4 mars 2022 (réservé aux abonnés)
