Pascal Megevand, Pdg des Transports Megevand : “La crise énergétique accélère la transition vers un autre modèle”

Pascal Megevand, Pdg des Transports Megevand.

Crédit photo DR
En colère face à la hausse des prix mais préparé. Pascal Megevand, Pdg des transports éponymes en Haute-Savoie, initiateur dès 2011 avec des confrères du projet Equilibre d’expérimentation de véhicules au gaz, compte 60 % de sa flotte au gaz. La hausse des prix ? Une raison de plus pour aller plus loin dans la transition énergétique et la sobriété. Pour faire moins, mais mieux.

L’Officiel des Transporteurs : Comment percevez-vous ces hausses de prix des carburants ?

Pascal Megevand : Les transporteurs souffrent vraiment de ce choc pétrolier. Et même si notre entreprise s’y était préparée, on s’est quand même "fait avoir" par la filière gaz, car les experts n’ont rien anticipé. Je suis particulièrement en colère. L’explosion des prix du gaz en Europe remonte déjà à l’été dernier, quand les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) ont été réorientés, rapidement et massivement, vers la Chine.

Celle-ci faisait alors face à une chute de sa production d’hydroélectricité provoquée par la sécheresse, alors qu’au printemps, elle avait déjà subi des coupures d’approvisionnement en charbon de la part de l’Australie et de l’Indonésie. Aucun des experts n’a pu additionner les besoins de tous à l’échelle mondiale et prévoir les pénuries ! Et malgré notre expérience au sein d’Equilibre, je n’avais pas identifié une hausse comme un facteur de risque de la filière GNV.

L’OT : Et que dire du gazole, dont les prix flambent aussi ?

P. M. : Sur le gazole, voilà dix ans que divers dirigeants alertent sur le manque de recherche de nouveaux gisements. Mécaniquement, il devrait manquer 10 millions de barils par jour en 2025… Les premiers soubresauts du brent, à l’automne, étaient déjà dus à un manque de 2 millions de barils par jour. Cela ne pouvait qu’aboutir à une explosion des prix qu’accélèrent les conséquences de la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, nous avons du gaz, très cher, mais nous n’arrivons pas à nous faire livrer du gazole.

Avec nos 17 moteurs, dont neuf au gaz, nous sommes en alerte sur la disponibilité du gazole. C’est un vrai choc énergétique. Beaucoup d’entreprises vont souffrir. Pour nous, la problématique numéro un n’est pas le recrutement des conducteurs, mais l’accès à l’énergie, avec une crise qui va durer.

L’OT : Quelles seraient les solutions selon vous ?

P. M. : Dans l’urgence, comme les fédérations l’ont demandé, il faut des mesures conjoncturelles pour soutenir les transporteurs. Mais la profession, nous tous et pas seulement les organisations patronales, devons aussi nous engager à travailler autrement, à réduire les volumes et entrer dans la transition énergétique pour gagner en indépendance.

De toute façon, une énergie affreusement chère incitera nos clients à travailler différemment, à contracter les volumes à transporter, qui pourraient être réduits de 20 %. Il faut apprendre à faire moins mais mieux. Par exemple, depuis un mois avec le groupe Fournier, un client cuisiniste, nous avons amélioré ensemble l’exploitation des véhicules concernés pour que les semis reviennent en charge plutôt qu’à vide.


Lire l'intégralité de l'article (accès réservé) dans L'Officiel des Transporteurs n°3103 du 18 mars 2022.

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