Moins d’un mois après son entrée en fonction à la tête de l'exécutif espagnol, le président du gouvernement Pedro Sanchez vient d’annoncer que d'ici à 2020, des tronçons d'autoroute payants vont devenir gratuits. Cette mesure, qui s'inscrit dans la volonté du PSOE (parti socialiste espagnol) de défendre la gestion publique, concerne dans un premier temps 552 kilomètres.
Les péages vont disparaître au fur et à mesure que leurs concessions, vieilles de 50 ans, arriveront à échéance. Le premier tronçon concernera, dès novembre prochain, les 84 kilomètres de l'autoroute AP-1 (Burgos – Armiñon). Il sera suivi en 2019 des 468 kilomètres de AP-4 (Séville–Cadix) et de l’AP-7 (Tarragone–Alicante). En 2021, deux nouveaux tronçons totalisant 479 kilomètres sur l'AP-7 pourraient également devenir gratuits, soient les liaisons Tarragone– La Junquera (frontière française) et Montmeló – El Papiol.
Un coût annuel de 450 M€ par an pour l'État
En Espagne aujourd'hui, seules 18 % des autoroutes sont payantes (3.307 kilomètres), contre 70 % en France. La Fenadismer, principale fédérations des transporteurs espagnols, se félicite de cette décision, qui permettra selon elle de participer à l’amélioration la sécurité routière et au désengorgement du réseau routier national.
La fédération souligne que cette mesure permettra de faire baisser le poste péage, qui représente chaque année 1 900€ par véhicule en moyenne selon l'Observatoire espagnol des coûts du transport. Toutefois, les écologistes ibères sont montés au créneau, jugeant cette gratuité "comme une incitation à utiliser le véhicule privé, mode de transport fortement polluant".
Le quotidien économique Cinco Días juge également cette mesure "électoraliste" et s’inquiète du coût de l’entretien du réseau. D’après Julian Nuñez, président de Seopan, le syndicat des constructeurs et concessionnaires d'autoroutes, l'abolition des péages coûtera 450 M€ par an à l'État, et ceci uniquement pour les fins de concessions entre 2018 et 2021. Ainsi, la suppression des péages sur l'AP-1 devrait peser selon ses calculs 30 M€ chaque année, soit 24 M€ de rentrées fiscales perdues et 6 M€ d'entretien.