Lorsque La Poste Suisse a décidé de mettre au rebut ses scooters de distribution essence fin 2016, les postiers ont vu arriver avec scepticisme les nouveaux modèles électriques. Ces véhicules à trois roues à l’assise basse, des DXP conçus par l’entreprise suisse Kyburz, semblaient plutôt destinés au troisième âge. Certains le surnommaient même "le déambulateur". Pourtant, après deux ans de pratique, les employés ne pourraient plus s’en passer. Dans le cadre d’une étroite collaboration, la poste et le constructeur ont adapté les DXP aux exigences du métier postal : la version améliorée de ce trois-roues peut se déplacer sur les routes enneigées ou pentues tout en étant capable de tracter dans sa remorque une charge trois fois plus importante que celle de son prédécesseur, le Piaggio Liberty.
Moins de courbatures
Autre particularité, il n’est pas nécessaire se soulever le DXP pour le bloquer sur sa béquille à chaque arrêt ; un effort répété qui, en fonction de la tournée, du chargement et de la force physique du conducteur, provoquait régulièrement des courbatures par le passé. De plus, contrairement à l’ancien modèle thermique, ce scooter nouvelle génération s’immobilise automatiquement quand le conducteur se lève du siège. Depuis, il n’est plus possible de se mettre debout en cours de trajet, au risque de stopper l’appareil. Le DXP offre aussi un niveau de sécurité supérieur. Certes, les virages peuvent être négociés moins rapidement avec cet engin mais, quand il pleut ou qu’il neige, les roues supplémentaires assurent une meilleure adhérence sur chaussée glissante.
Autre point fort : le frein de parking assisté, qui permet de stopper net le véhicule, même dans une pente à 30 %. Sans compter le silence, dont bénéficient les conducteurs comme les riverains.
Les batteries connaissent une seconde vie
Environ 6 000 scooters de ce type sont aujourd’hui en service dans toute la Suisse, ce qui constitue la plus grande flotte de scooters électriques d’Europe. Les engins peuvent rouler à la vitesse maximale de 45 km/h. Une batterie chargée suffit pour desservir 1 000 ménages individuels et couvrir une distance totale de 60 km. Ces scooters fonctionnent intégralement à l’électricité certifiée "courant vert" et produite en Suisse. Ils consomment six fois moins d’énergie que les scooters à essence. La Poste réduit ainsi ses émissions de CO2 de 733 kg par véhicule et par an, ce qui correspond à environ 4 400 tonnes de CO2 annuelles pour l’ensemble de la flotte.
Les batteries sont remplacées dès qu’elles ont perdu 20 % de leur capacité de stockage, soit après sept ans d’opérations de charge et de décharge quotidiennes. Elles connaissent alors une seconde vie en servant au stockage de l’énergie solaire. Prenant exemple sur la Suisse, les organisations de distribution postale de Norvège et de Nouvelle-Zélande ont également des versions adaptées du Kyburz.