Jean-Marc Rivera, OTRE : "Les entreprises du secteur ont besoin de soutien spécifique pour passer la crise car elles risquent de ne pas durer"

Jean-Marc Rivera, Secrétaire général de l'OTRE,

Crédit photo OTRE
Jean-Marc Rivera, Secrétaire général de l'OTRE, explique pourquoi le secteur a interpellé les pouvoirs publics pour la mise en place de mesures dédiées aux entreprises du transport routier, notamment en termes de trésorerie.  

L'Officiel des transporteurs : Pouvez-vous faire un point sur la situation actuelle du transport routier de marchandises, qui semble très impacté par la crise sanitaire ?

J.-M. Rivera : L’opinion publique a l’impression que tous les transporteurs enregistrent un surcroît d’activité mais c’est une perception erronée de la situation réelle car elle prend uniquement en compte le transport de produits alimentaires. En fait, cette activité représente 20 % du transport routier de marchandises. La grande majorité des transporteurs est en activité réduite ou enregistre une perte totale d’activité. La situation des entreprises du secteur reste donc inquiétante.

L'OT : Vous réclamez diverses mesures comme le remboursement anticipé de la TICPE et le report de la diminution de son remboursement au 1er janvier 2022. Cependant, diverses aides ont été mises en place pour accompagner les entreprises économiquement impactées par l’épidémie de Covid-19. Sont-elles insuffisantes ?

J.-M. R. : Les entreprises du transport routier de marchandises vont progressivement faire appel aux aides que l’Etat a mises en place dans le cadre de la crise sanitaire. Mais elles ont besoin de soutien spécifique pour passer la crise. À défaut, elles risquent de ne pas durer. Le remboursement anticipé de la TICPE que nous demandons servira de bol d’air aux entreprises. C’est une décision que le gouvernement peut rapidement prendre, d’autant plus qu’elle ne coûtera rien à l’Etat. De la même façon, un report au 1er janvier 2022 de la baisse du remboursement de la TICPE telle que prévue par la loi de Finances pour 2020, permettra aux entreprises de souffler un peu. Nous considérons que cette demande est "raisonnable" car nous l’avons chiffrée à 210 millions d’euros, soit un modique impact sur les finances publiques. Par ailleurs, s’agissant des délais de paiement, en principe dans le transport routier ils sont très encadrés et fixés à 30 jours. Mais actuellement, nombre de clients se servent de la crise sanitaire pour les dépasser de manière exagérée. Ce qui a une incidence lourde sur la trésorerie des entreprises du secteur. C’est pour cette raison que les fédérations demandent la mise en place d’une procédure efficace pour lutter contre les retards de paiements afin de permettre aux entreprises de survivre à la crise. Nous invitons le gouvernement à pleinement prendre conscience que le transport reste un maillon indispensable pour relancer la machine économique. Un effort indispensable doit être fait à destination du secteur du transport routier de marchandises dans le plan de relance. Nos entreprises doivent pouvoir tenir. Or, actuellement, la chaîne logistique est plutôt fragilisée et se retrouve en mauvaise santé.  

L'OT : Comment envisagez-vous la reprise pour le secteur ?

J.-M. R. : La reprise risque de se traduire par du cabotage accru. Nous exigeons que les normes de sécurité sanitaire s’appliquent de la même manière aux véhicules étrangers en raison du péril sanitaire. D’autant plus qu’à la fin du confinement, le virus sera toujours présent avec un risque réel d’un deuxième pic d’épidémie. Il serait souhaitable que les pouvoirs publics fassent en sorte que le marché de la reprise aille exclusivement aux entreprises françaises. L’OTRE appelle donc le gouvernement à utiliser la clause de sauvegarde, soit le mécanisme communautaire de sauvegarde en cas de crise, qui équivaut à une mesure d’accompagnement de la suppression totale du système des contingents dans l’Union. En effet, le péril économique et financier qu’encourent les entreprises françaises du transport routier est désormais évident.
 

Appel des organisations professionnelles du transport routier

Les organes représentatifs du secteur comme l’OTRE, la FNTR, l’Union TLF et l’Unostra ont lancé un appel aux pouvoirs publics le 8 avril dernier car pour eux : "il est primordial de ne pas hypothéquer la reprise de l’économie en sacrifiant le maillon essentiel du transport et de la logistique dont toutes les industries et commerces auront besoin pour redémarrer". Ils réclament donc la mise en place de 4 mesures de soutien au secteur soit :

  • La mise en place d’une procédure efficace pour lutter contre les retards de paiements et délais de paiement abusifs.
  • L’anticipation du remboursement partiel de la TICPE accordée aux transporteurs routiers pour le 1er et 2e semestre 2020, calculé sur un pourcentage de la consommation de l’entreprise du semestre précédent ou à défaut, un remboursement au trimestre.
  • La finalisation urgente des travaux en cours de mise en œuvre d’une carte d’achat de carburant taxé au taux du gazole professionnel et permettant de réduire le portage de trésorerie lié à la périodicité semestrielle du remboursement partiel de TICPE.
  • Le report au 1er janvier 2022 de la diminution programmée de 2 €/hl, soit deux centimes par litre du remboursement partiel de TICPE sur le gazole professionnel des transporteurs routiers instaurée par le PLF 2020.

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