Italie : les professionnels des transports entre inquiétude et désarroi

Maurizio Longo, secrétaire national de TrasportoUnito. 

À la rentrée, au sortir de la crise sanitaire, les transporteurs italiens sont inquiets et désorientés. Malgré la baisse du carburant, le bilan économique est maussade et le travail de ce fait nettement moins important. 15 000 chauffeurs manquent toujours à l'appel et les solutions pour y remédier se soldent par des échecs.  

Actu-transport-logistique : En cette rentrée, quel bilan rédigez-vous de la situation des professionnels de transport ?

Maurizio Longo :  La situation est globalement inquiétante. D’un côté,le contexte international a généré une baisse du prix du pétrole, le prix du baril tournant autour des 40 $, un bon point pour le transport qui voit l’un de ses principaux coûts chuter. Mais de l’autre, la production industrielle a chuté de 13 % en moins d’un an. Par ailleurs, toujours en prenant la période juin 2019-juin 2020, les exportations enregistrent une baisse de 9 % et les importations de 13,8 %. La quantité de travail est donc nettement moins importante. Il y amoins de marchandises à transporter. À cela s’ajoute le manque de chauffeurs.Selon les estimations des professionnels de transport, nous aurions besoin d’environ 15 000 chauffeurs de plus. En l’état actuel, ce manque de main-d’œuvre ne pénalise pas les entreprises, mais au terme de la crise, cela pourrait redevenir un problème important.

Actu-TL : Comment expliquez-vous cette absence de renouvellement de la main-d’œuvre ? 

M. L. : L’abolition en 2005 du service militaire obligatoire a pénalisé des jeunes qui voulaient se lancer dans le transport routier car il pouvaient changer la catégorie de leur permis de conduire et s’entraîner à conduire des poids lourds. C’était un plus qui leur permettait d’entrer immédiatement dans la vie active. Aujourd’hui, les jeunes doivent se payer des leçons, passer un examen extrêmement compliqué et également coûteux.Cette opération leur prend environ six mois en termes de temps et leur coùte entre 4 000 et 5 000 €. Cela n’est pas très motivant !! Nous avons essayé d’intervenir en dégageant des financements pour former environ 1 000 jeunes. Mais la plupart ont jeté l’éponge à mi-course car la vie des routiers est de plus en plus compliquée, notamment en ce qui concerne les longs parcours. Aux heures perdues à attendre dans les zones de chargementet de déchargement mal organisées, s’ajoutent le manque d’aires de repos confortables. Tout cela a un impact important sur leur qualité de vie. Nous avons présenté un projet de sensibilisation des jeunes à la recherche d’un emploi en Sicile, une région où le transport est bien implanté dans la culture populaire et qui a aussi un taux de chômage élevé. La région est prête à débloquer des fonds pour les former.

Actu-TL : Quel est le sentiment des patrons face à la crise du transport, qui subit actuellement également les contrecoups de la situation sanitaire ? 

M. L. : Les entrepreneurs sont désorientés. En l’état actuel, toutes les entreprises essayent de bénéficier des ressources dégagées par l’état. En parallèle, les patrons tentent de remettre leurs activités sur le rail en intervenant par exemple au niveau du parc véhicules. Mais le travail manque cruellement aussi, chacun essaye de se réorganiser en fonction de ses possibilités et des prospectives. Disons que nous naviguons à vue et que nous comptons les blessés, c'est-à-dire les entreprises à risque de fermeture. À ce propos, un phénomène inquiétant est en train d’émerger. Quelques patrons nous ont dit qu’ils ont été contactés par des acheteurs potentiels qui ne savent même pas comment fonctionne le secteur du transport… ces démarches sont inquiétantes car elles soulignent la fragilité du marché qui peut séduire des personnages douteux.

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