Comme les Britanniques, les Italiens font face à une pénurie sans précédent de chauffeurs routiers qui risque d’enrayer les moteurs de la reprise économique alors que la péninsule tente de sortir de la crise du coronavirus. Ce constat sans appel est rédigé par l’association Anita, qui représente les entreprises du transport de marchandises et de la logistique. A l’origine de ce cruel manque de main-d’œuvre, indispensable au fonctionnement de l’économie, le vieillissement des conducteurs en exercice et l’absence de remplaçants. Car le métier n’est plus suffisamment attrayant pour les jeunes générations, notamment au chapitre des rétributions.
Un salaire trop bas
Selon une recherche rédigée par l’European Trade Union Institute, le salaire mensuel d’un routier est de 1 750 € brut. Mais il peut osciller aussi entre 1 300 € et 2 900 € selon l’expérience professionnelle, le niveau de qualification et les primes de déplacements. Trop peu compte tenu de l’engagement et des responsabilités, estiment les candidats au métier en baissant immédiatement les bras.
A tout cela s’ajoutent les difficultés liées aux opérations de chargement et déchargement des marchandises provoquées par la multiplication des chantiers sur les autoroutes dans certaines régions clefs pour le transport comme la Ligurie et les délais de livraisons de plus en plus restreints. Récemment, Thomas Baumgartner, président d’Anita, a affirmé à la presse spécialisée que "les entreprises risquent de ne plus être en mesure de garantir l’approvisionnement en produits essentiels".
Recruter des immigrés
Selon les estimations de l’association Anita, l’Italie a besoin dans l’immédiat de 5 000 chauffeurs routiers et de 17 000 d’ici fin 2023 en raison des nombreux départs en retraite déjà programmés par les entreprises de transport. Alors que faire ? Pour Anita, une solution à court terme, qui ne résout toutefois pas le problème sur les moyen et long terme, souligne l’association, serait de recruter des immigrés en insérant une clause particulière dans le nouveau décret sur les flux migratoires.
"Après avoir été exclu du décret, a précisé Thomas Baumgartner, le transport de marchandises a été inséré au même titre que d’autres secteurs économiques précis comme le bâtiment et l’hôtellerie." Mais le contingent de migrants qui pouvaient être recrutés dans la logistique a été immédiatement mobilisé par les autres secteurs, a ajouté le président d’Anita, d’où la nécessité d’insérer un quota de travail pour chaque secteur économique dans le nouveau décret.
Renforcer les aides à la reconversion
Autre solution : renforcer les aides à la reconversion professionnelle pour former les chômeurs et les salariés des entreprises en crise qui pourraient être réinsérés dans le secteur du transport routier. Une autre idée d’Anita est d’intervenir au niveau des instituts techniques supérieurs pour "susciter l’intérêt des étudiants, notamment en ce qui concerne les nouvelles technologies, compte tenu de l’importance grandissante des véhicules de dernière génération".
Imiter le modèle lombard
Enfin, de réduire les coûts trop élevés des permis professionnels et de la carte de qualification des conducteurs qui découragent les éventuels candidats au métier de routier.
L’association demande aussi aux régions d’imiter le modèle lombard. En juillet dernier, la Région de la Lombardie a dégagé des ressources pour aider les entreprises. Ainsi, les firmes qui recrutent des nouveaux routiers reçoivent une aide exceptionnelle de 8 000 €. Les candidats au métier touchent, pour leur part une enveloppe de 3 000 € qui leur permet d’obtenir le permis de conduire et la carte de qualification professionnelle.