Immatriculations poids lourds : beau fixe avant l’atterrissage

Thierry Archambault, président délégué de la CSIAM

Crédit photo GH
Après une bonne année 2018, les immatriculations de camions ont poursuivi leur hausse sur les trois premiers trimestres de l’année 2019, même si le dernier pourrait voir la tendance s’atténuer.

Après une année 2018 qui a vu le marché des camions de plus de 5 tonnes (t) augmenter de près de 8 %, le volume d’immatriculations réalisées à fin septembre 2019 est encore orienté à la hausse, avec 8,3 % de croissance. C’est ce qu’a indiqué la Chambre syndicale internationale de l’automobile et du motocycle (CSIAM) lors de son point trimestriel le 11 octobre dernier.

Sur les 9 premiers mois de l’année, 42 641 poids lourds (PL)  ont été enregistrés. "Chaque mois de 2019, la courbe des immatriculations a été systématiquement au dessus des années précédentes, du moins jusqu’au mois de juillet. Ensuite, elle suit la saisonnalité habituelle", a souligné Thierry Archambault, président-délégué de la CSIAM. Le marché a même connu un pic inhabituel aux mois de mai et juin, attribué  à l’introduction du nouveau chronotachygraphe numérique dit "intelligent", le 15 juin 2019. Bon nombre d’acheteurs ont préféré commander des véhicules équipés de l’ancienne version. "Cela a généré entre 2 500 et 3 000 achats anticipés", estime Jean-Marc Diss, président de la branche VI de la CSIAM et directeur général de Mercedes-Benz Trucks France. 



Le GNV, moins de 2 % du parc



Un point sur les types de motorisations souligne l’archi-dominance du moteur Diesel. La part du Gaz naturel pour véhicule (GNV), pourtant poussée par l’Ademe et des transporteurs très engagés – notamment à travers le projet Equilibre-, reste encore anecdotique. "Le GNV doit représenter environt 1,5 % du marché PL. Il continue de progresser, notamment par la pression des chargeurs. Les transporteurs, une fois qu’ils l’ont essayé, commandent d’autres véhicules, mais ils doivent souvent faire face à des problèmes de stations et de ravitaillement pour le GNL, et d’autonomie pour le Gaz naturel comprimé (GNC). La croissance est en revanche beaucoup plus forte pour les véhicules utilitaires légers (VUL)", indique Thierry Kilidjean, directeur général d’Iveco France, qui indique avoir vendu environ 1 000 camions gaz de 16 t et plus cette année. 

Une activité meilleure que prévue

Les bons résultats 2019 cachent quelques disparités. Ainsi, le segment des porteurs augmente de 5,3 % (à 18  718 unités). "C’est un résultat positif, sans effet de base, puisque  la hausse l’an dernier sur la même période était de 6 %. Mais il marque un net ralentissement de la croissance 2019 sur le 2è quadrimestre", observe-t-on à la CSIAM. Le marché des tracteurs s’est inscrit dans une tendance plus dynamique, avec une hausse de plus de 10 % (23 923 unités), comparable en rythme à celle observée l’an dernier sur la même période.

"L’activité économique en début d’année, meilleure qu’anticipée, et les renouvellements de parc pour bénéficier des performances économiques et écologiques des produits liés à Euro6 (consommation notamment) expliquent ces résultats", analyse Thierry Archambault. Ce dernier considère que l’année 2019 devrait s’achever sur un bon niveau d’immatriculation, comparable à ceux d’avant la crise de 2008 : "fin septembre, le marché présente autant d’immatriculations (43 000) que les années 2012, 2013 et 2015, ce qui devrait terminer l’année avec 52 à 53 000 véhicules, nous avons rattrapé l’étiage d’avant crise."

Redescente prévue vers les 50 000 unités

Quelques éléments empêche toutefois Thierry Archambault de rester complètement optimiste. Le marché commence à ralentir et les constructeurs font état de carnets de commande moins remplis. "Il semblerait  que l’on marque le pas et que ce cycle de hausse arrive à son terme. Le marché du véhicule d’occasion (VO) commence à se densifier, car les débouchés au Moyen-Orient sont maintenant bouchés et une concentration s’opère en Europe centrale. De plus, le manque de conducteurs, avec 40 000 postes non pourvus, et 10 000 pour l’après-vente et les mécaniciens, commence à peser fortement sur l’activité", annonce Thierry Archambault.

Les constructeurs confirment. "Sur les trois mois de juillet à septembre, le marché a ralenti entre 10 et 20 %", souligne Jean-Marc Diss. Son confrère, Philippe Canetti, directeur général de DAF Trucks France, note aussi un ralentissement, qui ne l’inquiète pas outre mesure : la mesure de correction était attendue. "Le marché a été très fort, il redescend doucement vers un niveau plus normal", souligne-t-il. "Des immatriculations autour de 50 000 unités paraîtraient tout à fait logiques", acquiesce pour sa part Christophe Tharrault, président de Volvo Trucks France.

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